[FUCKING SERIES] : Derry Girls saison 1 : L'Adolescence en période Trouble
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Derry Girls démarre sur les chapeaux de roue avec un accent Nord-Irlandais incroyable et par conséquent génial. Le reste de la série l'est tout autant, et les six épisodes de 20 minutes chacun s'enchaînent sans pause !
La faute à des personnages attachants campés par des actrices et acteurs parfaits, toujours dans l'exagération mais jamais dans la caricature gratuite de ces familles de classe moyenne d'une Irlande troublée des années 90. Les blagues font toujours mouche, parfois grotesques, parfois plus subtiles, par exemple mettant en parallèle la rivalité d'un père et de son gendre et celle existant entre Irlande du Nord et République du Sud.
L'insouciance des adolescents se heurte à la tension politique faisant partie de la vie quotidienne. Finalement, les aventures de cette bande d'adolescentes -accompagnées d'un cousin anglais cristallisant le ressentiment contre les Britanniques-complètement rocambolesques (mention spéciale au premier épisode) s'ancrent pleinement dans la culture et l'époque en en faisant une chronique toujours d'actualité, avec un Brexit imminent.
Cette saison s’achève sur un final de qualité, malgré une petite baisse de régime sur les deux derniers épisodes.
A quand la saison 2 ?
Léa
Énorme coup de cœur Netflix pour bien commencer l’année 2019 !
Avec Derry Girls, on fait un bond en arrière au début des années 90, au cœur de l’Irlande du Nord durant la période des Troubles. La série raconte l’histoire d’un groupe d'amies dans la ville de Derry (ou Londonderry pour les unionistes), avec en tête Erin Quinn, une ado de 16 ans en pleine crise de l’adolescence alors que son pays est également en pleine crise sous la répression anglaise.
Diffusée sur l’excellente Channel 4, la série a fait un carton d’audience outre-Manche, soit le plus gros lancement pour une comédie depuis près de cinq ans.
Derry n’est pas choisi au hasard, c’est la ville la plus marquée (lieu du fameux tragique Bloody Sunday en 1972) durant le conflit entre pro-Britanniques et pro-Irlandais. La série croque un portrait réaliste de la vie nord-irlandaise entre les attentats et la précarité sociale, avec un humour corrosif assez surprenant au vu contexte, et qui fait en grande partie le succès de ce show phénomène.
Née sous la plume de la scénariste Lisa Mcgee qui s’inspire de sa propre adolescence, Derry Girls s'attache à dépeindre une jeunesse consciente de la gravité de la situation, même si la plupart du temps cela leur passe complètement au-dessus de la tête - comme tout ados leur problèmes paraissent plus importants -, nous découvrons tous, tout simplement, des jeunes terriblement insouciant qui cherchent une place, leur place dans la société.
La série n'est pas uniquement une énième série adolescente classique, mais bien une oeuvre plus fine dans son fond, qui nous permet de passer un excellent moment durant les 6 épisodes de sa première saison.
On découvre une période extrêmement violente assez méconnu (du moins de ce point de vue), qui est encore un sujet sensible en Irlande du Nord. Sans forcer le trait, le show propose un bon dosage entre les mauvais côtés des évènements de la guerre civile et un peuple nord-irlandais qui essayent d’avoir des jours meilleurs.
Rythmée par des situations cocasses à chaque épisode, le quotidien monotone d’Érin, Clare, Michelle et Orla se constitue entre vies de famille semi-conservatrice envahissante et aller au collège catholique de la ville avec l’incertitude d’avoir un bus tous les matins ou non qui permet d’aller en centre-ville, car l’IRA dépose des bombes sur le pont principal de la ville et les soldats Britanniques bloquent tous les véhicules le temps du désamorçage.
Malgré cette menace de tous les jours, les Derry Girls pensent plus aux garçons et à faire la fête.
Ce sont des filles déjantées aux caractères opposés, dit caractères exploités à toute occasion pour apporter une belle dynamique au groupe, rejoint ensuite par James, le cousin de Michelle, un anglais qui est moqué par son manque de virilité, en particulier par sa propre cousine (et surtout... parce qu’il est anglais); des personnages plaisant à suivre et portés par un très bon casting d’actrices inconnues tellement drôles, en particulierJamie-Lee O'Donnell (Michelle) et Saoirse-Monica Jackson (Erin) qui bouffent l’écran avec des mimiques savoureuses et des répliques grinçantes au doux accent irlandais.
L’énorme plus de la série également, c'est à la fois une bande-originale regroupant les plus grands tubes des 90’ de la Brit pop à l’Euro dance ainsi qu'une photographie qui rappelle clairement les films de cette décennie (d’ailleurs, on y retrouve même un clin d’œil au film Pulp Fiction).
À sa vision, on devient automatiquement nostalgique de cette époque tellement irrévérencieuse.
Bref, Derry Girls est un show étonnant, digne des grandes années de Channel 4. Considéré comme un futur classique tel que Misfits et Skins, une deuxième saison est déjà commandée, la saison 1 se clôturant par un final puissant sous les sonorités de la musique mythique des Cranberries.
Alyssa