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[CRITIQUE] : Legend


Réalisateur : Brian Helgeland
Acteurs : Tom Hardy, Emily Browning, Paul Anderson, Christopher Eccleston,...
Distributeur : Studio Canal
Budget : 25 000 000 $
Genre : Biopic, Policier.
Nationalité : Britannique, Français.
Durée : 2h11min.

Synopsis :
Londres, les années 60. Les jumeaux Reggie et Ronnie Kray, célèbres gangsters du Royaume-Uni, règnent en maîtres sur la capitale anglaise. À la tête d’une mafia impitoyable, leur influence paraît sans limites. Pourtant, lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du business, la chute des frères Kray semble inévitable…


Critique :



Pas manchot derrière la caméra (les efficaces Chevalier, Le Purifacteur mais surtout Payback), le talentueux Brian Helgeland n'est finalement célébré que pour ses scénarios d'exception, L.A. Confidential (statuette dorée à la clé), Man on Fire ou encore Mystic River.

Décidément tourné vers les biopics fascinants depuis son sublime 42 (avec Chadwick Boseman, ou l'histoire du mythique joueur de baseball Jackie Robinson, symbole de la lutte pour les Droits Civiques et premier sportif noir a avoir intégré la major league), encensé outre-atlantique - mais sorti dans l'anonymat par chez nous -; le voilà de retour en ce  doux mois de janvier ciné 2016 avec l'alléchant Legend, sa cinquième réalisation.


Ou l'histoire vraie des jumeaux Reggie et Ronald Kray, gangsters anglais ayant régné sur les bas-fonds Londonnien durant la majeure partie des 60's.
Le premier était un calculateur aussi calme que séduisant, le second était un paranoïaque schizophrène et violent; deux figures de la pègre aussi frangins qu'ils sont foncièrement différent l'un de l'autre, et qui ont déjà eu les honneurs d'une adaptation sur grand écran en 90 (Les Frères Kray de Peter Medak).

Pour sa nouvelle plongée dans les entrailles du crime qu'il connait finalement mieux que bien, à peine deux mois après le magistral Strictly Criminal - qui prenait lui aussi pour intrigue le destin d'une figure réelle et respectée de la mafia -, Helgeland entend bien marqué l'esprit des cinéphiles que nous sommes avec son biopic ciblé, au moins tout autant que son compatriote Scott Cooper.

Sa botte secrète ?
Offrir le rôle complexe des deux jumeaux à un seul et même comédien, le génie britannique qu'est l'inestimable - oui, il l'est - Tom Hardy, visiblement toujours aussi inspiré dans ces choix (Mad Max Fury Road l'an dernier, The Revenant le mois prochain).


Portrait intime (notamment par le biais de la voix-off, personnifié par Frances) de ses légendes - comme le titre l'indique - du crime, émotionnellement fort et complétement imprévisible, Legend déjoue les codes du genre biographique tout en s'appropriant avec respect ceux du film de gangster pour incarner non seulement un efficace et référencé gangster movie, mais avant tout et surtout un puissant drame familial sur la relation complexe et chaotique entre Reggie et Ronald (voir même celle amoureuse entre Reggie et sa femme, Frances), à la limite de l'alliénance.

Très 70's dans son traitement frontal de sa violence et des rapports humains tout autant que dans sa grammaire cinématographique, fascinant et cohérent de bout en bout, le film est une fascinante et radicale chronique criminelle portée par des partis-pris scénaristiques malins (malgré une voix-off assez envahissante) ainsi que par une mise en scène et un découpage épousant parfaitement l'ambivalence et la dualité de ses personnages.

Reste que le métrage ne serait cependant rien sans l'implication bigger than life d'un Tom Hardy qui porte littéralement le film sur ses larges épaules via une double interprétation décomplexée, entre subtilité et ostentation.
D'une ampleur incroyable, sa performance, notamment mise en valeur par les excellents seconds couteaux Taron Edgerton et Emily Browning (surtout), parvient sans mal à faire exister pleinement les deux frères à l'écran.


Il est l'attraction majeur du solide Legend, anti-biopic fascinant façon gangster movie personnel, brutal et poignant abordant l'imposante histoire des frangins Kray, deux personnalités importantes de la pègre britannique qu'on ne serait pas étonné de voir débouler une nouvelle fois dans nos salles obscures, eux qui ont affolé la littérature au fil des ans.

Une franche réussite au sein d'un premier mois de 2016 qui en compte déjà quelques-unes plus que notable (Les Huit Salopards, Creed et Spotlight).


Jonathan Chevrier