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[CRITIQUE] : Family Romance LLC


Réalisateur : Werner Herzog
Acteurs :  Ishii Yuichi, Mahiro Tanimoto.
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais, Allemand.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
L'amour familial comme fond de commerce... Un homme est embauché pour jouer le rôle du père disparu d'une enfant de 12 ans.



Critique :



Et si le génial faiseur de rêves allemand Werner Herzog, nous était revenu en cette fin de décennie ciné, avec ce qui est l'un des films les plus passionnants de sa foisonnante carrière ?
La question mérite d'être posée tant son Family Romance LLC, qui flirte non plus avec la frontière flou du documentaire fictionnel mais l'épouse littéralement pour mieux troubler son auditoire, est une expérience à part et brillante en tout point, qui n'a décemment pas volé ses louanges cannois et sa présence dans une sélection de l'Étrange Festival où il ne dénote absolument pas.
Tourné pour peu où pas grand chose au pays du soleil levant, la bande s'attache aux actions diverses d'une entreprise Herzogienne en diable - mais bel et bien vraie - : Family Romance, spécialisée dans la location de " proches " pour ceux qui sont capable d'y mettre le juste prix.


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Une multitudes de petites histoires dans l'histoire formant un récit hybride et expérimental au ton doux-amer, qui positionne des éléments non fictionnels et réalistes dans un contexte narratif solidement charpenté (bonne nouvelle, Herzog repousse toujours aussi bien les frontières entre fiction et documentaire), au coeur d'une vision sans concession et tournée dans l'urgence, d'un Japon dont l'humanité meurt douloureusement au contact d'une modernité galopante, où l'artifice et le mensonge se substituent à une réalité de plus en plus désespérée et pathétique.
Une sorte de dystopie fine, fascinante et étrangement enjouée, où l'on trompe la vérité pour quelques instants de bonheur fugaces, mais qui s'avère in fine une critique acerbe du capitalisme ambiant : dans le marché du divertissement, tout peut être réduit au commerce, même la vérité des liens affectifs, quitte à ne pas être l’abri d'un attachement pourtant interdit. 
Une réalité chaotique et dérangeante, mais bouleversante dans la tristesse et la sincérité naturelle qu'elle dégage, par un maître obsédé par le mystère de la nature humaine et le chaos : oui, cela fait diablement sens.


Jonathan Chevrier