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[CRITIQUE] : Zombi Child


Réalisateur : Bertrand Bonello
Acteurs : Louise Labeque, Wislanda Louimat, Adilé David,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Haïtien.
Durée : 1h43min

Synopsis :
Haïti, 1962. Un homme est ramené d'entre les morts pour être envoyé de force dans l'enfer des plantations de canne à sucre. 55 ans plus tard, au prestigieux pensionnat de la Légion d'honneur à Paris, une adolescente haïtienne confie à ses nouvelles amies le secret qui hante sa famille. Elle est loin de se douter que ces mystères vont persuader l'une d'entre elles, en proie à un chagrin d'amour, à commettre l'irréparable.



Critique :


De manière totalement improbable, la sélection cannoise de cette riche année ciné 2019 aura été marqué sous le sceau de la mort et des morts... vivants, entre ceux engoncé dans la société de consommation chez Jim Jarmusch - The Dead Don't Die -, ceux séduit par un bonheur factice et enivrant chez Jessica Hausner - Little Joe -, ou encore ceux plus " réalistes ", hantant notre histoire du côté de Bertrand Bonello, dans le bien nommé Zombi Child, dont on attendait beaucoup aux vues du talent certain de son metteur en scène.


En revenant aux origines même du retour à la vie des morts et du mythe des zombies : le vaudou, dont les plus belles heures sur grand écran date des 80's (Angel Heart mais surtout l'Emprise des Ténèbres de feu Wes Craven), le cinéaste entrecroise deux histoires, entre réalité supposée (la zombification de Clairvius Narcisse en 1962 à Haïti) et fiction (de nos jours, avec une descendante de Clairvius, usant du vaudou pour exorciser le chagrin d'amour d'une de ses camarades), pour mieux pointer du doigt les dérives du passé pas si lointain de notre chère nation, entre esclavagisme et colonialisme gentiment mis sous silence avec le temps (l'histoire comme on dit), catapultées tel un boomerang dans le présent via le spectre du paranormal.
Un spectre étrangement banalisé par les générations modernes (à qui Bonello offre un regard plus consistant que dans les nombreux films hexagonaux récents prenant des ados pour héros), à tel point qu'il en est réduit à un vulgaire folklore malgré sa dangerosité et son statut de quasi-religion dans certains pays - dont Haïti - et de vraie réponse, à l'époque, à la traite négrière.


Référencé, à la lisière du cinéma bis rital sauce giallo (avec ses sonorités en milieu scolaire), du film historique (un regard introspectif sur la toute puissance de l'Occident impérialiste), de l'étude fascinante du vaudou (montré comme une vérité complexe et puissante) et même du teen movie surnaturel très américain dans le ton, Zombi Child est une oeuvre métaphysique, triviale et généreuse, pas toujours adroite ni maîtrisée (sa seconde moitié, inégale, est nettement inférieure à la première), mais qui allie héritage du passé, appropriation culturelle et nécessité de se construire au présent, avec un enthousiasme aussi naïf qu'il est captivant.


Jonathan Chevrier

 

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