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[CRITIQUE] : Tommaso


Réalisateur : Abel Ferrara
Acteurs : Willem Dafoe, Cristina Chiriac, Anna Ferrara,...
Distributeur : Les Bookmakers / Capricci Films
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Italien, Britannique, Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Tommaso est un artiste américain vivant à Rome avec sa jeune épouse européenne Nikki et leur fille Dee Dee âgée de 3 ans. Ancien junkie, il mène désormais une vie rangée, rythmée par l’écriture de scénario, les séances de méditation, l’apprentissage de l’italien et son cours de théâtre. Mais Tommaso est rattrapé par sa jalousie maladive. À tel point que réalité et imagination viennent à se confondre.




Critique :



Il y a quelque chose d'assez tragique à l'idée de se dire qu'à l'aube de son dernier virage derrière une caméra, plus personne n'attend ou presque un film du grand Abel Ferrara dans une salle obscure, la faute il est vrai, à quelques péloches indignes aussi bien de son talent, que des oeuvres majeurs qu'il a su mettre en scène, de loin quelques-unes des plus importantes du septième ricain des années 80/90.
Une époque fertile et créative ou, indirectement ou non, il s'abimait le plus et ne semblait pas autant frappé par le temps qui passe.
À une heure ou l'introspection est de mise, et à l'instar de Pedro Almodovar il y a quelques mois avec le sublime Douleur et Gloire, le provocateur papa de The King of New York se met a nu, de manière la plus intime qui soit, avec Tommaso, ou sous le soleil écrasant de la capitale italienne, Willem Dafoe se fait Ferrara (logique quand on sait qu'il est pleinement son comédien fétiche, sur ses dix dernières années), aux côtés de la propre femme et de la fille du cinéaste (Christina et Anna Ferrara) et arpentant même son propre appartement.
Et il le fait avec un abandon et une dévotion incroyable (habité, il ajoute une nouvelle prestation démente à sa filmographie récente juste exceptionnelle), incarnant avec prestance le pantin vibrant de ce miroir troublant sur la vie de Ferrara, imitant avec précision le bonhomme sans jamais tomber dans une usurpation d'identité redondante - même dans un italien doux et cassé assez cocasse.



Devant ou derrière la caméra, le réalisateur est la clé et l'âme de Tommaso, véritable oeuvre confessionnelle citant son déménagement à Rome après une vie américaine, à ses luttes contre la dépendance (drogue et alcool), en passant par ses multiples mariages ou encore sa conversion au bouddhisme.
Purement Ferrara-esque dans sa facture (belle et grossière à la fois, sublimé par la photographie de Peter Zeitlinger et une palette de couleurs chatoyante, mais plombé par bien trop de steadicam) autant que dans son ton, entre combats du quotidien et envolées fantasmées (au cours desquelles il aborde assez justement ses angoisses les plus profondes, avec toute la culpabilité catholique qui en résulte), Tommaso est un bout de cinéma étrange, inconfortable et franchement mal aimable, sur un homme torturé qui se questionne autant sur lui-même que sur son oeuvre.
Tellement qu'il n'hésite pas à cracher sa propre psychanalyse sur pellicule, bien conscient que son immense talent de faiseur est derrière lui, mais pas forcément aussi loin qu'il le pense.
Une oeuvre cathartique d'une honnêteté brutale, candide, surréaliste voire même assez audacieuse (notamment dans son final), prouvant que les grands réalisateurs ne sont jamais vraiment morts, tant qu'ils sont encore capable de tourner...


Jonathan Chevrier




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