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[CRITIQUE] : Birds of Prey


Réalisatrice : Cathy Yan
Acteurs : Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Ewan McGregor, Jurnee Smollett-Bell, Chris Messina, Rosie Perez,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
Vous connaissez l'histoire du flic, de l'oiseau chanteur, de la cinglée et de la princesse mafieuse ?
Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn) est une histoire déjantée racontée par Harley en personne – d'une manière dont elle seule a le secret. Lorsque Roman Sionis, l'ennemi le plus abominable – et le plus narcissique – de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s'en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. Les parcours de Harley, de la Chasseuse, de Black Canary et de Renee Montoya se télescopent et ce quatuor improbable n'a d'autre choix que de faire équipe pour éliminer Roman…




Critique :


À une heure ou le genre super-héroïque est totalement vampirisé par une " méthode " MCU de plus en plus policé et ne laissant place à aucune fantaisie - ni même de sortie de route -, il y a quelque chose de profondément enthousiasmant à voir la Warner et son Worlds of DC, qui a justement voulu pendant un temps, calquer ce modèle et boxer dans la même catégorie, partir dans tous les sens et s'autoriser tous les excès possibles, même les plus improbables, avec pour seul ligne directrice d'opérer des casses visant autant à contenter son auditoire qu'à faire mal (surtout) à la concurrence.
Si le récent Joker de Todd Phillips a tout de l'entité unique qui crédibilise pourtant fortement ce nouveau mojo de production, Birds of Prey de Cathy Yan lui, laissait intimement présager un retour dans le rang assez logique si ce n'est essentiel, tant il est nécessaire pour la firme de brasser large pour justement, tenter de ci, de la quelques coups artistiques.




Rien de bien dommageable sur le papier, tant que le contenu final se situait plus du côté des divertissants Wonder Woman et Shazam, des hits ayant leurs identités propres (et non pollués par celle d'un tout plus important), plus que des ratages mignons - pour être poli - Suicide Squad et Justice League, plus mauvais exemples de cette dispersion artistique.
Si sa campagne rappelait - et pas forcément dans le bon sens du terme - le film de David Ayer dont il est officiellement le spin-off (son spectre malade n'hante finalement pas plus que cela le métrage), fort heureusement, Birds of Prey (et La Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn), qui ne ment absolument pas sur la marchandise - c'est un film seulement et uniquement sur l'héroïne -, offre une rédemption au personnage mais surtout la possibilité de pleinement s'exprimer sans être la caution " sensuelle " d'un blockbuster sans âme, boursouflé par son manque cruel d'ambition et ses parti-pris scénaristiques ahurissants de bêtise.
Véritable entreprise de réhabilitation passablement non-linéaire et résolument barré, la péloche est un pur délire régressif et cartoonesque abrutissant, qui assume tout du long sa légèreté et son envie de respecter au pied de la lettre la psyché de ce qui est, sans l'ombre d'un doute, l'un des personnages les plus fascinants du Gotham-verse.
Quasiment de tous les plans, Queen imprime tellement tous les bordures de la pellicule qu'elle opère quelque chose de totalement inédit au coeur du Worlds of DC jusqu'à présent : être l'anti-héroïne d'une oeuvre pop strictement à son image, soit colorée, délurée, explosive et profondément burlesque.




Une bulle de fun et de folie pure tout droit échappée d'un Tex Avery - comme Deadpool, en résolument moins potache - à la narration jamais vraiment fiable (son seul point commun avec Joker d'ailleurs), tournée comme une odyssée Bis frénétique et friquée ayant la bonne idée de ne jamais se prendre au sérieux, et de faire la part belle à des scènes d'action franchement badass, portés par un savoir-faire certain au niveau des chorégraphies et de la mise en scène inventive (merci Chad Stahelski, dépêché à la dernière minute).
Punchy jusqu'au bout de ses bobines - et même parfois étonnamment violent -, iconisant à mort sa vedette titre au détriment des autres personnages, presque anecdotiques, Birds of Prey n'est au final victime que de son immense générosité, et du charisme hallucinant d'une Margot Robbie qui cabotine joyeusement jusqu'à l'excès (une performance XXL aussi bien physiquement que vocalement, dans ses qualités - nombreuses - comme dans ses défauts, elle est investie commejamais auparavant).
Bordélique à souhait, plus fantabuleux que Birds (Black Canary et Huntress font limite de la figuration, le film leur préférant nettement plus leur statut civil), n'exploitant jamais assez ses deux vilains (Ewan McGregor est menaçant et enjoué mais bien trop bavard en Black Mask tandis que Chris Messina en Victor Zsasz, est excellent), jouant continuellement la carte du jukebox MTV côté B.O. (à tel point que l'on défit quiconque ressortir un titre marquant de la partition de Daniel Pemberton) et mené tout du long à un rythme effréné, la péloche pourra en éreinter plus d'un, même s'il est totalement inconcevable de lui reprocher de ne pas être constamment cohérent avec lui-même et son personnage titre.




