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[CRITIQUE] : Manchester By The Sea


Réalisateur : Kenneth Lonergan
Acteurs : Casey Affleck, Lucas Hedges, Michelle Williams, Kyle Chandler, Gretchen Mol, Matthew Broderick,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min.

Synopsis :
Manchester By the Sea nous raconte l’histoire des Chandler, une famille de classe ouvrière, du Massachusetts. Après le décès soudain de son frère Joe (Kyle Chandler), Lee (Casey Affleck) est désigné comme le tuteur de son neveu Patrick (Lucas Hedges). Il se retrouve confronté à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi (Michelle Williams) et de la communauté où il est né et a grandi.



Critique :



On a beau apprécier plus que de raison Ben Affleck, et encore plus depuis que le bonhomme a eu le bon gout de passer derrière la caméra, force est d'avouer que ce n'est rien comparé à son petit frangin, Casey, de loin l'un des talents les plus passionnants à suivre du cinéma ricain.
Monument discret du circuit indépendant, plus proche finalement de son frère d'adoption (Matt Damon) que de son illustre ainé, il a su se composer une carrière à la hauteur de son talent : impressionnant.
S'il était passé à côté de l'oscar en 2007 (meilleur second rôle pour l'Assassinat de Jesse James par le lâche John Ford), cette année, gageons que la statuette dorée du meilleur acteur lui tend méchamment les bras grâce au sublime Manchester By The Sea (projet un temps porté par... Matt Damon).



Bête de festivals et estampillé " péloche lacrymal de l'année ", le nouveau long métrage de Kenneth Lonergan, encore traumatisé par son expérience traumatisante Margaret, incarne pourtant le sommet d'un genre que l'on peut désormais appeler le " Casey Affleck Movie ".
Dans Manchester... (ville du New Hampshire, et non d'Angleterre) merveilleux drame aussi bouleversant et classique qu'il est totalement épuré, il se fond avec justesse dans la carcasse bougonne et taiseuse de Lee Chandler, homme à tout faire et rejeton d'une famille de la classe ouvrière, dont le quotidien se résume à résoudre les petits tracas des habitants des immeubles de Boston dont il a la charge, tout autant que d'écumer les bières le soir dans le bar du coin - bagarres en prime.
Mais son existence se verra vite troublée par un appel qu'il redoutait depuis toujours : un appel familial lui annonçant la mort de son frère, Joe, cardiaque; un décès qui l'obligera à revenir, à contre-coeur, dans sa ville natale non seulement pour les obsèques de son frangin mais également pour la lecture de son testament; qui lui réservera une douloureuse surprise.
Traumatisé par la culpabilité d'évènements qui l'obligea à quitter autant sa femme Randi que la région, il va devoir cette fois revenir pour de bon, combler les brèches de son passé et s'occuper de son neveu Patrick...



Drame virtuose prenant la forme d'un déluge d'émotions à la délicatesse renversante, loin des clichés préfabriqués et jamais vraiment englué dans le pathos de supermarché, Kenneth Lonergan gratte la carapace torturée de ses personnages pour mieux mettre en images des sentiments vrais, sincères et follement empathique, et faire de son Manchester By The Sea, une claque sans nom.
Esthétiquement parfait, de la photographie froide et naturelle à la lumière absolument parfaite, le cinéaste impressionne surtout par la prouesse de son écriture éclatée et antichronologique, parsemé de flashbacks aussi informatifs que déroutants, qui accentuent encore plus l'impression de trouble qui émane de ce brillant morceau de cinéma, entre mélodrame et comédie douce-amère; sur deux êtres apprenant à apprivoiser aussi bien leurs plaies que leur nouvelle existence commune, dans un petit patelin de l'Amérique profonde, à la communauté faussement soudée et bienveillante.
Face caméra, si l'on peut louer les présences lumineuses - mais trop rare - de Kyle Chandler et Michelle Williams, c'est surtout les numéros de Lucas Hedge et Casey Affleck qui marquent le plus.



Le premier, parfait en ado paumé, volage et attachant, renvoi habilement la balle à un second totalement habité dans la peau d'un homme incapable de se reconstruire (au point de constamment s'auto-punir), et dont on ressent le désarroi et la douleur immense qui l'habite, à chaque regard.
D'une richesse et d'une puissance incroyable, à l'émotion aussi pure et sincère que son propos est douloureux et lumineux à la fois, Manchester By The Sea est un bijou à l'état brut, un drame profondément humain, délicat et authentique sur le deuil et la reconstruction, comme on aimerait en voir plus souvent.
Le gros concurrent de La La Land dans la course aux statuettes dorées, est bien là.


Jonathan Chevrier



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