[CRITIQUE] : John Wick Parabellum
Réalisateur : Chad Stahelski
Acteurs : Keanu Reeves, Halle Berry, Laurence Fishburne, Mark Dacascos, Ian McShane, Said Taghmaoui,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min.
Synopsis :
John Wick a transgressé une règle fondamentale : il a tué à l’intérieur même de l’Hôtel Continental. "Excommunié", tous les services liés au Continental lui sont fermés et sa tête mise à prix. John se retrouve sans soutien, traqué par tous les plus dangereux tueurs du monde.
Critique :
Décomplexé et régressif/jouissif à mort, dominé par l'humanité d'un Keanu Reeves qui vampirise l'écran comme rarement,#JohnWickParabellum est un excellent et survitaminé B movie aussi survolté que délirant et spectaculaire, une apologie de la castagne nerveuse et sans concessions pic.twitter.com/ibYxsnEISv— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 18, 2019
Radical voire même amoral, noir, jouissivement régressif et référencé (l'univers du jeu vidéo, l'intensité bourrine du diptyque The Raid de Gareth Evans ou encore la scène de la boîte de nuit rappelant le Collateral du grand Michael Mann), d'un ton résolument léger et même très comics, autant pétri de bonnes idées (l'hôtel à tueurs sous forme de no man's land mais surtout le concept du monde des tueurs à gages) que de clichés et de stéréotypes presque obligés dans une telle production (une musique assourdissante signée par le pourtant génial Tyler Bates, un scénario et une linéarité invisible, une absence d'ambition autre que de jouer la carte du fun à tout prix...); John Wick premier du nom, incarnait non seulement une petite bombe de série B burnée comme on les aime, mais avant tout et surtout, le micro-revival d'un genre cantonné à errer dans les bacs à DVD/BR depuis l'avènement des super-héros movies à la fin des 90's.
Mieux, il remettait sur le devant de la scène le vénéré Néo, Keanu Reeves, dont la carrière était un brin à l'agonie depuis près d'une décennie malgré quelques petites fulgurances plus que notable (son Man of Tai Chi notamment).
Plus fort encore, le second opus jouait habilement la carte du la règle du " Bigger, Better and Faster " qui caractérise toutes les séquelles de succès made in Hollywood, pour enfoncer le clou du bon goût jouissif en surpassant le premier film à tous les niveaux, d'une intrigue non plus prétexte mais bien solide à des scènes d'action encore plus folles, faisant exploser le compteur des victimes et le baromètre du plaisir coupable.
Deux ans plus tard, et précédé d'une attente totalement démesurée, autant grâce à un climax prometteur (John vs The World, ou presque) qu'à une campagne promotionnelle faisant subtilement monter la sauce au fil des semaines, John Wick Parabellum, toujours porté par le Johnny Utah de Point Break et Chad Stahelski, se devait de péter tous les curseurs du cool pour être LA séance la plus fun et décomplexée d'un été des blockbusters 2019 qui en avait cruellement besoin.
Bonne nouvelle, même s'il est décemment moins maîtrisé que le film précédent - le meilleur des trois -, la conclusion à cette trilogie (pour le moment) n'en est pas moins un put*** de pied sur pellicule, comme on en a trop rarement vu dans les salles ses dernières années.
Reprenant là où le second film s'était terminé (comme le précédent), le film incarne une chasse à l'homme bigger than life au coeur de New York, brutale, sanglante et furieusement haletante, où tout est une arme - même un livre -, même le plus improbable, pour un John Wick excommunié et en quête de survie (avec 14 millions de $ sur sa tête).
Plus énervé et jouissif encore que le second opus - qu'il surpasse d'un point de vue extravagance visuelle, et ce n'était pas évident -, le film jouit d'une longueur bien plus importante que son ainé (trop peut-être), un détail loin d'être anodin qui permet à Stahelski de laisser libre cours à son penchant pour le carnage massif avec une gloutonnerie proprement indécente, tout en suivant scrupuleusement les codes graphiques et esthétiques établis par les deux premiers films.
Toujours avec un profond respect des préceptes du cinéma d'action des 80's/90's - on tire avant, on parle après -, le film assume complètement son esprit décalé voire même irréaliste, à coups de gunfights homériques et de scènes d'action joliment maitrisées et lisibles, tout en s'évertuant judicieusement à ne pas que simplement offrir un enchainement de séquences bourrines pour les amateurs du genre, en creusant toujours un petit peu plus la fascinante mythologie aussi bien de la société des assassins, la hiérarcie de la " Haute Table " ( véritable monde parallèle au notre qui est régi par ses propres codes et ses propres règles) que de son héros, dont la légende tragique et badass n'en sort que plus imposante.
Décomplexé et régressif/jouissif à mort, dominé par l'humanité d'un Keanu Reeves qui vampirise l'écran comme rarement (le bonhomme n'a rien perdu de son charisme ni même de sa noirceur, malgré les années qui commencent à se faire sentir) aux côtés de seconds couteaux jouissifs (Halle Berry et Mark Dacascos en tête, la première dans le rôle d'une tueuse aussi létale et amoureuse des chiens que Wick, et le second en maître assassin ninja drôle et fanboy du héros... et aussi chef cuistot à ses heures perdues), Parabellum est un excellent et survitaminé B movie aussi survolté que délirant et spectaculaire.
Une apologie de la castagne nerveuse et sans concessions sur un peu moins de deux heures, conçues uniquement, de la mise en scène de Chad Stahelski - au diapason - à la photographie de Dan Laustse - merveilleuse -, pour offrir un pied monumental aux cinéphiles amoureux du cinéma à la fois nerveux, rentre-dedans et follement distrayant.
Le moment de cinéma le plus jouissif de l'été 2019 est bien là.
Jonathan Chevrier