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[CRITIQUE] : Halloween


Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Will Patton, Nick Castle,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.


Synopsis :
Laurie Strode est de retour pour un affrontement final avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle a échappé de justesse à sa folie meurtrière le soir d’Halloween 40 ans plus tôt.




Critique :


Dans la catégorie des suites/remakes/reboots que l'on désire autant que l'on redoute, celui d'Halloween concocté par le duo David Gordon Green/Danny McBride - sous la tutelle de King John Carpenter - et produit par Blumhouse, nous faisait gentiment frémir, tant il décidait de carrément zapper tous les films de la saga (que ce soit les tacherons, le diptyque remake de Rob Zombie ou même les opus réussis, Halloween 2 et 20 ans après il revient en tête), pour mieux incarner une suite direct au film original, souvent calqué mais jamais égalé.
Un pari osé, surtout que le cinéaste n'a jamais réellement mis les pieds dans le cinéma de genre, et qu'une telle exposition n'est pas forcément la meilleure manière d'y débuter - et le mot est faible -, même pour un cinéaste de sa trempe (il avait un temps voulut diriger le remake de Suspiria, finalement échoué à Luca Guadagnino), à la carrière aussi éclectique et imprévisible.


Conçu comme un affrontement final entre un Michael Myers (Nick Castle à nouveau sous le masque) toujours in shape malgré la soixantaine, et une Laurie Strode transformée en mamie redneck (best grandma ever) qui l'attend de pied ferme, fusil à la main, le tout balancé dans les salles obscures pile poil pour les 40 ans du chef-d'oeuvre d'origine; Halloween sauce 2018 met les petits plats dans les grands et fait à nouveau de la petite ville pas si tranquille d'Haddonfield, un terrain de chasse familial sanglant ou rien ne sera épargné, pas même le spectateur.
Véritable retour aux sources du slasher - dont il respecte les codes avec une dévotion sans bornes - collant volontairement aux basques du film de Carpenter (même s'il aligne bien plus de victimes), le film, à l'instar du récent Le Réveil de la Force de J.J. Abrams pour la saga Star Wars, loin d'un objet filmmique façon fan service à la nostalgie opportuniste, cultive à merveille le rapport intime que l'on entretient avec la franchise pour mieux lui offrir autant un hommage marqué qu'une vraie suite appliquée, certes sans grosses prises de risque mais à l'efficacité remarquable.


Sans forcer et avec une intrigue simpliste dont le climax est le temps attendu combat de titans familial, Green balaye quarante ans de mauvais souvenirs et corrige toutes les erreurs passées (même si, comme dit plus haut, certains films étaient hautement recommandables), remet son tueur à l'immense couteau de cuisine sur le droit chemin et injecte suffisamment de modernité dans son cocktail détonant, pour totalement légitimer sa relecture; que ce soit par le choix - évident - de prendre pour figure centrale un personnage féminin badass et revanchard (Jamie Lee Curtis, parfaite en femme névrosée et dont la vie n'est tournée que sur l'attente du retour de son cher frère), bien plus armé pour combattre le mal que la majorité des hommes, ou par celui d'iconiser avec puissance Michael Myers, pour en faire la personnification malade - et humaine - d'une Amérique gangrenée par une violence sourde et brutale, à tel point qu'elle paraît presque banalisée (le nombre de tueries croissant  et totalement effrayant qui frappe les États-Unis depuis l'investiture de Donald Trump, en lest la preuve la plus probante).
Une sorte d'Hannibal Lecter en plus massif et définitivement moins bavard...


Plus cru et réaliste dans ses explosions de rage, épuré dans sa révérence au film de Carpenter (les clins d'oeil facile ne sont pas légion), jouissif et gore sans pour autant être exempt de profondeur (la tentative de percer le mystère des motivations sanglantes de Myers autant que celui du choc post-traumatique et de la psychologie de Strode, dont la transmission de l'angoisse du tueur de la mère à sa progéniture, est encore plus imposante que sur H20) et d'émotion, Halloween nous fout réellement la chair de poule et ajuste sa partition (en parlant de partition, quel score de Carpenter, remis au gout du jour avec Daniel Davies) au couteau pour en faire le meilleur film de la saga derrière l'original.
Après des années de décrépitude, Michael Myers et la saga Halloween renaît de ces cendres pour le meilleur et jamais pour le pire, tout en offrant un sacré coup de fouet au slasher.
On l'espérait intimement, mais on n'en demandait pas autant.


Jonathan Chevrier

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