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[CRITIQUE] : #JeSuisLà


Réalisateur : Éric Lartigau
Acteurs : Alain Chabat, Doona Bae, Blanche Gardin, Ilian Bergala, Jules Sagot, Camille Rutherford,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Romance
Nationalité : Français, Belge
Durée : 1h38min

Synopsis :
Stéphane mène une vie paisible au Pays Basque entre ses deux fils, aujourd’hui adultes, son ex-femme et son métier de chef cuisinier. Le petit frisson dont chacun rêve, il le trouve sur les réseaux sociaux où il échange au quotidien avec Soo, une jeune sud-coréenne. Sur un coup de tête, il décide de s’envoler pour la Corée dans l’espoir de la rencontrer. Dès son arrivée à l’aéroport de Séoul, un nouveau monde s’ouvre à lui…



Critique :


Parce que l'on a tous un peu grandit avec lui, aussi bien devant notre télévision que dans une salle obscure, il est devenu quasi impossible pour nous de ne pas attendre avec une impatience non feinte, tout nouveau projet impliquant le génial Alain Chabat, qui au fil du temps a autant su s'imposer comme un réalisateur - et un comédien de talent - qu'un wannabe Bill Murray frenchy, l'air droopy-esque en moins.
Avant de le retrouver d'ici cet été au casting de l'attendu film Kaamelott de Simon Astier, il nous revient en ses premières semaines de 2020 avec une comédie romantico-existentiel #JeSuisLà, signée par Eric Lartigau, qui l'avait déjà dirigé sur une autre romcom par le passé - l'excellent Prête-Moi Ta Main.
Pitché comme un Lost in Translation 2.0 avec l'importance des réseaux sociaux en son coeur, la péloche suit l'histoire de Stéphane, un quinqua chef cuisinier qui mène une vie paisible au Pays Basque, trop paisible sans doute, tant il lui manque clairement cette petite étincelle de fantaisie qui fera vibrer son quotidien.


Une étincelle qu'il trouvera, comme énormément d'âmes de sa génération, dans les possibilités foisonnantes - mais parfois effrayantes - des réseaux sociaux, au travers d'échanges quotidiens avec Soo, une femme sud-coréenne vivant justement en Corée du Sud.
Sur un coup de tête franchement prétexte, il décide de s’envoler pour la Corée dans l’espoir de la rencontrer, la laissant sensiblement de court.
Dès son arrivée à l’aéroport de Séoul, un nouveau monde s’ouvre à lui, ou il va autant en apprendre sur une culture qui lui est inconnu, que sur lui-même...
Tout ne coule pas forcément de source au sein du nouveau film de Lartigau, dont le cinéma a toujours oscillé entre jolies balades enjouées et bandes passablement irritantes (coucou La Famille Bélier), mais il aura clairement eu le bon ton de faire d'Alain Chabat, son mojo vibrant capable de faire avaler même les couleuvres les plus indigestes ailleurs.
Car tout n'est évidemment pas parfait dans #JeSuisLà, oeuvre autant maladroite (à la limite du dérangeant) et pauvre en émotion que joliment tendre et mélancolique, sur un homme attachant qui se cherche, et pense trouver aussi bien un échappatoire à sa solitude que la lumière de l'espoir, dans l'immensité d'un monde qu'il ne connaît pas, et qui ne le connaît pas non plus.
Une âme désespérée au fond, qui se réfugie dans la travail après un mariage manqué (aussi bien dans sa relation avec sa femme, qu'avec des fils qu'il n'a pas vu grandir) qui n'a pas besoin de grand chose (une potentielle rencontre atypique à l'autre bout de la planète) pour tout plaquer et se laisser porter par les beautés et la richesse d'une cité inconnue.



Mais pourtant, on s'y accroche à se voyage onirique léger et assez plaisant, même quand il laisse transparaître ses penchants creapys (un homme qui stalke volontairement une femme qui ne voulait pas forcément le rencontrer, une Doona Bae à la présence rachitique), fragiles (bonne idée de faire de Stéphane une icône des RS, moins de simplement cloisonner ce statut uniquement au coeur de l'aéroport) ou même carrément référencés (un long passage à l'aéroport de Seoul, incarne un remake à peine masqué du Terminal de Spielberg), dévoilant que trop bien la vérité farfelue d'un film pas toujours cohérent avec ses enjeux, mais dont l'ambition de vouloir tout aborder en une toute petite heure quarante (romance impossible, choc des cultures, récit initiatique et existentiel, comédie sociale sur la solitude passé cinquante ans ou même l'addiction aux réseaux sociaux,...), est assez rare dans l'hexagone pour être critiqué.
Et comme dit plus haut, l'humanité brute et mélancolique d'un Alain Chabat charpenté pour le rôle, fait de #JeSuisLà non pas le gros hit attendu, mais un petit moment de cinéma hautement sympathique et divertissant.
Ce n'est déjà pas si mal.


