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[CRITIQUE] : In The Shadow of The Moon


Réalisateur : Jim Mickle
Acteurs :  Boyd Holbrook, Cleopatra Coleman,  Michael C. Hall, Bokeem Woodbine,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
Un policier est obsédé par la traque d'un mystérieux tueur en série dont les crimes défient toutes explications...



Critique :


Depuis l'arrêt douloureux - surtout pour ses fans purs et durs - de la précieuse série Dexter, nous étions de ceux à méchamment désespérer de voir débouler sur grand écran le génial Michael C. Hall, ayant déjà donné tout ce qu'il pouvait offrir pour renouveler avec panache le petit écran US.
Le hic, c'est que même s'il n'a pas chômé (on retiendra les brillants Kill Your Darlings et Cold in July, mais aussi un petit rôle dans le très chouette Game Night), c'est une fois encore sur le petit écran qu'il trouvera le plus bel écrin pour s'exprimer - la série Safe.
Et même si l'on ne perd pas l'espoir de le voir chiper un rôle majeur d'ici peu, c'est en tant que comédien fidèle du cinéaste Jim Mickle qu'il nous revient dans la peau d'un second couteau de luxe dans In The Shadow of The Moon, balancé sans grand enthousiasme sur les ondes par Netflix et dont l'intrigue foisonnante et alambiquée suffirait presque à en faire un OFNI ambitieux dans le catalogue de ladite plateforme.



Comme pour son précédent long, le brillant Cold in July, le cinéaste s'amuse à nouveau à jouer les pisteurs fous en emmenant son auditoire sur un terrain de jeu qu'il remet totalement en cause une fois la seconde bobine amorcée.
Mais si la transition entre le thriller intime et un brin paranoïaque - amorcé sur un home invasion bouillant - et le revenge movie brutal et R rated façon buddy movie à trois têtes, se passait tout en douceur (normal avec un trio Hall/Sam Shepard/Don Johnson), ici l'effet de surprise couac un peu plus et les gros scories scénaristique à la lisière du ridicule, se voient comme le nez au milieu de la figure.
Et pourtant, on y croit en ce thriller prenant sur la quête d'un serial killer singulier - zigouillant selon les cycles de la lune -, bifurquant peu à peu vers le rip-off de L'Armée des 12 singes à la cohérence toute relative, ponctué de joyeux bons dans le temps accentuant gentiment son indéfinissabilité - mais pas forcément sa parabole sociale à la morale douteuse -, heureusement dopé tout du long par la prestation sans faille d'un Boyd Holbrook récitant avec application son guide du flic charismatique et obstiné, dont la soif de vérité est bigger than life.
Une séance mi-figue, mi-raisin en somme, qui cultive presque volontairement son ambivalence qualitative tant Mickle y met les formes derrière la caméra, rythmant au cordeau son odyssée protéiforme sans ne jamais prendre le temps de souffler, porté par la volonté rare de composer des images en profondeur avec une vraie ambiance, appuyée par une esthétique léchée.
Mieux, il laisse à nouveau parler son coeur et ses références, et enlace avec fougue les courbes d'un B movie à l'ancienne (notamment dans ses scènes d'action, âpre et orchestrée avec soin), rugueux et dénué de toute envie putassière de théoriser sur le genre.



Une note d'intention louable et férocement défendable qui aurait pleinement pu faire de In The Shadow of The Moon, un vrai petit hit humble et pertinent, si l'intrigue ne suivait pas aussi scrupuleusement la route balisée d'un scénario SF à tiroirs et boucles temporels loin d'être exempt de quelques lourdeurs/complexités futiles - quand il ne tire pas franchement en longueur dans un premier tiers long à démarrer -, plombant en partie notre réception un temps enthousiaste d'une bande pas forcément originale mais quasi miraculeuse au sein de la distribution actuelle.
Et c'est sans doute cela qui la sauve au fond et la rendrait presque précieuse pour tout amateur de séries B à qui l'on titille la fibre nostalgique d'une époque révolue : le fait qu'elle dénote du tout venant lisse de la proposition cinématographique moyenne de Netflix, autant par sa douce étrangeté et sa facture old school (les mixages de genres improbables des 80's/90's) que par des ambitions bien trop imposante pour lui.
On se contente de peu certes, mais peu c'est toujours mieux que rien du tout...


Jonathan Chevrier