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[CRITIQUE] : Rocketman

 

Réalisateur : Dexter Fletcher
Avec : Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, Bryce Dallas Howard,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget :-
Genre : Biopic, Comédie Musicale.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h01min

Synopsis :
Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2019

Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale.
Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John.
Son histoire inspirante - sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.



Critique :


Gageons qu'un carton adoubé en salles puis par l'indust... l'académie dans la course - de moins en moins crédible - aux statuettes dorées ne fait pas fondamentalement un bon (et heureusement) biopic, et encore moins quand il est suffisamment polissé pour ne jamais réellement pointer du bout de la caméra, les zones d'ombres - toujours les plus fascinantes - de son sujet.
Biopic jukebox il est vrai sincèrement entraînant quand la musique explose à l'écran, mais furieusement frustrant quand il s'échine à survoler la figure fantasque qu'incarnait feu le génial Freddie Mercury, Bohemian Rhapsody et son succès monstrueux était bien parti pour un incarner le premier échelon d'une pluie de biopics musicaux calqués à son image, comme tout bon triomphe au box-office au sein de la firme aux rêves mais sans idées neuves, qu'est Hollywood.



Et force est de constater que l'on était presque déjà prêt à caler Rocketman dans le même rang que son " illustre " aîné, lui aussi mis en boîte par un Dexter Fletcher ayant joué les sauveteurs pour boucler les dernières semaines de prises de vues de Bohemian suite au départ de Bryan Singer.
Sauf qu'à la différence du film centré sur l'explosion de la carrière de Queen et de son chanteur vedette, le nouveau long-métrage de Dexter Fletcher, qui retrouve pour l'occasion son acteur fétiche Taron Egerton, une nouvelle fois physiquement transformé, est mué par une vraie vision et un véritable point de vue : celui d'offrir un regard juste et sincère sur l'icône Elton John, un artiste de génie autant qu'une figure importante de la pop culture moderne, et en faire un vrai personnage de cinéma à part entière.
Nul besoin d'enjoliver la vie du chanteur où d'en masquer la moindre noirceur pour n'en garder que la fantaisie fugace d'une oeuvre connue de tous - ou presque -, Rocketman s'attache à l'homme derrière le masque pour mieux capter celui qui est masqué, un être hors normes dans son talent autant que dans la complexité touchante de son âme.



En replaçant l'homme au coeur du récit et non son oeuvre, rendant de facto chaque scène musicale aussi attendue qu'imposante (là ou Bohemian semblait bien plus aligner les musiques en mode appel de phares aux fans, histoire aussi de mieux masquer l'inconsistance et la faiblesse de son point de vue totalement aseptisé), magnifiée par la mise en scène virtuose d'un Dexter Fletcher en pleine possession de son sujet et de sa caméra, Rocketman capte le prisme vital de ce que doit être tout biopic musical - mais pas que - réussi, et arpente sans trembler la route de l'opéra pop rock à la lisière du rise and fall, dont la couleur est annoncée dès l'édifiante introduction.
Une péloche vérité (où tout du moins, juste ce qu'il faut, à quelques écarts près), dans tout ce qu'elle a de plus pure et folle en somme, personnalité du papa de Tony Dancer oblige.
Jamais répétitif et encore moins ennuyeusement didactique, le film épouse sans la moindre concession son sujet, capte la créativité de son héros autant que sa folle complexité, pas totalement justifiée ni décortiquée (et c'est tant mieux), et prend John tel qu'il est : un musicien conscient de son génie autant qu'un homme de ses démons, dont la quête viscérale et névrotique d'amour et la douleur intime qu'engendre cette quête éternelle, est sans doute la plus incurable des addictions/dépressions.



En sublimant l'intimité de sa figure centrale, incarnée par un Taron Egerton habitée et impliquée comme rarement (physiquement mais surtout vocalement, le bonhomme étant étonnamment un sacré bout de chanteur), tout en faisant de son oeuvre musicale un atout majeur à son histoire (et non sa seule justification voire un appel du pied putassier aux fans), Dexter Fletcher fait de Rocketman un biopic flamboyant et renversant, un moment de cinéma humble et baroque qui capte une partie du mythe Elton John sans en déflorer tout son mystère, qui se joue parfois de la réalité pour lui préférer la douce enveloppe de la fantaisie.
Une franche et belle réussite.


Jonathan Chevrier


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