[CRITIQUE] : Ça
Réalisateur : Andres Muschietti
Acteurs : Bill Skarsgard, Jaden Lieberher, Finn Wolfhard,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h15min.
Synopsis :
Plusieurs disparitions d'enfants sont signalées dans la petite ville de Derry, dans le Maine. Au même moment, une bande d'adolescents doit affronter un clown maléfique et tueur, du nom de Pennywise, qui sévit depuis des siècles. Ils vont connaître leur plus grande terreur…
Critique :
#ÇaLeFilm est un intense cauchemar sur pellicule prenant les traits d'un douloureux & attachant teen movie sur une poignée de gosses maudits pic.twitter.com/ZJBSL0uhL0— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 12, 2017
Il y avait de quoi avoir sacrément peur face au remake du cultissime Ça, dont la production méchamment houleuse (Cary Fukunaga...) nous avait refroidi un brin, ajouté à l'idée qu'il nous était impossible de voir un autre acteur que l'inestimable Tom Curry, dans la peau du terrifiant Pennywise aka Grippe-sou.
Monument de l'horreur des 90's - vingt-sept ans au compteur -, et de loin l'une des meilleures adaptations d'un bouquin de Stephen King, Ça - Il est Revenu a traumatisé toute une génération et il est évident que sa relecture, mis en boite par Andres " Mama " Muschietti, en fera tout autant... voir même pire.
Car à l'heure ou le cinéma horrifique ricain semble connaitre une nouvelle jeunesse plutôt enthousiasmante (Get Out, It Comes at Night, Annabelle 2 : La Création du Mal,...), Ça enfonce le clou et redéfinit ce qu'est d'avoir réellement peur dans une salle - rarement aussi - obscure.
Reprenant avec fidélité et respect le roman d'origine, le film de Muschietti (définitivement un cinéaste à suivre) s'impose avant tout et surtout, comme un douloureux drame humain sur une poignée de gosses maudits, autant par une figure fantasmagorique implacable (Pennywise) que par une vie qui leur donne plus de coups que de raison (parents abusifs ou absents, manque d'attention/intérêt de la part des adultes, camarades de classes violents, maladies/névroses tenaces,...).
A l'image de Stranger Things - la référence du moment - qui prenait le parti de gosses aussi attachants qu'ils étaient furieusement motivés à retrouver l'un des leurs, supposément mort (Will pour la bande d'Hawkins, le petit Georgie pour celle de Derry), It - titre en v.o. - se veut comme un teen movie lambda sortit tout droit de l'époque bénie des 80's (sans pour autant tomber dans le fan-service bête et facile), au sein duquel une figure terrifiante et puissante (manifestation de leurs plus grandes peurs), va obliger une bande de losers magnifiques magnifiquement empathique grâce à la prestation pleine d'authenticité d'une poignée de gamins; à rentrer avec fracas dans le si compliqué âge adulte par la force d'une aventure qui les marquera à jamais.
A contre-courant des productions horrifiques actuelles, Muschietti, à l'instar de M. Night Shyamalan, Jeff Nichols et J.J. Abrams (les plus dignes héritiers contemporains de Spielberg et Amblin), manie avec finesse le processus de citation/réappropriation, salue avec révérence ses icônes inspiratrices, limite ses jumpscares au maximum tout en misant sur une horreur et une violence férocement graphique; symbolisée par un Pennywise diabolique et flippant à souhait, boogeyman effrayant, capable d'attaquer tout le monde et de n'importe qu'elle manière qu'il soit.
Un monstre cauchemardesque, demi-frère assumé de Freddy Krueger (jusque dans les répliques assassines), qui dérange autant qu'il terrifie, campé avec prestance par un étonnant - vraiment - Bill Skarsgard.
Morbide et poétique à la fois, rythmé comme un cauchemar éveillé intense, parsemé de trop rares - mais salvatrices - bouffée d'air frais (notamment grâce à un humour léger inhérent au teen movie), Ça version 2017 surpasse de la tête et des épaules son illustre ainé télévisé, et s'impose comme l'un des meilleurs films horrifiques de ces dernières années (avec, entre autres, It Follows et Conjuring).
Après leur parents dans les années 90, les gamins des années 2000/2010 ont (enfin) trouvé le film de la décennie qui les traumatisera, comme quoi Pennywise est vraiment éternel...
Jonathan Chevrier