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[CRITIQUE] : The Walk - Rêver Plus Haut


Réalisateur : Robert Zemeckis
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Charlotte Le Bon, Ben Kingsley, Clément Sibony, James Badge Dale,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Biopic, Aventure, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h03min.

Synopsis :
Biopic sur le funambule français Philippe Petit, célèbre pour avoir joint en 1974 les deux tours du World Trade Center sur un fil, suspendu au-dessus du vide.


Critique :



Revenir sur la qualité incroyable de la filmographie de Robert Zemeckis reviendrait, comme pour Steven Spielberg , David Fincher ou encore James Cameron, à abattre un boulot de titan tant il y a de choses à dire sur ses péloches, salement marquées au fer rouge dans la psyché de tout cinéphile un minimum avertit.

A la Poursuite du Diamant Vert, la trilogie Retour vers le Futur, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Forrest Gump, Contact, Apparences, Seul au Monde ou encore Flight... force est d'admettre que très peu de cinéastes peuvent se targuer d'avoir une filmo jonglant entre les genres aussi bandante d'excellence, et beaucoup vendrait certainement mère et père pour en avoir ne serait-ce qu'une infime partie.

C'est un fait, le Robert tout aussi discret qu'il soit, est incontestablement l'un des plus grands metteurs en scènes de ses trente dernières années, point à la ligne.


Mais au sein de l'immense puits à génie qui lui sert de caboche, le bonhomme a un sacré talon d’Achille, plus fragile que le talon d'Achille lui-même : ses envies révolutionnaires.

Et pendant près de douze années, il se sera évertuer à vouloir façonner ce qui pouvait/devait être le cinéma de demain, le virtuel et la performance capture.
En l'espace de trois films (Le Pôle Express, La Légende de Beowulf et Le Drôle de Noël de Scrooge), il va littéralement ruiné son aura de génie.

Non pas que ses essais soient foncièrement mauvais (ils sont au demeurant plus que correct même si, aléas d'être un pionnier en la matière, les défauts des captures sont grossiers), bien au contraire, le soucis résidant bien plus dans le fait que son audace à complétement été boycotté aussi bien par les critiques que le public en salles.

Un uppercut en pleine poire injuste quand on sait qu'ils ont, aussi imparfaits soient-ils, ouvert la porte aux cartons des sublimes Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (Spielberg avait avouer de sa bouche qu'il n'aurait jamais oser le faire sans le travail fait sur ce procédé par Zemeckis) et Avatar de James Cameron.


Plus qu'un précurseur incompris, surement un peu frustré par son sort (Disney ayant même fermer son studio 2011), Zemeckis nous était revenu en 2013 avec la hargne au ventre via le grandiose Flight, chronique viscérale et maitrisé d’un pilote alcoolique ayant sauvé les passagers d’un avion d’un crash avant de se voir condamné pour ses addictions.

Véritable critique de l'Amérique contemporaine prenant la forme d'une œuvre psychologique et humaniste renversante, le cinéaste réglait ses comptes avec ses détracteurs (tous ceux pensant qu'il avait perdu son mojo) tout en offrant l'un des plus beaux rôles à ce jour, au génial Denzel Washington.
Définitivement de retour dans le game, il nous revient en cette riche fin d'année ciné 2015 avec The Walk - Rêver Plus Haut (ex-To Reach The Clouds), biopic du funambule français Philippe Petit avec le précieux Joseph Gordon-Levitt en rôle-titre et qui ne cesse de nous vendre du rêve depuis le début de sa (très belle) campagne promotionnelle.

Un biopic donc ou plus exactement une adaptation de ses mémoires éponymes, qui relate - entre autres -, comment il a traversé le vide entre des monuments célèbres sur un fil tendu, des monuments tels que les deux tours jumelles du World Trade Center ou encore par chez nous, la Tour Eiffel et le Trocadero.

Et à l'instar du documentaire Le Funambule - récompensé aux oscars en 2008 -, Zemeckis s'attache également à sa traversée entre les deux tours jumelles (alors encore en construction); un défi de malade qui défraya la chronique en son temps et que le cinéaste retranscrit avec panache au sein d'un conte ou rêverie et folie ne forment plus qu'un.


A des années lumières des biopics linéaires et formatés pondus par Hollywood la putain ces dernières années, The Walk dénote par la richesse de son propos et l'intelligence de son écriture.

Retraçant dans les grandes lignes les moments les plus importants de la vie de son personnage vedette via une narration chronologique et faussement complexe parsemée de flashbacks; le film installe dans un contexte idéal le spectateur pour qu'il comprenne le pourquoi du comment qui a amené Petit, dont on ne doute pas une seule seconde de la folie (aussi absurde que géniale soit-elle), à vouloir braver les lois de la gravité et de la raison.

Le film est inspiré d'une histoire vraie, et dès son introduction, on comprend que Zemeckis ne contera qu'une seule et unique histoire, celle follement empathique de Philippe Petit - campé avec justesse par un grand Joseph Gordon-Levitt - qu'il s'amusera d'ailleurs lui-même à nous narrer, du haut de la statue de la Liberté (plus spectaculaire qu'une simple voix-off !).

Multipliant les genres avec aisance (conte/romance lunaire, thriller tendu, film de casse,...), The Walk est une plongée sans filets dans l'imaginaire magique et fantaisiste du metteur en scène que l'on a rarement vu aussi rêveur et inspiré depuis Forrest Gump; une expérience incroyablement immersive jusque dans un dernier tiers absolument grandiose - la fameuse traversée -, proche de l'extase sur pellicule et offrant de véritables sensations de vertiges jusqu'alors jamais ressentis dans une salle obscure.


Porté par une mise en scène de haut vol à la méticulosité indécente (jusque dans la 3D, qui n'a jamais été aussi légitime depuis Gravity), un soucis du détail remarquable contrebalançant constamment avec une finesse d'écriture surprenante (des dialogues à chacune des scènes en passant par la description des personnages, il n'y a aucun bout de gras à tailler) et un montage dynamique et sans aucun temps mort; le métrage est un sommet de poésie drôle et touchant, une véritable ode crédible à la persévérance à la beauté incendiaire et au casting impeccable.

Robert Zemeckis va plus loin que de nous conter l'histoire de Phillipe Petit, il nous la fait vivre à travers l'écran.

En résulte dès lors sans l'ombre d'un doute l'un des plus beaux films de cette fin d'année ciné 2015, et sans contestation aucune l'une des expériences de cinéma les plus prenantes et vertigineuses de la décennie.


Jonathan Chevrier

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