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[CRITIQUE] : Le Roi Lion


Réalisatrice : Jon Favreau
Acteurs : avec les voix de : Donald Glover, James Earl Jones, Beyoncé Knowles-Carter, Chiwetel Ejiofor, Seth Rogen,...
Distributeur :The Walt Disney Company France
Budget :-
Genre : Aventure, Animation.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min.

Synopsis :
Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba, leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l'ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l'exil de Simba. Avec l'aide de deux nouveaux amis, Timon et Pumbaa, le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit… 




Critique :


On ne reviendra pas sur la propension proprement effrayante et abusive, que peut avoir Disney à se foutre royalement de ses spectateurs en recyclant/franchisant à outrance, son large catalogue puisque de toute manière, les dits spectateurs lui confirment qu'elle a parfaitement raison de le faire, en se ruant en masse dans des salles jamais trop obscures pour ne pas déceler la supercherie de la chose.
Si Aladdin a transposé avec une paresse abyssale - et avec une absence totale de la patte de son metteur en scène -, les merveilleuses aventures de l'animé culte de John Musker et Ron Clements, en la parsemant de-ci, de-là de quelques modernisations plus ou moins superflus histoire de faussement se légitimer un brin, c'était surtout le gros morceau Le Roi Lion qui allait être attendu au tournant en 2019, tant il semblait cristalliser à lui seul, toutes les limites du concept d'adaptation en live-action, de tout le catalogue de la firme aux grandes oreilles.



Car plus encore que pour tous les remakes de la major, on est face ici à un véritable film d'animation à part entière, ou les dessins laissent place à un photoréaliste foutrement casse-gueule.
Dessin animé culte, et sans l'ombre d'un doute l'un des - si ce n'est Le - plus réussi de toute l'histoire du studio (douce ironie quand on sait que l'histoire, loin d'être originale, était déjà un pillage en bon et du forme du Roi Léode Osamu Tezuka), le film se voit donc adapté par celui qui paraissait, sur le papier, le plus habilité à le faire : Jon Favreau, qui s'était sensiblement fait la caméra sur le plutôt divertissant mais oubliable Le Livre de la Jungle, qui avait déjà des faux airs de potentiel brouillon au Roi Lion, et dont le succès conséquent a sensiblement accéléré le développement de ce dernier.
Toute la question restait, comme souvent, alors de savoir si le bonhomme allait s'attaquer frontalement à son matériau d'origine et prouver que cet énième blockbuster n'était pas uniquement motivé par un (gros) souci mercantile (son Jungle Book était étonnamment ponctué par quelques libertés/réinterprétations salvatrices), ou s'il allait s'échiner, comme beaucoup de ses petits camarades metteurs en scène embauchés par Disney, à ne mettre en boîte qu'un pâle remake copier-coller visant à glaner du billet vert en pagaille.
Le résultat final est un curieux mais pas si désagréable, mélange des deux, entre le remake quasi plan par plan dénué de puissance et désenchanté, et l'objet pop unique et franchement novateur, à la lisière du documentaire animalier réaliste façon Disneynature, à la différence près que les animaux parlent et chantent ici...



Reprenant la même chronologie, les mêmes scènes et les mêmes dialogues du film de 1994 (à quelques modifications près, notamment musicales), Favreau se démarque pourtant du simple remake bête et vulgaire en y apportant un naturalisme proprement grandiose, justifiant en partie sa réactualisation du classique, quitte à mettre de côté l'équilibre précaire mais fantastique, de l'humour et de la tragédie qui émane du récit initiatique originel de Simba.
Une plus-value certes minoritaire pour le spectateur lambda plutôt amer que l'on touche à son film doudou avant même sa vision (ce qui était, soyons honnêtes, un peu notre cas à tous), mais sensiblement majeure d'un point de vue cinématographique, puisqu'elle pose clairement la question du " sommes-nous vraiment face au même film ? " à de nombreuses reprises, sans pour autant totalement désarmorcer son émotion malgré une empathie il est vrai bien plus difficile à ressentir face à des personnages que l'on ne reconnaît plus vraiment, et dont l'humanité est totalement gommée par leur vraie nature.
Le procédé aurait été bien plus extrême, mais Favreau aurait in fine pleinement gagné à se délester de ses passages - obligés - musicaux, tombant parfois à plat (et dont les délires visuelles sont ici bien moins important, même si certains titres comme celui d'Elton John, font vraiment mouche), pour plonger tête la première dans l'oeuvre animalière réaliste et criante de vérité, catapultée au coeur de décors naturels absolument renversant et appuyée par une prestation vocale impliquée de son luxueux casting vedette.



 
Victime du parti-pris de sa proposition artistique vraiment novatrice autant que de sa propension à n'apporter strictement rien de neuf à l'oeuvre originale qu'il remake, Le Roi Lion sauce 2019 réussit pourtant la prouesse d'incarner une oeuvre à part, certes moins mémorable et réussite que son illustre ainé, mais qui a pleinement le mérite d'exister tant il est lui aussi, au fond, un film d'animation moderne à la démonstration technologique impressionnante, et non qu'une simple réactualisation vaine, capitalisant sur la nostalgie fragile des fans du bijou de Roger Allers et Rob Minkoff.


Jonathan Chevrier



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