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[CRITIQUE] : Grass


Réalisateur : Hong Sang-Soo
Acteurs : Min-Hee Kim, Jin-yeong Jeong, Saebuyk Kim,...
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Sud-Coréen.
Durée : 1h06min.

Synopsis :
Au bout d’une allée, un café que personne ne s’attendrait à trouver. Les gens s’assoient et parlent de leur vie. Au fil du temps, les clients se côtoient et apprennent à se connaître. Une femme les observe et semble mettre par écrit leurs pensées. La nuit commence à tomber mais tous restent dans le café.



Critique :


Il y a quelque chose d'infiniment beau dans l'idée que le grand poète impressionniste Hang Song-Soo et sa merveilleuse muse Kim Min-hee (qui n'a de cesse de nous éblouir depuis Mademoiselle de Park Chan-wook), après avoir ouvert en grande pompe l'année ciné 2018 en janvier dernier avec le mélancolique et pétri d'amertume Seule sur la Plage la Nuit, puissent également la clôturer avec le nom moins beau Grass, court (à peine une heure au compteur) mais brillant morceau de cinéma éblouissant autant par sa simplicité relative, que par la force évocatrice de son étude envoûtante de la complexité des relations et des liens humains.
Tel un pôle attractif des discussions et sentiments divers flottant dans l'air d'un café coréen ou elle est une spectatrice aussi attentive qu'occupée, Areum - Min-hee, formidable - se fait le témoin, le point d'ancrage du spectateur, d'un espace-temps coupé du monde sans réellement l'être, ou les temporalités se mélangent comme les non-dits s'assemblent avec l'amertume (avec parfois l'impression de se retrouver à la lisière d'une belle étude de moeurs Rohmerienne), dans un balai des sens aussi minimaliste et intime que peut l'être le cadre de ce café des délices captivant ou l'alcool délit les langues mieux que personne.


Tapotant sur son ordinateur tel un fantôme pourtant bien visible par tous, l'héroïne est-elle la narratrice de ces multiples discussions graves sur les erreurs d'une vie impossible à réparer ou effacer ?
Ou ses écrits s'inspirent-ils justement de la réalité qu'elle observe, et ne l'influence aucunement ?
Dans un noir et blanc absolument somptueux, le cinéaste joue pleinement la carte nébuleuse des interprétations multiples et de l'ambiguïté (autant dans sa narration que dans sa mise en scène enlevée, sa caméra se baladant à sa guise au milieu de personnages filmés en plan-séquence), flirte constamment avec les frontières du drame et de la comédie et accouche d'une bulle de légèreté criante de naturelle sur la solitude des corps et des âmes - un thème qui lui est cher, comme la désolation amoureuse -, et dont le dernier plan, aussi évocateur que pouvait l'être le dernier bouleversant de Seule sur la Plage la Nuit, tranche justement avec cette tristesse universelle par une rencontre commune autour d'une table et une vraie création de liens communs.
On peut toujours se réunir autour d'un verre, peut importe l'heure et l'endroit.


Jonathan Chevrier



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