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[CRITIQUE] : Give Me Liberty

 

Réalisateur : Kirill Mikhanovsky
Acteurs : Chris Galust, Lauren « Lolo » Spencer, Macim Stoyanov,...
Distributeur : Wild Bunch
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Vic, malchanceux jeune Américain d’origine russe, conduit un minibus pour personnes handicapées à Milwaukee. Alors que des manifestations éclatent dans la ville, il est déjà très en retard et sur le point d’être licencié. A contrecœur, il accepte cependant de conduire son grand-père sénile et ses vieux amis Russes à des funérailles. En chemin, Vic s’arrête dans un quartier afro-américain pour récupérer Tracy, une femme atteinte de la maladie de Lou Gehrig. C’est alors que la journée de Vic devient joyeusement incontrôlable...



Critique :


Alors que le soleil écrase gentiment mais sûrement un été hexagonal qui n'en demandait peut-être pas autant niveau chaleur, il est évidemment de bon ton de beaucoup s'hydrater mais aussi et surtout de squatter tout endroit climatisé, si possible jusqu'à la nuit tombée.
Les salles obscures sont donc le terrain d'asile caniculaire parfait, surtout que la distribution nationale, entre deux blockbusters friqués et autres hits de saison pas forcément défendable, a su se montrer étonnamment persuasive et habile pour nous donner envie de nous ruer en masse mater quelques petites calques sur pellicules que l'on attendait pas forcément... voire même pas du tout.


Gentiment engoncé entre le merveilleux So Long, My Son de Wang Xiaoshuai, le jouissif et humide Crawl d'Alexandre Aja et les futurs Midsommar et Promare, en salles d'ici quelques jours, Give Me Liberty est d'ailleurs justement, de ses petites bouffées d'air frais salvatrice dont on a cruellement besoin... et dont on devient même presque accro.
Passé avec plus où moins de succès, faire un petit coucou aux cinéphiles lors de la dernière Croisette cannoise, le second passage derrière la caméra de Kirill Mikhanosvky nous colle aux basques de l'attachant Vic, jeune ricain d'origine russe au job alimentaire (chauffeur d'un minibus pour handicapé) et férocement précaire (il est à un poil de popotin d'être viré), qui va être littéralement catapulté au coeur d'une véritable journée en enfer, dans les patelins loin d'être paradisiaques de Milwaukee.
Sorte de rencontre totalement improbable entre Émir Kusturica et Martin Scorsese sauce After Hours, rappelant parfois le plus survolté et génial The Necessary Death of Charlie Countryman - la love story touchante, et Evan Rachel Wood en moins -, la péloche est un pur trip chaotique et loquace jouant avec délices la surabondance de rebondissements loufoques pour mieux appuyer les contours vibrants d'une comédie sociale affûtée sur les laissés-pour-compte et les marginalisées d'une Amérique invisible et (trop) peu représentée à l'écran.
Manifestation, Arrestation, enterrement,... tout est prétexte à accumuler les déboires chaotico-mordants pour booster une chronique enthousiasmante et menée tambour battant (aucun temps mort pendant près de deux heures), façon feel good movie singulier et explosif.


Une odyssée bruyante, foutraque et joliment sensible, tellement furieuse qu'elle provoquerait presque un épuisement inéluctable en fin de parcours - voire même un poil auparavant -, mais dont on ne peut au final qu'être envoûté par son charme.
Les propositions généreuses et enthousiastes sont bien trop rares pour les bouder en salles, et encore plus en plein été des blockbusters...


Jonathan Chevrier