[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #56. Semaine du 14 au 20 juillet 2019
Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 14 Juillet au 20 Juillet
Dimanche 14 Juillet.
Le Cercle des Poètes Disparus de Peter Weir sur Arte.
Todd Anderson, un garçon plutôt timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être l’une des plus fermées et austère des États-Unis, là où son frère avait connu une brillante scolarité. C’est dans cette université qu’il va faire la rencontre d’un professeur de lettres anglaises plutôt étrange, Mr Keating, qui les encourage à toujours refuser l’ordre établi. Les cours de Mr Keating vont bouleverser la vie de l’étudiant réservé et de ses amis…
Le Cercle des Poètes Disparus devrait être un rite, le genre d’œuvre que toutes personnes dans l’adolescence devraient voir. Pourquoi ? Car Peter Weir en capture son essence, décrivant cette recherche de soi, le palpitement de la passion amoureuse et surtout, et peut-être avant tout, le désir d’émancipation. Cette émancipation, cœur même du récit, se personnifier dans le professeur John Keating. Admirablement incarné par un Robin Williams irradiant l’écran de sa sensibilité, Le Cercle des Poètes Disparus exhorte le pouvoir de la culture comme l’étendard d’une liberté. Beauté du message qui vient s'émietter contre la réalité, le poète est le rêveur, celui qui ayant trop compris le goût de la liberté s’est émancipé de la rigueur du cadre, il se fait écraser. Mais il est aussi celui qui osera monter sur une table criant « O Capitaine ! Mon Capitaine ! »
Lundi 15 Juillet.
Pour une Poignée de Dollars de Sergio Leone sur France3.
Deux bandes rivales, les Baxter et les Rojo, se disputent la suprématie et la domination de la ville de San Miguel, au sud de la frontière américano-mexicaine. Un étranger, vêtu d’un poncho, arrive à dos de mulet dans cette petite ville et s’immisce entre les deux bandes. Proposant d’abord ses services aux Rojo, l’étranger va très vite tirer profit des deux camps à la fois, à la grande joie du fabricant de cercueils Piripero.
Premier volet de la trilogie du dollar — s’en suivre Et Pour Quelques Dollars de plus et Le bon, la Brute et le Truand. Pour une Poignée de Dollars à forger la renommée de deux mastodontes du 7e art, Sergio Leone et Clint Eastwood qui impose un personnage qui deviendra comme une ombre planant sur l’ensemble de sa carrière. Si le film demeure en déca des deux autres qui suivront, Sergio Leone vient bousculer un genre se gangrenant de poncifs. Sur un script simplissime, le cinéaste livre un western imbibé de violence, l’Ouest devient une terre vicieuse, impitoyable, pessimiste. On pourrait presque sentir à travers l’écran l’odeur de la mort qui rode. Mais ce qui marque, c’est la mise en scène de Leone, faite de gros plan et étirement du temps, il infuse les terres poussiéreuses d’une palpitation toute thrillesque.
Jeudi 18 Juillet.
Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E de Guy Ritchie sur TMC.
Au début des années 60, en pleine guerre froide, l’agent de la CIA, Napoleon Solo est contraint de collaborer avec l’agent du KGB Illya Kouriakine pour lutter contre une organisation criminelle internationale. Ces deux agents, au style très opposé, n’ont qu’une seule piste : la fille d’un scientifique allemand porté disparu qui est le seul à pouvoir infiltrer l’organisation criminelle.
Derrière ce film, une série culte des années 60. Comment savoir qu’elle fut culte ? Tout simplement, car ce projet cinématographique a attiré les plus grands réalisateurs, Quentin Tarantino, Steven Soderberg ou Matthew Vaughn ont touché du bout des doigts le projet. Mais c’est finalement Guy Ritchie qui remporte la timbale, et livre certainement son meilleur film. Sa relecture de la série mythique est à l’image de ses premiers longs-métrages, impertinents, n’hésitant pas à moderniser le langage de ses personnages — comme sur Sherlock Holmes, mais là où il surprend, c’est par sa densité cinématographique. Balayant le film d’espionnage des années 60 à nos jours, il fait de son long-métrage une sorte d’immense best of des évolutions du genre. C’est comme cela que le long-métrage se retrouve à un carrefour entre un James Bond et un Kingsman, entre un Jason Bourne et un Mission Impossible.
Thibaut Ciavarella