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[CRITIQUE] : Serena


Réalisateur : Susanne Bier
Acteurs : Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Rhys Ifans, Toby Jones, Sean Harris,...
Distributeur : Studio Canal
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
À la fin des années 20, George et Serena Pemberton, jeunes mariés, s’installent dans les montagnes de Caroline du Nord, où ils sont décidés à faire fortune dans l’industrie du bois. Dans cette nature sauvage, Serena se montre rapidement l’égale de n’importe quel homme et règne d’une main de fer avec son mari sur leur empire. Lorsque Serena découvre le secret de George alors qu’elle est elle-même frappée par le sort, leur couple passionné et impétueux se fissure. Leur destin les entraîne vers la plus terrible des tragédies…


Critique :

Et si le duo Bradley Cooper et Jennifer Lawrence était tout simplement devenu l'un des descendants direct de ces couples de cinéma mythiques d'antan comme on n'en trouve plus ou presque aujourd'hui ?
La question à le mérite d'être posé, tant les deux comédiens crèvent littéralement l'écran lorsqu'ils ont la chance de se retrouver ensemble devant une caméra.

Déjà associés deux fois par David O'Russell en deux ans (et peut-être une troisième fois dans son prochain long qui compte déjà J-Law en son casting) via les exceptionnels Hapiness Therapy et American Bluff, voilà qu'on les retrouve cette semaine dans le Serena de l'excellente Susanne Bier, déjà tourné il y a belle lurette (début 2012) et qui a trouvé difficilement son chemin dans les salles obscures hexagonales - mais pas que.

Un timing pour le moins adéquat pour l'actrice, qui va certainement faire péter la baraque d'ici sept jours dans le nouvel opus attendu des aventures de Katniss Everdeen - Hunger Games : La Révolte Partie 1 -, timing également emprunter par la distribution de Paradise Lost ou se trouve l'autre héros de la franchise pour ados, le juste Josh Hutcherson.


Adaptation au combien alléchante du roman homonyme de Ron Rash, le nouveau long de la cinéaste danoise avait tout en lui pour nous séduire au plus haut point, d'un casting vedette indécent de talents (Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Rhys Ifans, Toby Jones et Sean Harris) à un pitch dramatique accrocheur, ainsi que la promesse d'une grande fresque romanesque comme on n'en fait plus.

Et si le pari était fortement risqué, force est d'admettre qu'au final, malgré quelques défauts assez dommageable, Susanne Bier réussi pleinement son coup et accouche aisément de l'un des plus beaux hommages récent à l'age d'or Hollywoodien.

Serena donc, ou l'histoire de George Pemberton et sa femme Serena qui, pendant la Grande Depression, s'installent en Caroline du Nord pour y développer une grande entreprise de bois de construction.
Bien qu'étrangère à cette région inhospitalière, la belle Serena s'impose rapidement comme l'égale des hommes à la tête d'un empire forestier.
Fragilisé par la découverte de l'existence de l'enfant que George a eu dans ces montagnes des années plus tôt, le bonheur du couple vole en éclat lorsque Serena apprend qu'elle ne pourra pas être mère.

Elle se perd alors dans une colère vengeresse contre le fils illégitime de George...


Difficile de ne pas avouer que Serena ne pète pas dans la soie de l'originalité, tant son histoire d'un homme, grand entrepreneur de Caroline du Nord, qui s'éprend d'une mystérieuse femme qui le mènera irrémédiablement à sa perte, convoque aisément les grands classiques de l'âge d'or Hollywoodien, jusque dans les apparats glamour du couple Cooper/Lawrence.

Un certain classicisme qui nuit par ailleurs considérablement à la prévisibilité de l'intrigue dont tous les événements et rebondissements majeurs deviennent perceptibles une heure à l'avance pour tous ceux ayant été bercés par les plus beaux mélodrames du cinéma ricain.
Point surprenant et encore moins original donc, Serena embrasse même une pléthore de clichés faciles allant d'une grandiloquence forcée (et à la limite du ridicule), une image faussement glamour allant de pairs avec quelques raccourcis scénaristiques un peu trop voyant, et certaines longueurs fortement dommageable.

Dit comme cela, le nouveau long de la talentueuse cinéaste serait presque impossible à recommander aux cinéphiles les plus endurcis et pourtant cela est tout le contraire.
Bien entendu, la péloche est loin de la grande fresque romantico-dramatique attendue, mais elle n'en reste pas moins une péloche joliment riche et dont il est évident qu'elle aurait pu prétendre à meilleur constat avec un peu plus de rigueur.

Tout aussi love story sombre et bouillonnante que critique virulente contre le libéralisme, Bier dresse un portrait troublant et d'une noirceur proprement étonnante, d'une époque finalement pas si lointaine de celle que nous vivons actuellement, d'un point de vue économique (l'Amérique meurtrie Post-Depression, ou les hommes exploitent avidement et aveuglement les ressources naturelles pour leur propre bien) que réaliste (Dame nature et sa force sourde, faisant comprendre bien vite à ceux qui la pillent, qu'ils ne peuvent être que dépassé par sa puissance).


Habitué à mettre en scène la violence qui couve sous le quotidien, la cinéaste danoise n'hésite jamais à glorifier la beauté de la nature, des cadres merveilleux aux environnements absolument ébouriffant, tout en rappelant sans cesse leur dureté, leur dangerosité.
Un symbolisme que l'on peut aisément retrouver dans le personnage de Serena, beauté sauvage à la fureur indomptable, objet de convoitise manipulatrice qui n'hésitera jamais à user des hommes et de l'amour pour parvenir à ses fins.

Une rose méchamment fascinante et épineuse qui mènera inconsciemment son mari à sa perte...
Dans son rôle, Jennifer Lawrence est plus flamboyante et furieuse que jamais, tandis que la partition on ne peut plus solide de Bradley Cooper - tout autant que celle de l'admirable Rhys Ifans - lui rend magnifiquement le change.

Alors tant pis si Serena n'est pas surprenant et encore moins original, puisqu'il est sans nul doute un drame visuellement sublime et fort, à la réalisation aussi solide que son casting.
Pas un grand film certes, mais une jolie réussite éclatante et au propos étonnamment audacieux.

Et c'est déjà (très) bien.


Jonathan Chevrier


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