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[CRITIQUE] : Les Drapeaux de Papier


Réalisateur : Nathan Ambrosioni
Acteurs : Noémie Merlant, Guillaume Gouix, Sébastien Houbani, Jérôme Kircher, Alysson Paradis,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.

Synopsis :

Charlie, bientôt 24 ans, mène une vie sans excès : elle se rêve artiste et peine à joindre les deux bouts.
Quand son frère vient la retrouver après douze ans d’absence, tout se bouscule. Vincent a 30 ans et sort tout juste de prison où il a purgé une longue peine. Il a tout à apprendre dans un monde qu’il ne connait plus. Charlie est prête à l’aider. C’est son frère après tout, son frère dont la colère peut devenir incontrôlable et tout détruire malgré lui.




Critique : 




Doucement mais sûrement, Guillaume Gouix s'installe dans les radars du septième art comme une valeur sûre, de seconds rôles remarqués et premiers rôles solides dans des séries B plus que recommandables, après avoir littéralement explosé en tueur en série dans l'excellente série made in Canal Les Revenants.
Peu de temps après avoir campé un soldat en pleine guerre d'Indochine pour Guillaume Nicloux (l'excellent Les Confins du Monde), le voilà déjà de retour en rôle-titre d'un premier film plein de promesses, Les Drapeaux de Papier de Nathan Ambrosini - 19 ans au compteur -, qui s'attache au lourd combat de la réinsertion sociale d'un jeune délinquant de retour à la vie civile (normale ?), après douze ans d'incarcération.
Un sujet rare autant qu'il est douloureux, que le cinéaste film avec délicatesse mais surtout un vrai souci de réalisme proprement admirable.


Prenant faits et cause du personnage dès les premiers millimètres de bobine, n'appuyant jamais ni ses images ni ses dialogues (restreints au strict minimum), Nathan Ambrosini nous catapulte au sein du quotidien troublé et difficile de Vincent, âme perdue et bousculée qui retrouve une soeur aussi solitaire, Charlie, que lui et qu'il réapprend à connaître, à apprivoiser comme la vie.
Des retrouvailles un temps frappées par le malaise et la crainte, mais qui va peu à peu se muer au fil du temps, en une complicité bouleversante et empathique, lié dans la quête désespérée et maladroite de se (re)constuire et de survivre face à une existence qui ne leur a pas fait de cadeau.
Elle va être le pilier qui lui manque pour retrouver la raison et redevenir le grand frère dont elle a toujours eu besoin.
Jonglant avec dextérité et pudeur entre les deux personnalités blessées qui composent cette micro cellule familiale follement empathique et explosive, le jeune cinéaste privilégie l'image (une mise en scène faite de gros plans et s'appuyant totalement sur ses comédiens) à la parole et nous submerge par une émotion constamment sincère et délicate, à laquelle il est difficile de ne pas succomber tant la prestation du duo Guillaume Gouix/Noémie Merlant parfait d'authenticité et d'intensité.


Chronique sociale aux multiples facettes (la difficulté - presque impossibilité - de la réinsertion dans la société contemporaine, la peur de la marginalisation, l'impact de la prison dans une cellule familiale, qui ne touche pas uniquement la personne incarcérée,...), d'une émotion et d'une vérité palpables, Les Drapeaux de Papier interroge autant qu'il bouleverse, et incarne une oeuvre étonnamment mature et solaire.
La première pièce, peut-être, de l'oeuvre d'un cinéaste qu'il faudra suivre avec un intérêt certain à l'avenir...



Jonathan Chevrier