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[CRITIQUE] : Coeurs Ennemis

 

Réalisateur : James Kent
Acteurs : Keira Knightley, Jason Clarke, Alexander Skarsgård, Kate Phillips,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Guerre, Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Hambourg, 1946. Au sortir de la guerre, Rachel rejoint son mari Lewis, officier anglais en charge de la reconstruction de la ville dévastée. En emménageant dans leur nouvelle demeure, elle découvre qu'ils devront cohabiter avec les anciens propriétaires, un architecte allemand et sa fille. Alors que cette promiscuité forcée avec l'ennemi révolte Rachel, la haine larvée et la méfiance laissent bientôt place chez la jeune femme à un sentiment plus troublant encore.



Critique :


Gageons que depuis son explosion au sein de la terrible jungle Hollywoodienne, à l'aube de la dernière décennie, l'excellent Jason Clarke n'a pas forcément toujours eu le nez creux pour choisir les péloches visant à pérenniser son statut de nouveau talent sur d'un septième art ricain qui en contient pourtant un bon paquet.
Pour quelques bijoux (Zero Dark Thirty, La Planète des Singes : l'Affrontement et Des Hommes sans Loi en tête), le bonhomme a traîné sa carcasse imposante magnifique dans bon nombres de films indéfendables (Terminator Genysis...) qui a méchamment engagé son capital sympathie auprès des cinéphiles endurcis, et la récente relecture de Simetierre - toujours en salles - ne contredit absolument pas cette maladroite habitude à la limite du sabotage volontaire.
De retour à nouveau dans les salles en ses premières heures du printemps - et accompagné de la belle Keira Knightley et d'Alexander Skarsgård -, il est à l'affiche du bien nommé Coeurs Ennemis de James Kent, une romance impossible à trois coeurs (entre un couple endeuillé et en terre hostile, et un locataire " ennemi ") basée sur le roman The Aftermath (son titre en V.O.) de Rhidian Brook, inspiré de la propre vie de son grand-père peu de temps après la Seconde Guerre mondiale.



Pur mélodrame en temps de guerre comme les cinémas US et ricain en produisent à la pelle - a tel point que c'est un véritable sous-genre populaire -, le film croule dès sa première bobine sous le poids évident de la comparaison avec ses divers aînés, et force est d'admettre que malgré tous les bons sentiments qui le caractérise, il ne propose décemment rien de neuf au genre même si il incarne clairement un joli petit moment de cinéma hautement plaisant et divertissant.
Rappelant fortement le déjà pas folichon Suite Française de Saul Dibb, autant dans sa mise en image d'une terre occupée où la tension règne (ici le cadre d'une Allemagne vaincue, en cure de " dénazification " et en pleine reconstruction, à tous les niveaux) que dans sa love story contrariée, tronquant douloureusement sa peinture pourtant inédite et séduisante d'un conflit majeur du siècle dernier.
Se passionnant bien plus (trop) pour la fibre romanesque du bouquin de Brook que sur sa portée historique, se permettant même quelques facilités dommageables tout en n'allant jamais vraiment au fond de ses ambitions, autant qu'il se pare d'une esthétique plutôt soignée et d'un amour pour ses personnages vraiment sincères - rendu par une interprétation générale au diapason de son casting vedette -; le film de Kent nous récite une mélodie connu de tous, mais qui n'en est pas moins séduisante pour l'oreille (et la rétine).



Charmant même si férocement prévisible, filmé avec retenue et élégance, manquant d'originalité mais remarquablement sensible et pudique, Coeurs Ennemis incarne une sympathique fresque romanesque, qui ne marquera pas par sa finesse, mais qui ne démérite pas pour autant sa petite séance, entre deux blockbusters rutilants.


Jonathan Chevrier





Voici donc le nouveau Keira Knightley movie, autrement dit, une romance sur fond historique, plus qu’une simple ambassadrice du genre, elle en est devenue sa reine. De Orgueil & Préjugés à Anna Karénine en passant par Reviens-moi ou The Duchess, l’actrice a souvent su faire les bons choix, mais la machine semble s’être grippée avec ce Cœurs Ennemis.
Réalisé par James Kent, derrière le très beau Mémoires de jeunesse avec Alicia Vikander et Jon Snow Kit Harrington, Cœurs Ennemis s’appuie sur une même double structure faisant coexister une romance avec les péripéties d’une période historique dense.





Ici, le film s’attarde donc sur les ruines de l’Allemagne nazie, et y puise sa plus grande force. Car, si la guerre 1939-1945 a souvent était évoquée au cinéma, la sortie du conflit, la domination des Alliés et la nécessité de reconstruire ce pays n’a eu que rarement la ferveur des réalisateurs. Une époque ou le trouble persiste entre envie de réconciliation et méfiance réciproque, donnant ainsi au triangle amoureux se mettant progressivement en place une douce odeur de sentiment interdit.
Malheureusement, tout le problème émane de ce triangle amoureux. Alors que l’ensemble des personnages n’est pas désagréable, surtout le couple Knightley/Clarke, un mariage fêlé par la perte récente d’un enfant. Mais, dès lors que rentrent en jeu les sentiments amoureux doubles de Rachel, le film s’épuise.
Pourtant friand du genre de la romance, ici, James Kent ne fait qu’emprunter une route trop balisée, ne parvenant jamais à s’échapper de cette rigidité il se fait poliment ennuyeux. Pire, tout cela mené a dilué le propos sur l’Allemagne d’après-guerre qui devient une simple toile de fond qu’on aurait pu changer sans que cela impacte l’intrigue du film. Un comble pour un long-métrage dont on ressent les moyens financiers afin de permettre une reconstruction minutieuse de l’époque.



Ainsi, Cœurs Ennemis est une double déception. D’une part, James Kent, après un prometteur Mémoires de jeunesse ne parvient pas à confirmer l’essai. D’autre part, au sein d’un Keira Knightley Cinematic Universe, le film est un volet sans importance, manquant de souffle, diluant sa force dans le prévisible. En d’autres termes, une déception.


Thibaut Ciavarella 



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