Pop-corn movie régressif et jubilatoire, visuellement soigné et subtilement féministe (une joie de voir des héroïnes credibilisées et non automatiquement sexualisées à outrance à l'écran, prônant la solidarité et l'entraide plus que tout autre chose) tout autant qu'il est savoureusement délurée et étonnamment sombre (voire même violent), Birds of Prey est un récit d'émancipation féminine frappadingue et excentrique à souhait, une virée décomplexée, drôle et pétillante au féminin, assumant totalement son penchant cartoonesque et foutraque aussi bien que sa volonté survolté d'incarner sa propre note au sein d'une symphonie DC qui brille par son désir de ne jamais piquer les écoutilles de son auditoire avec le même disque rayé.
Tout n'est pas toujours parfait au sein du Worlds of DC, mais c'est sans doute ce qui le rend - pour le moment - franchement awesome à redécouvrir à chaque nouveau film.


Jonathan Chevrier 





Après avoir tenté de contrôler la vision de leurs auteurs, l’univers filmique de DC semble prendre une nouvelle direction. Il faut que le DCUE ait fait plus parler pour ses coupes, montages alternatifs et autre reshoot que pour son contenu, c’est au milieu de ce chaos que les auteurs retrouvent alors les pleins pouvoirs afin de proposer des projets aussi divers et variés qui permet de voir se succéder au très psychologique Joker un burlesque Birds of Prey.

Il y a au sein du long-métrage de Cathy Yan l’envie de reprendre le contrôle. Margot Robbie, qui avait déjà interprété Harley Quinn dans l’infâme Suicide Squad vient s’émanciper le personnage (comme l’indique le titre anglophone) et fait souffler un vent féminin et féministe assez délicieux. 



Alors oui, Birds of Prey n’est pas un film parfait. On peut d’ailleurs directement entrer dans le vif du sujet et égrainer ses défauts. Le principal reproche que l’on peut faire au long-métrage c’est son scénario, qui, au travers d’une forme très éclatée, se donne des airs plus complexes que la réalité. De manière très frontale, Birds of Prey est une course entre différents protagonistes pour mettre la main sur un mystérieux diamant. Dans ce prolongement, l’écriture a des relents de pur comics, notamment avec l’apparition de pouvoir jamais réellement explicité auparavant et ne donnant lieu à aucun traitement postérieur. Enfin, une nouvelle fois un des personnages est suggérer comment pouvant être gay, mais pas trop non plus afin de pouvoir se vendre sans difficulté sur le marché international.

Néanmoins, Birds of Prey reste un divertissement extravagant, aussi brutal qu’inventif, impertinent par moment, badass du début à la fin. Raconté par Harley Quinn, le film se teinte de la personnalité haute en couleur de sa protagoniste. Dès lors, Cathy Yan s’emploie à mettre en image les divagations caustiques de son héroïne, ouverture en dessin animé, montage alternant les vitesses ou encore une scène de K.O ou Harley devient Marilyn Monroe, la réalisatrice s’amuse et nous entrainé avec elle dans cet univers.
Ce que réussit particulièrement le film, c’est la caractérisation de sa distribution. Là où un Suicide Squad n’était pas parvenu à donner corps à ses incarnations, Birds of Prey nous présente les tenants et aboutissants des parcours de ces femmes explicitant leurs personnalités, et articulant un réel cheminement psychologique. Car, derrière l’apparence très rentre dedans du film, nos héroïnes ne sont pas tant en guerre contre les hommes, mais bien contre un système, d’ailleurs Harley n’a pas que des ennemis masculins, et n’hésite pas à jouer des coudes pour s’imposer lors d’une scène de roller derby.





Mais oui, indéniablement Birds of Prey est un film féministe qui se fout bien des critiques à son écart. A ce titre, il offre quelques scènes d’action qui n’hésite pas a frapper sec, ici, Harley ne passe pas son temps à nous dire « je suis une méchante » mais bien a nous le montrer, une autre différence notable avec le film de David Ayer. Ainsi, le message qui irrigue l’ensemble de l’intrigue est d’en finir avec ce que la société peut attendre de vous et s’emparer de son destin pour s’émanciper, car rien n’est a sauver dans une époque ou le patriarcat règne encore en maitre.
Au final, Birds of Prey c’est un peu tout ce qu’aurait dû être Suicide Squad. Un divertissement entortillant dans son récit un spectacle burlesquement brutal, ça cogne méchamment, ça gicle abondamment, tout en extirpant des figures féminines badass faisant un joussif fuck au patriarcat.



Thibaut Ciavarella