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[CRITIQUE] : Tale of Tales


Réalisateur : Matteo Garrone
Acteurs : Salma Hayek, John C. Reilly, Vincent Cassel, Toby Jones,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Fantastique.
Nationalité : Italien, Français, Britannique.
Durée : 2h13min.

Synopsis :
Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d'enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.


Critique :

Pas qu'un petit personnage ce Matteo Garrone, papa des excellents Gamorra et Reality, tous deux primés par le Grand Prix à Cannes (en 2008 et 2012), mais surtout chef de file du renouveau du cinéma transalpin, qui avait bien besoin d'un regain de fraicheur.

A l'image du génial Nanni Moretti, le bonhomme a fait de la Croisette son nouveau terrain de jeu d'exception, et une fois n'est pas coutume pour son nouveau long métrage, l'alléchant Tales of Tales, il a eu les honneurs de la compétition officielle en mai dernier même si cette fois-ci, il est rentré bredouille chez lui.


Adaptation libre et ambitieuse du recueil fantastico-violent de Giambattista Basile (le premier recueil de contes en Europe, source d'inspiration pour bon nombres d'écrivains de renoms, de Perrault aux frangins Grimm, entre autres), illustre poète italien ayant vécu entre le XVI et le XVII siècle, l'histoire à l'univers aussi fantastique que fantasque de ce Conte des Contes à la bande annonce des plus bandantes - citant autant Del Toro que Pasolini -, laissait présager une orgie folle peuplée de rois libertins, de femmes qui rêve autant d'une progéniture que d'éternité, d'ogres, de monstres, de sorcières et de fées.

Le tout sous la forme d'un virage hautement casse-gueule pour un jeune cinéaste peu habitué à ce genre de défi.

Autant le dire tout de suite sur le papier, Tale of Tales envoyait sacrément du petit bois au sein d'un festival qui contait ses ovnis sur les doigts d'une main, mais surtout au sein d'un septième art actuel (bon, surtout Hollywood) qui accumule les productions navrantes usant abusivement du retour à la mode du conte sur le grand - mais aussi le petit - écran (Disney a d'ailleurs sacrément la main lourde niveau adaptation ces temps-ci).


Le hic c'est qu'après vision, le nouveau Garrone aussi onirique et décalé soit-il, ressemble in fine à un gros fourre-tout brouillon, foutraque et maladroitement référencé, un conte dénué de toute la rêverie magique et de la morale symbolique inhérente au genre, malgré une maestria visuelle et un casting impliqué à la qualité indéniable.

Tales of Tales donc, ou les histoires dans l'histoire de trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d’enfant…

Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.


Garrone, clairement influencé par le Décaméron de Pasolini, creuse encore un peu plus ici le sillon de ses obsessions (la violence cru et la part sombre de l'humanité) au sein d'histoires destinées à un public averti qu'il cherche maladroitement à emboiter entre elles pour en former une " ultime " (le fameux Conte des Contes), une structure narrative inégale anéantissant de facto son impact évocateur mais surtout son intérêt.

On passe d'une intrigue à une autre de manière totalement détaché malgré une sublime scène d'ouverture des plus prometteuse, et l'on peine à réellement capter le sens ni même la légitimité de ce gloubiboulga inutilement complexe, complétement barré et souvent grotesque, pétri d'images aussi belles que fortes et à l'identité baroque totalement assumée - mais rarement jouissive -, dominé par une direction artistique enlevée (des décors aux costumes en passant par le score de Desplat).

Très contemporain dans son traitement de thèmes résonnant avec la société actuelle, assez cul (et le mot est faible, ça fornique dans tous les sens) mais définitivement trop long, mal rythmé, rarement poétique et froid, Tale of Tales nous emporte cependant dans sa sauvage folie grâce à la force de ses interprètes qui lui sont totalement voués, d'une Salma Hayek époustouflante à un Vincent Cassel cabotineur à souhait, sans oublier un inestimable John C. Reilly follement charismatique.


Séduisant pour ces belles images et ses beaux acteurs, nettement moins pour ce qui s'avère de son (ses) histoire(s), le film incarne un surprenant moment de cinéma unique et fantaisiste, mais croule sous le poids de ses nombreux défauts pour réellement convaincre et émouvoir son spectateur.

Même si il faut admettre que Matteo Garrone aura décemment signé ici, à n'en pas douter, l'une des péloches (si ce n'est LA) les plus colorées et barrées de cette riche année ciné 2015.


Jonathan Chevrier

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