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[CRITIQUE] : Un Couteau dans le Coeur


Réalisateur : Yann Gonzalez
Acteurs : Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran,...
Distributeur : Memento Films Distribution
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2018

Synopsis :
Paris, été 1979. Anne est productrice de pornos gays au rabais. Lorsque Loïs, sa monteuse et compagne, la quitte, elle tente de la reconquérir en tournant un film plus ambitieux avec son complice de toujours, le flamboyant Archibald. Mais un de leurs acteurs est retrouvé sauvagement assassiné et Anne est entraînée dans une enquête étrange qui va bouleverser sa vie.


Critique :

Un Couteau dans le Coeur fait dans l’exagération permanente, essaye de citer le giallo, veut toucher le baroque. On finit par sentir que certains éléments de l’intrigue ont été pensés uniquement pour citer Refn, De Palma ou Argento (ou pire, pour pouvoir justifier l’utilisation de néons)… Pour un résultat qu’on ne peut que qualifier de vulgaire. 

Ce " tout visuel " est gratuit, exagéré.
Le scénario, supposément sulfureux mais anecdotique, ne rattrape pas le niveau : il oppose un tueur maniaque à un groupe de personnages qui font semblant d’être concernés tout en traitant de loin les problèmes de coeurs du personnage de Vanessa Paradis. Résultat des courses : aucune de ces deux histoires parallèles n’est traitée de façon précise et elles ne forment pas un ensemble cohérent. 



Le petit groupe de jeunes acteurs français est sympathique - bel effort, les garçons - mais Vanessa Paradis joue mal, incapable d’exprimer de la tension sans la surjouer ; ce qui est assez dommageable pour la crédibilité d’un thriller. Son personnage est de toute façon assez unilatéral, entièrement fondé sur le fait qu’elle est toujours amoureuse de son ex-petite amie.
On y retrouve également Noé Hernández, acteur mexicain déjà vu dans le quasi-snuff movie We are the Flesh (Emiliano Rocha Minter, 2016) film qui en comparaison, était vraiment sulfureux et à côté duquel Un Couteau dans le Coeur fait figure de version light et ultra censurée...
 
En définitive, on en vient surtout à se demander ce que fait cette compilation de mauvais goût cinématographique en Sélection Officielle à Cannes...


Augustin Pietron 




Il y a quelque chose d'infiniment passionnant à l'idée que la vision singulière d'un film tel que celui de Yann Gonzalez puisse, plus que la majorité des oeuvres balancées en salles (il n'y a pas d'autre mot, vu la frénésie boulimique de l'exploitation actuelle), susciter une foule d'avis autant positif que négatif, comme s'il était impossible de ne pas se sentir soit totalement hermétique à cette proposition, ou soit totalement sous le charme d'elle.
Objet cinéphilique sur le cinéma ou plutôt, sur ceux qui le nourrissent, totalement enlacé dans une ambiance électrico-casse gueule entre vrai/faux giallo voyeuriste et romantique, mais dont les références ne sont jamais trop écrasante (même si les hommages à De Palma, Argento et Zulawski transpirent à chaque rebords de la pellicule), Un Couteau dans le Coeur déroute autant qu'il envoûte, tant il s'échine à exploiter la dynamique des contraires à tous les niveaux - quitte à volontairement perdre son auditoire le moins impliqué en cours de route.
Une oeuvre mélo et violente qui donne autant qu'elle en exige de son spectateur.


Aussi bien drame onirique sur l'amour que vrai thriller psychologique violemment érotique articulé sur l'ambivalence d'une héroïne désespérée et excessive (Vanessa Paradis, lumineuse) et la fusion jouissive des corps (avec en sous-texte une charge appuyée contre l'homophobie), n'hésitant jamais à dévoiler la crudité de son univers festif mais (très) particulier - le milieu du porno gay des 70's - ou sevira un tueur masqué à la lame facile; le film de Yann Gonzalez, formellement riche et stylisée (une pluralité esthétique qui sert l'expérience qu'incarne le métrage et non l'inverse), sonde tout du long la tristesse d'une romance perdue et la manière de l'apprivoiser, au sein d'une envolée mélancolique, nostalgique, aussi étonnament drôle qu'elle est intensément radicale (même si elle aurait pu l'être plus encore), même si les errances cheap de certaines scènes et les quelques piétinements de l'intrigue (l'enquête hors Paris), atténuent fortement son pouvoir attractif et marquant.
Proche du récent - et brillant - Les Garçons Sauvages dans son audace, Un Couteau dans le Coeur est une oeuvre hétéroclite, hypnotique, insaisissable mais avant tout et surtout, immanquable.

Jonathan Chevrier
 
 

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