[CRITIQUE] : Viendra le Feu
Réalisateur : Oliver Laxe
Acteurs : Amador Arias, Benedicta Sanchez, Inazio Abrao,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget :-
Genre : Drame
Nationalité : Espagnol, Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h25min.
Synopsis :
Amador Coro a été condamné pour avoir provoqué un incendie. Lorsqu’il sort de prison, personne ne l’attend. Il retourne dans son village niché dans les montagnes de la Galice où vivent sa mère, Benedicta, et leurs trois vaches. Leurs vies s’écoulent, au rythme apaisé de la nature. Jusqu’au jour où un feu vient à dévaster la région.
Critique :
#ViendraLeFeu, qui fait de la Galice son vrai personnage principal, se veut une comme expérience singulière dont on ne ressort pas indemne.— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 6, 2019
Une oeuvre fascinante dans son étrangeté et son minimalisme maximale, pour peu qu’on se décide à se laisser porter (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/igpANI1JOW
La sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes cette année nous a offert des films plus différents les uns que les autres, de véritables expériences cinématographiques. Viendra le feu en fait partie indubitablement. Le jury ne s’y est pas laissé tromper également, car le film est reparti chez lui avec le Prix du Jury. Remarqué avec son précédent film, Mimosas, Oliver Laxer a voulu montrer cette fois La Galice, ravagée chaque année par des incendies (volontaires ou non).
- Viendra le feu est une expérience singulière dont on ne sort pas indemne. Car le film fait fi des récits classiques et ne s’intéresse qu’à une seule chose : La Galice. Objet de tous les regards, la communauté au nord de l’Espagne a une forêt dense, envahit d’Eucalyptus. Beaucoup trop au yeux des Galiciens, qui chaque année, se font un plaisir de les arracher. Car cet arbre assèche la terre et empêche à d’autres plantes de pousser. C’est sur ces arbres arrachés, piétinés par de grosses machines que le film commence. La forêt vit sous le regard du réalisateur et elle sera présente à chaque plan. Sa présence est telle que les personnages humains sont secondaires. Nous les suivons plus par dépit, pour montrer comment les galiciens vivent, ce qu’ils font pour leur région bien aimée, leur façon de vivre entourés de nature.
Amador sort de prison, après deux ans pour pyromanie. Il rejoint sa vieille mère qui a tenu toute seule la ferme en son absence. Leur existence est fait de solitude, entre les vaches, les promenades en forêt et les saluts cordiaux aux voisins, qui rénovent une maison pour en faire un hôtel. Tout est calme, tout est tranquille. Mais les arbres sont secs nous dit-on innocemment. Alors que Amador est en ville, un immense incendie ravage la forêt et embrase des maisons. Il est le coupable tout indiqué, les habitants non aucun doute.
Le film de Oliver Laxe est un de ceux dont on sort avec plus de questions que de réponses. Amador est-il vraiment coupable de cet incendie ? De le savoir ou non importe peu au cinéaste qui préfère filmer les flammes. Les dernières séquences de Viendra le feu sont époustouflantes, montrant la beauté cruelle du feu, de la fumée, la bataille des pompiers qui finiront par vaincre, sans empêcher cependant les quelques hectares carbonisés.
On peut se demander si cela n’est pas un peu vain finalement. Son manque d’incarnation rend le film fragile, et beaucoup y verront un non-film, sans début ni conclusion. Pourtant, Viendra le feu est fascinant dans son étrangeté, son minimalisme maximale, pour peu qu’on se décide à se laisser porter.
Laura Enjolvy