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[CRITIQUE] : The Operative


Réalisateur : Yuval Adler
Acteurs : Diane Kruger, Martin Freeman, Cas Anvar, Werner Daehn, ...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Thriller, Espionnage
Nationalité : Allemand, Israélien, Français
Durée : 1h56min

Synopsis :
À la fin des années 2000, alors que le monde craint que l'Iran ne se dote de l'arme atomique, Rachel, ex-agente du Mossad infiltrée à Téhéran, disparaît sans laisser de trace. Thomas, son référent de mission, doit la retrouver entre Orient et Occident, car Rachel doit revenir à tout prix sous le contrôle de l’organisation… ou être éliminée.



Critique :


Le cinéma a depuis longtemps biaisé notre image de l’espionnage. James Bond, Ethan Hunt dans la saga M:I ou plus récemment Atomic Blonde, tout est prétexte à des courses poursuite endiablées avec des voitures de luxe, à de la baston et des plans tarabiscotés mais badass. Bien entendu, tout cela est purement cinématographique et bien loin de la réalité. C’est pourquoi The Operative peut surprendre, car la tension y est faible (si on laisse de côté la séquence de fin). Adaptation libre du livre de Yftach Reicher Atir “The English Teacher”, Yuval Adler plonge dans le quotidien d’une agente du Mossad infiltrée en Iran. Et pour ce deuxième long-métrage, il se paye même le luxe d’avoir Diane Kruger en lead. Il est vrai que le fait qu’elle soit polyglotte, plus son charisme calme et posé peuvent faire d’elle une excellente espionne.
Rachel n’a pas vraiment de patrie. Sa mère meurt quand elle est adolescente et son père, anglais typique, est très glaciale avec elle. Quand elle suit un petit ami en Israël, elle y trouve un pays chaleureux dans lequel elle se sent bien. L’amour qu’elle développe pour le pays, plus son talent pour les langues et le fait qu’elle soit sans attache séduisent le Mossad qui décide de l’embaucher. Thomas (Martin Freeman), son officier la teste avec de petites missions qu’elle réussit haut la main. Son calme, sa détermination, sa loyauté font d’elle un parfait agent. Bientôt, ils décident de l’envoyer en longue mission seule en Iran. Nous sommes dans les années 2000, la question tendue de savoir si l’Iran allait pouvoir se doter de l’arme nucléaire était capitale.


Le film n’échappe pas aux codes scénaristiques du genre, comme le coup de téléphone fatidique pendant un jogging. Scène qui fait l’ouverture du film. Mais The Operative le fait bien, digne d’un véritable thriller d’espionnage. Alors que Thomas finit son jogging, pendant que l’aube pointe le bout de son nez, il reçoit un mystérieux appel téléphonique. C’est son ex-agente, Rachel. Lui-même à la retraite, il est de nouveau embarqué dans une mission pour la retrouver et l’arrêter coûte que coûte. Avec une superbe musique de suspens signée Haim Frank Ilfman, le film commence de la plus belle des manières : une entrée directe dans le vif du sujet. Par le biais de Thomas, qui était son officier référent à l’époque, le spectateur en apprend petit à petit plus sur le personnage de Rachel. Mais qu’il ne se fie surtout pas au synopsis un peu trompeur, s’il s’agit bien évidemment d’un film d’espionnage, la tension et les scènes d’actions seront assez rare. Il est plus question de parler du quotidien d’un agent infiltré ici, de sa façon d’appréhender une mission à longue durée dans un pays inconnu, seul. C’est pourquoi, plus que la mission en elle-même, c’est Rachel qui est au centre du récit. Sa loyauté, une qualité que les israéliens se servent à bon escient pour leur propre compte se retourne contre Rachel, quand elle découvre le véritable sens de sa mission. Malgré son abord froid, ses réaction humaines donnent au film un sens différent. The Operative découvre petit à petit une réflexion intéressante sur le fait d’utiliser des personnes comme des pions. Ces agents ne sont pas libres, malgré les apparences. Rachel va devenir indépendante, menant sa vie personnelle et sexuelle comme elle l’entend (au grand dam de ses patrons) et surtout s’émanciper des valeurs qui ne lui conviennent finalement pas.


Pour donner au film un aspect un peu plus rétro, Yuval Adler a choisi le format scope, assez peu utilisé de nos jours. Il essaye de différencier les éléments qui se passent au présent, avec une caméra très fixe, des champ/contre-champ classique et les flash-back de Rachel avec une caméra plus mobile, pour mieux capter sa mission. Ce n’est évidemment pas très original et malgré le propos assez rare, The Operative n’échappe pas au sentiment de déjà-vu. Avec une séquence d’infiltration très classique, le métrage ne se démarque absolument pas. Par contre, il arrive à combler cela grâce au personnage principal, Rachel et à l’affect qu’elle lie avec le spectateur. Ce qui frappe le plus ce n’est pas la mission d’infiltration, mais ce qu’elle devra faire juste après car tout ne c’est pas passé comme prévue.
En dépit de son côté réchauffé, The Operative propose un film d’espionnage intéressant et réaliste sur le quotidien d’un agent en mission. On regrette cependant son manque de suspens, surtout quand la séquence de fin nous montre de quoi le réalisateur était capable de ce côté là. La frustration est intense.


Laura Enjolvy