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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #34. Breakdown

© 1997 - Dino De Laurentiis Company

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !




#34. Breakdown, Point de Rupture de Jonathan Mostow (1997)

Alfred Hitchcock nous l'aura appris avec une justesse implacable : un suspense bien maîtrisé et écrit, vaut mille fois plus qu'une scène d'action, aussi pétaradante, jouissive et surréaliste soit-elle.
Et encore plus si l'histoire autour de laquelle il s'enlace, est d'une efficacité furieusement redoutable.
S'il reprend plus où moins le même point de départ que le profondément nihiliste L'Homme qui voulait savoir de George Sluizer - la noirceur en moins, Hollywood oblige -, Breakdown, Point de Rupture, vrai rejeton assumé du chef-d'oeuvre Duel de Steven Spielberg, n'en reste pas moins l'un des thrillers sur routes les plus prenants des deux dernières décennies, un petit bout de cinéma tendu, habile et chirurgicalement efficace, ou l'éternel Snake Plissken se retrouve pris au piège d'un cauchemar tellement impensable (mais pas irréaliste, attention à la nuance) qu'il en est effroyablement prenant.


© 1997 - Dino De Laurentiis Company

Rien ne laissait présager au départ d'un voyage vers la Californie, que la tragédie pouvait toucher le couple Taylor, lancé dans une nouvelle vie à tous les niveaux (nouveau départ, nouveau job, nouvelle maison,...), mais les déserts du sud-ouest ricain sont des terres de tous les dangers, et encore plus de ceux que l'on ne voit pas venir.
Une simple panne d'un véhicule coûteux - signe d'une richesse un poil plus élevée que la moyenne - et un penchant idéaliste pour répondre favorablement à la fausse bonté humaine, il n'a pas fallu grand chose pour que Jeff voit sa Amy kidnappée par une bande de rednecks en voulant à sa potentielle fortune.
À la merci d'inconnus au coeur d'une région hostile et complice des vilains (une bande de kidnappeurs/criminels qui n'en sont pas à leur coup d'essai), le bonhomme va pourtant à rebeller et se perdre dans une lutte solitaire désespérée pour retrouver sa femme et la sauver...
En dire plus serait criminel tant cela bousillerait littéralement l'impact de tous les nombreux rebondissements - dont le final assez cru mais surtout très américain - d'un métrage volontairement épuré de tout subterfuge superflu et allant strictement à l'essentiel : un survival étouffant au grand air, laissant la furieuse impression d'être shooté comme un huis-clos cloisonné où la route de l'Arkansas et le soleil écrasant, sont les planches de chêne massif d'un cercueil qui se resserrent de plus en plus à chaque bobines.
Nerveux et percutant, tirant constamment profit d'une écriture linéaire mais à l'efficacité redoutable, la péloche de l'honnête faiseur Jonathan Mostow mise toute sa réussite sur un rythme effréné et une empathie sincère pour son héros titre, un homme lambda constamment ancré dans une réalité palpable, devant se surpasser (rien ne se qu'il fait est d'ailleurs impossible, accentuant de facto l'identification du specateur) pour retrouver sa moitié.


© 1997 - Dino De Laurentiis Company

Du vrai et bon cinéma comme on en fait plus, avec une ingéniosité à l'ancienne : un mystère vif, un héros empathique (Kurt Russell, convaincant en Wasp acculé, exténué mais tenace et inlassablement motivé par l'énergie du désespoir) et un vilain impassible (immense J.T. Walsh); un véritable tonnerre de sensations habiles et sans prétention, où le dialogue, tout comme le score (ici signé par le grand Basil Poledouris), n’est jamais trop lourd et ou l’action regorge uniquement de cascades en dur.
Une bande vigoureuse qui parcourt des chemins de traverse certes connus des aficionados du genre, mais qui prouve que Mostow avait pleinement conscience du cinéma qu'il abordait, et à laquelle il offrait une révérence marquée.
Qu'on se le dise, à une époque où l'on se contente de peu sur les routes, rien ne vaut mieux qu'un petit coup de rétroviseur vers l'arrière pour regarder des B movies qui se bonifient avec le temps, et dont les morceaux de bravoure sont cadrés au raz du bitume...


Jonathan Chevrier

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