[CRITIQUE] : Moi, Tonya
Réalisateur : Craig Gillepsie
Acteurs : Margot Robbie, Sebastian Stan, Allison Janney,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame, Comédie, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.
Synopsis :
En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d'avoir planifié et mis à exécution l'agression…
Critique :
#MoiTonya ou une anti-success story aussi tragique qu'elle est fascinante et énergique, un petit morceau de cinéma étonnement irrévérencieux et décomplexé, shooté aux codes de la comédie burlesque/noire chère aux frangins Coen. Margot Robbie et Allison Janney sont merveilleuses. pic.twitter.com/XrJh499NZW— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 15 janvier 2018
On a beau chipoter - à raison - sur le
manque d'originalité du cinéma ricain et sa passion (entre autres) à
aligner de manière férocement boulimique les biopics en tout genre au
moment ou la saison de la course aux statuettes dorées pointe le bout de
son nez, impossible en revanche, de se plaindre de Moi, Tonya, biopic
choc et prenant sortant clairement des sentiers battus autant dans le
fond que dans la forme.
Outsider de poids aux
oscars, il suit le parcours chaotique et franchement cinégénique de la
patineuse artistique Tonya Harding, ex-prodige de la glace sulfureuse
qui deviendra plus célèbre pour l'affaire sordide la liant avec l'autre
patineuse chouchou de l'Amérique, Nancy Kerrigan, que ses performances
sportives (elle est pourtant la première à avoir réalisé un Triple Axel
en compétition officielle).
Mis
en boîte avec énergie par Craig Gillespie et dominée de la tête et des
épaules par la bombe Margot Robbie, I, Tonya est la véritable autopsie
d'un Rise and Fall aussi tragique qu'il est fascinant, un petit morceau
de cinéma étonnement irrévérencieux et shooté aux codes de la comédie
burlesque/noire chère aux frangins Coen.
Axé sur
les années 80/90, le film se veut autant comme un portrait doux-amer et
criant de vérité d'une jeune femme à qui la vie n'a rien donné et qui tente d'envoyer bouler sa chienne de vie sur la patinoire (famille
pauvre du trou du cul de l'Oregon, un paternel redneck qui l'abandonne,
une mère alcoolique qui la martyrise, un mari qui la bat, une
institution sportive qui la méprise), qu'une ode grisante sur l'abnégation, la détermination
et le dépassement de soi (comme le récent Eddie The Eagle, en moins
feel good movie); un vrai hommage sur pellicule à tous ses rejetés de
l'American Dream, qui se battent pour réaliser leur rêves, jamais à charge contre ses
protagonistes gentiment perturbés - même s'il s'amuse de leurs
contradictions.
Biopic
totalement fou et décomplexé à l'image de sa folle héroïne, figure au
moins autant attachante qu'elle imprévisible et détestable, dynamité par
une mise en scène inventive (Gillepsie est bien aidé par le brillant
chef-op Nicolas Karakatsanis) et un score bouillant - bourré de tubes
des 80's -; Moi, Tonya, habile et cohérent mélange des genres au casting
impeccable (Margot Robbie et Allison Janney sont époustouflantes), est
une jolie et généreuse dramédie menée tambour battant et à l'énergie
réellement communicative, une pure anti-success story intelligente,
empathique et pleine de peps, qui mérite amplement tous ses louanges.
Jonathan Chevrier