[CRITIQUE] : Call Me By Your Name
Réalisateur : Luca Guadagnino
Acteurs : Timothée Chalamet, Armie Hammer, Michael Stuhlberg, Amira Casar,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Italien, Brésilien, Américain.
Durée : 2h13min.
Synopsis :
Été 1983. Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation, et il est proche de ses parents. Sa sophistication et ses talents intellectuels font d’Elio un jeune homme mûr pour son âge, mais il conserve aussi une certaine innocence, en particulier pour ce qui touche à l’amour. Un jour, Oliver, un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l’éveil du désir, au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais.
Critique :
Insouciant comme la jeunesse, déchirant et enthousiasmant comme toute passion véritable, #CallMeByYourName est un formidable mélodrame, une peinture de maître sur l'amour et ses envoûtants prémisses, à la beauté aussi insolente que ses comédiens sont d'une justesse indécente. pic.twitter.com/xndWWId2x2— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 19, 2018
Rien n'est plus beau et marquant qu'un premier amour, cette initiation intense, obsédante du coeur aux affres de la passion, qu'elle qu'en soit l'issue - souvent tragique puisqu'il en appelle d'autre(s).
Sujet central du roman Call Me By Your Name d'André Aciman, auquel il offre une adaptation un poil libre, Luca Guadagnino fait parler la délicatesse de sa caméra pour conter le portrait intime d'un jeune homme à l'aube de la maturité, littéralement bouleversé durant un bel été italien par l'arrivée d'un autre homme dans sa vie, un " invité " troublant, plus mûr et confiant; un être lumineux séduisant qui brûle quand on s'y approche, et qui suscitera en lui une fascination et un désir qui le transformera à jamais.
Cinéaste du réel se laissant parfois aller à quelques hystéries aussi bien visuelles que narratives, Guadagnino caresse avec une grâce et une sobriété rare, l'éveil des sentiments d'un amour supposément interdit aussi sincère et frustrant que sensuel, naissant au beau milieu d'un cadre idylique littéralement hors du temps.
Un balai des sens en apesanteur où deux êtres, Elio et Oliver, laissent parler leur irrésistible attirance commune et ne forment plus qu'un pour jouir en osmose du bonheur de la vie et de ses instants rêvés beaucoup trop fugaces.
Plus que de les sublimer, le cinéaste rend ses moments profondément viscéraux et empathiques, place le spectateur aux plus près des sensations ressentis par ces fougueux amants, et somme la pellicule de s'infuser de la fragilité d'un regard, la douceur d'une étreinte, la fermeté d'un fruit symboliquement défendu.
Jamais subversif malgré un sujet peu aisé à négocier, bercé par une lumière d'été brûlante mais jamais écrasante (la photographie de Sayombhu Mukdeeprom est léchée), insouciant comme la jeunesse, déchirant et enthousiasmant comme toute passion véritable, Call Me By Your Name est un formidable mélodrame, une peinture de maître sur l'amour et ses envoûtants prémisses, à la beauté aussi insolente que ses comédiens sont d'une justesse indécente (Timothée Chalamet et Armie Hammer, magnétiques et authentiques).
Une belle et grande expérience sensorielle, un beau et grand film sur l'amour, tout simplement.
Jonathan Chevrier