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[FUCKING SERIES] : Wanderlust saison 1 : Marriage is boring ?


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)



Au panthéon des comédiennes que l'on ne cite décemment pas assez en dépit d'un talent immense avéré et d'un soin tout particulier à choisir ses projets au fil du temps, la merveilleuse Toni Colette se place tout en haut de la chaîne alimentaire, aux côtés des (encore) plus discrètes Laura Dern et Helen Hunt.
Comédienne autant empathique qu'elle est attachante, véritable bulldozer émotionnel ravageur quand la finesse d'écriture de ses personnages le lui permet, elle a autant su sublimer le petit comme le grand écran depuis près de deux décennies maintenant.
Passé la claque Hérédité cet été, la voilà de retour en cette riche rentrée séries avec un show (très) ambitieux sur le papier, Wanderlust, étude fine et fouillée de la relation maritale contemporaine, à la lisière de la psychanalyse multiple.
Multiple tant elle s'échine autant à décortiquer les trauma d'un mariage ou le désir sexuel n'est plus, qu'à ceux qui tiraillent l'âme de l'héroïne, elle-même thérapeute pour couples, qui ne s'est jamais réellement remis d'un drame intime et dont les problèmes de couple, véritable face émergée d'un immense iceberg, sera l'élément déclencheur de ce sublime drame à coeur ouvert d'une justesse et d'une honnêteté rare.


Épousant pleinement l'idée que le mariage peut autant être ennuyeux que réellement frustrant et insatisfaisant, Wanderlust nous plonge tête la première - et par la chambre à coucher, surtout - dans la lente dégradation d'un couple banal (dans le bon sens du terme), qui voit la possibilité de retrouver une union fusionnelle par la force d'une relation ouverte - du côté de l'époux -, comme l'avait esquissé (avec un couple plus jeune et connecté, dont l'un des membres était également frappé par un deuil) Drake Doremus dans son merveilleux Newness, lui aussi plutôt riche en scènes de sexe (ou l'auto-gratification personnelle est même montrée sans phare).
Enthousiasmante avec son triangle amoureux salvateur (durant les quatre premiers épisodes) offrant une vision ultra moderne et bien dans son époque de l'amour où quand le désossement extra-conjugal peut, bizarrement, vous faire réaliser l'importance de la vie (même férocement ancré dans la quarantaine avec une vie de famille déjà remplie) et vous pousse à une exploration du " nous " tendant directement vers le " je " (aussi expérimental que cela puisse être), la série se fait pourtant plus grave dans son dernier tiers, quand il s'arrête notamment à la fois au mal qui ronge les enfants (dont la relation avec leurs parents est totalement troublée par leur nouveau choix de vie) que celui qui ronge intérieurement une Toni Colette rarement aussi délicate et captivante.


Vraie réflexion intelligente et universelle sur les rapports intimes et la notion de couple en général, tout autant que sur la notion de contrôle sur sa propre existence (et l'envie d'exister, à la fois pour soi et à travers l'autre), Wanderlust, pas exempt de quelques maladresses (un propos moins pertinent dans son dernier tiers, des personnages secondaires croqués à la truelle et trop peu présent,...), n'en est pas moins un brillant drame intime pertinent particulièrement captivant, porté à bouts de bras par une comédienne lumineuse en pleine possession des nuances de son jeu et de son talent.


Jonathan Chevrier


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