[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #4. The Thing
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
Après avoir foulé le genre avec une certaine réussite pour le bouillant et engagé Assault, relecture moderne et totalement assumée du cultissime Rio Bravo de son idole Howard Hawks, et ayant vu sa côte méchamment grimpé à Hollywood avec le carton maousse costaud d'Halloween, La Nuit des Masques (qui a littéralement boosté le cinéma de genre, tout en ayant la paternité du sous-genre qu'est le slasher, avec Black Christmas); le roi John Carpenter était revenu au huis clos horrifique au début des 80's, avec rien de moins que son meilleur film - ou pas loin - : The Thing, remake de La chose d’un autre monde de Christian Nyby et... Howard Hawks.
Sommet d’horreur paranoïaque incisif autant sur le fond que sur sa forme, s’attachant au destin funeste d’une équipe dechercheurs américains basé en Antarctique, attaquée et même décimée par l'indicible - une forme de vie extraterrestre particulièrement développée et métamorphe -, The Thing est un pur chef d’oeuvre qui prend le parti de la suspicion généralisée et de l’absence de solidarité dans un groupe aux personnalités bien distinctes, pour mieux incarner un moment de cinéma aussi tendu qu’il est radical et effrayant, une lente descente aux enfers dont personne ne peut sortir sain et sauf - pas même le spectateur.
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Sobre et sans happy-end plombant, épousant au pied de la lettre les codes de la série B calibrée, porté par une distribution exclusivement masculine (Kurt Russell et Keith David en tête), des effets spéciaux hallucinants signés par un Rob Bottin alors au sommet de son art (ces créations monstrueuses sur le film sont tout simplement légendaire), une image nihiliste de l’âme humaine et une musique composée par le génial Ennio Morricone, le métrage est d'une perfection quasi absolue, un bijou de huis clos qui vous glace le sang, adoubé honteusement sur le tard par les cinéphiles ayant in fine attendu sa sortie en VHS pour en faire une oeuvre culte autant qu'une référence absolue, pillée au fil du temps mais jamais égalée.
Mieux vaut tard que jamais comme on dit.
Jonathan Chevrier