Jonathan Chevrier






Six ans après le succès du film La Famille Bélier (qui a valu à la jeune Louane le César du meilleur jeune espoir féminin en 2015), le réalisateur Eric Lartigau nous revient en ce début d’année avec #JeSuisLà. Il y retrouve Alain Chabat, que l’on avait pas vu devant sa caméra depuis la comédie romantique Prête-moi ta main en 2006, où il embauchait Charlotte Gainsbourg a joué sa fiancé devant sa mère et ses cinq sœurs. Cette fois, Lartigau donne à Chabat un autre love interest de taille, l’actrice sud-coréenne Doona Bae, que l’on connaît mieux sous les traits de Sun, de la série Sense8, créée par les sœurs Wachowski.



Les réseaux sociaux rapprochent. C’est sur Instagram que se rencontrent Stéphane, chef cuisinier dirigeant son propre restaurant et Soo, jeune artiste vivant à Séoul. Stéphane a tout pour être heureux : un restaurant qui fonctionne, deux fils, dont l’un aimant travailler avec lui, une grande maison, des employés fidèles (avec une Blanche Gardin à l’accent basque forcé et faux) et un vieux chêne, qu’il aime prendre en photo sous toutes les coutures. Mais le spectateur sent chez Stéphane un manque, on le sent déconnecté de sa réalité et de ses proches. Il se plaint à son fils qu’aucun membre de la famille lui raconte les petits secret, mais on le voit aussi ignorer les personnes autour de lui pour répondre aux messages de Soo. On sent le personnage remettre en question sa vie. La décoration de son restaurant ne lui convient plus, il décide de vendre les animaux empaillés, décorations que son père avait installé au restaurant à l’époque et de mettre à la place des tableaux peints par Soo, représentant des paysages de son pays. Mais cela ne suffit pas à Stéphane. Prenant comme prétexte une petite phrase de Soo sur les cerisiers en fleurs de Séoul, il prend le premier avion et ne la prévient qu’au dernier moment. Prise de court, elle lui dit qu’elle viendra le chercher à l’aéroport. Mais elle ne vient pas. Stéphane décide pourtant de l’attendre, pendant plus de sept jours, profitant de tout ce que peut proposer l’aéroport de Séoul : restaurants, spa, cinéma, concert, etc… Il fait énormément de rencontre et n’hésite pas à partager son expérience sur Instagram, en commentant ses photos avec le hashtag #JeSuisLà et notifiant par la même occasion le compte de Soo, devenu inactif suite à son dernier message. Il ne se rend pas compte de la puissance des réseaux sociaux, qui commencent à s’intéresser à son histoire et créent le buzz.



Si nous comprenons où veut en venir Lartigau et son scénariste Thomas Bidegain, nous sommes un peu plus dubitatifs sur le résultat final. Car si tout est fait pour nous présenter Stéphane comme sympathique, aidé par la présence et la bonhomie de Alain Chabat, l’histoire de #JeSuisLà s’apparente à un récit d’un stalker. Le personnage s’invite chez une personne qu’il ne connaît pas, sans son consentement et notifie sans relâche le compte de Soo. Sans recul, le film paraît un poil problématique, surtout que le scénario fait faire des actions à Stéphane proches d’un comportement de stalker, comme rechercher le bâtiment où Soo travaille et l’attendre dans le lobby… Heureusement, le film s’arrête à temps et Soo lui fait comprendre à quel point Stéphane s’est fourvoyé. Un peu tard ceci dit, car le moment où le personnage ouvre les yeux, la fin du film est proche, ce qui donne une morale très (trop) simple et balaie un peu trop vite les mauvaises actions du personnage. Le film n’est en fin de compte moins une comédie romantique qu’un film spirituel sur la crise de la cinquantaine. Stéphane rentre chez lui apaisé, rabiboché avec ses deux fils et rempli d’une nouvelle culture. #JeSuisLà cependant tire en longueur, et livre une analyse peu profonde sur la quête de soi, du danger des réseaux sociaux, où l’on partage qu’une partie de notre personnalité, en mentant fréquemment pour embellir notre vie.




Avec une intention louable et un Alain Chabat attendrissant, #JeSuisLà n’approfondit malheureusement pas son sujet et livre un film superficiel sur la crise de la cinquantaine et le danger d’internet.


Laura Enjolvy



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