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[CRITIQUE] : Roads


Réalisateur : Sebastian Schipper
Acteurs : Fionn Whitehead, Stéphane Bak, Moritz Bleibtreu, Ben Chaplin,...
Distributeur : Rezo Films
Budget :-
Genre : Drame
Nationalité : Allemand, Français
Durée : 1h40min

Synopsis :
Gyllen, un jeune garçon de 18 ans originaire de Londres, fuit les vacances familiales au Maroc à bord du camping-car volé à son beau-père. Sur sa route, il rencontre William, un jeune congolais de son âge qui souhaite rejoindre l’Europe à la recherche de son frère disparu. Complètement livrés à eux-mêmes, ils décident d’unir leurs forces. Ce duo improbable se fraye un chemin à travers le Maroc, l’Espagne et la France jusqu’à Calais, poussé par la soif d’aventure. Au fil de leur voyage, l’amitié et la confiance s’installent entre les deux adolescents. Mais certaines décisions difficiles vont changer leur vie à tout jamais.




Critique :


2015, sorti de nul part ou presque, l'allemand Sebastian Schipper nous balançait en pleine poire avec son quatrième long, rien de moins que l'une des expériences les plus folles et intenses qu'il nous aura été donné de voir dans une salle obscure au cours de la dernière décennie : Victoria, thriller dramatico-haletant enivrant au parti pris de mise en scène aussi exigeant que démentiel (un unique plan-séquence de deux heures et quart).




Une péloche culotté, furieusement trépidante et hallucinante façon pur miracle technique et esthétique, dont on ne ne pouvait que tomber follement amoureux, aussi bien de lui-même que de sa merveilleuse actrice vedette (la trop rare Laia Costa).
Une admiration de chaque instant que l'on espérait retrouver avec Roads, un nouvel essai s'attachant aux pérégrinations de deux jeunes hommes dont les routes se croisent, et qui décide in fine de bourlinguer ensemble à travers le globe.
Autant road movie initiatique que véritable récit d'amitié juvénile et touchante, à travers la France, le Maroc où même l'Espagne, sous fond de mouvement migratoire humain, le film dénote sensiblement de l'agitation berlinoise nocturne et électrisante de Victoria, à la montée en puissance scénaristique et rythmique allant crescendo, pour lui préférer un rythme sous déambulateur et une histoire cousu de fil blanc et trop rarement nuancée, jouant aussi bien avec les maladresses (manque cruel d'empathie, personnages peu approfondis et encore moins empathiques,...) qu'avec des thèmes sensibles qu'il n'aborde qu'en surface (le sujet des migrants et plus directement de la jungle de Calais, renforcé par la quête de William), quand il ne les bazarde pas avec un désintérêt profond (l'initiation à la dure d'une jeunesse confrontée de plein fouet à la rudesse et l'injustice du monde contemporain).




Jamais vraiment crédible ni prenant, jouant constamment de naïveté malgré un casting au diapason (Fionn Whitehead est exceptionnel, Stéphane Bak est lui étonnamment juste) et une humanité touchante, Roads a beau être porté par toute la sincérité du monde, il n'en est pas moins une cruelle déception, une tragédie humaine certes authentique et joliment insolente, mais manquant bien trop de rigueur et de justesse aussi bien pour convaincre que pour marquer son auditoire.


Jonathan Chevrier



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