[CRITIQUE] : Girl
Réalisateur : Lukas Dhont
Acteurs : Victor Polster, Arieh Worthalter, Valentijn Dhaenens,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Belge
Durée : 1h45min
Synopsis :
Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.
Critique :
Portrait intimiste - mais jamais voyeuriste - follement empathique, sublimé par une spontanéité de jeu et de ton étonnante (Victor Polster est parfait), #Girl est un cri de l'âme sincère et dechirant qui nous touche en plein coeur, une belle leçon d'humanisme sombre et lumineuse pic.twitter.com/lolkgkpbZV— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 26 août 2018
Dans la catégorie des belles séances du dernier Festival de Cannes, Girl, premier long-métrage du belge Lukas Dhont, a su gentiment se hisser en tête de peloton des favoris des festivaliers, aux côtés des derniers Kore-eda (Une Affaire de Famille), Lee (BlacKkKlansman) ou encore Chang-dong (Burning) et Serebrennikov (Leto), puisqu'il s'est payé le luxe, en prime, de repartir de la Croisette avec le prix de la Caméra d'Or.
On a connu des premiers essais plus buzzé donc, mais pas beaucoup, et force est d'avouer qu'à sa vision, ce Girl mérite amplement tous ses suffrages, et même bien plus encore.
Récit initiatique aussi douloureux que bouleversant sur un jeune homme mal servit pas la vie et engoncé dans un corps qui n'est pas le sien, formidablement soutenu par ses proches (notamment un père aimant embrassant également le rôle de figure maternelle comme il le peut) dans son désir de devenir une danseuse étoile; Girl, version adolescente - même si c'est un terme un poil réducteur - du merveilleux Laurence Anyways de Xavier Dolan, impressionne mais surtout marque par la puissance et la justesse de son traitement d'un sujet aussi délicat.
Portrait intimiste - mais jamais voyeuriste - dénué de tout cliché putassier, jouissant d'une spontanéité de jeu et de ton étonnante, Lukas Dhont s'échine tout du long pour sa première oeuvre, à retranscrire la période délicate du passage à l'âge adulte avec tous ses maux, tout en les couplant au mal-être intense et à la souffrance insondable de sa courageuse héroïne, dont l'espoir d'un avenir meilleur est un véritable crève-coeur (Victor Polster, parfait, tout en douleur, grâce et détermination).
Profondément empathique, porté par un amour admirable et sincère pour tous ses personnages (surtout la famille de Lara) et un propos sociétal fort (les conventions cruelles, stupides et illégitimes sur la normalité sexuelle et la beauté, auxquelles beaucoup sont violemment confrontés), Girl est un cri de l'âme qui nous touche en plein coeur, une odyssée dramatique d'une intelligence et une pudeur admirable.
Une belle leçon d'humanisme sombre et lumineuse, tout simplement.
Jonathan Chevrier