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[CRITIQUE] : Dallas Buyers Club


Réalisateur : Jean-Marc Vallée
Acteurs : Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner, Steve Zahn,...
Distributeur : UGC Distribution
Budget : 5 500 000 $
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.

Synopsis :
1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.




Critique :

Depuis 2005, l'excellent Jean-Marc Vallée est dans l'esprit des cinéphiles comme l'un des cinéastes à suivre de très (très) près.

Si certes ces Victoria : Les Jeunes Années d'une Reine et Café de Flore, n'ont pas la puissance touchante et universelle de son premier long, C.R.A.Z.Y., force est d'admettre que l'idée de le voir toucher à un sujet aussi fort que le Sida, avec un casting frisant l'indécence de talent (Jennifer Garner mais surtout Matthew McConaughey et Jared Leto), avait de quoi nous allécher au plus haut point et ce, même si cela devait incarner sa première incursion risquée - comme toujours avec les cinéastes de talents -, au sein d'Hollywood la putain broyeuse de talents.

Inspiré d'une histoire vraie, Dallas Buyers Club suit l'histoire du redneck made in Dallas, Texas, Ron Woodroof, électricien et champion de rodéo, mais également accessoirement homophobe, raciste, accro au sexe et à la drogue, soit une jolie panoplie de super (héros) connard dans toute sa splendeur.
Pour lui, tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce qu'il apprend un jour de 1986, qu'il est séropositif et qu'il ne lui reste plus que trente jours à vivre.

Mais refusant d'accepter son putain de sort de merde, le bonhomme va se mettre en quête de trouver des traitements alternatifs encore non-autorisées par l'administration américaine, pour s'offrir une chance de gouter un petit peu plus aux joies de la vie.
Se lançant par la suite dans un véritable business, il proposera ses services à d'autres victimes de la maladie, en échange d'un abonnement mensuel de 400 dollars.


Loin de n'être qu'une chronique sur toute une génération frappée par le virus HIV, Dallas Buyers Club c'est surtout l'histoire méconnue mais vrai d'un homme individualiste qui déjoua tous les diagnostics pour rester en vie sept longues années, là ou on le lui en offrait - médicalement parlant - qu'à peine un tout petit mois.

A travers le parcours incroyable de l'antipathique Woodroof, redneck pétri de défauts qui, muer par l'instinct de survie, vaincra ses préjugés pour devenir un Robin des Bois des temps modernes en guerre contre l'industrie pharmaceutique, Vallée met en lumière la prise de conscience d'une population toute entière face à un mal qu'elle pensait jusqu'alors, en être préservé puisque le Sida ne " pouvait " que toucher les homos et les trans...

A des années lumières des clichés Hollywoodiens et du pathos de supermarché, le cinéaste n'est jamais écrasé sous le poids grave et intense de son sujet, regardant avec âpreté et sans concession, la maladie dans une histoire follement décomplexée et divertissante, parsemée de touches d'émotions fortes, d'humour mais surtout d'instants douloureusement humains.

Si le script, aussi efficace soit-il, manque parfois de rythme et hésite (trop) entre la farce grinçante et le portrait édifiant d'un homme transcendé par le malheur qui le frappe - même si il a le bon gout d'asséner une bonne critique dans les dents, aux autorités gouvernementales US incapable de servir et d'offrir des solutions à leur citoyens nécessiteux -, la mise en scène elle, tape constamment juste (souvent caméra à l'épaule, aux séquences filmés rapidement, mais pas à la va-vite pour autant) et sert à merveille les prestations monstrueusement appliquées et impliquées de son duo-titre, les inestimables Matthew McConaughey et Jared Leto.


Le premier, effrayant de maigreur, offre une composition à l'opposée de l'image de playboy qu'Hollywood a voulu lui coller sur ses tablettes de chocolat pendant plus de dix piges, dans la peau de l’exécrable - mais pas si détestable au fond - Woodroof.
Il démontre jusqu'à l'extrême - et c'est peu le cas de le dire -, toute l'étendue de son immense talent, rendant presque humain un homme qui ne donnait pourtant aucune impression de l'être de prime abord.

Le second, absent des écrans depuis quatre (beaucoup trop) longues années, est bouleversant dans les talons d'un transsexuel toxicomane, une grande gueule qui s'effeuille peu à peu.
Lentement bouffés par la Grande Faucheuse qui sait qu'elle les aura au tournant tôt ou tard, leur duo - amitié aussi tendre qu'hargneuse - tout autant que leurs performances à la fois troublantes, nuancées et fascinantes, sont le véritable cœur vibrant du métrage.

Totalement voué à ses interprètes et ne s'apitoyant jamais sur ses personnages, Dallas Buyers Club est un drame humble et destructeur, foutrement nécessaire à une époque comme la notre, ou la prévention contre le Sida a perdu de sa verve là ou la maladie elle, n'a pas perdu un poil de son impact destructeur.


A l'instar du plus " judiciaire " Philadelphia  de Jonathan Demme, le film marque et ému sans pour autant choquer au plus profond de son être son spectateur.

Une grande composition sur l'injustice de la vie, qui serait justement injuste de ne pas récompenser aux prochains Oscars, McConaughey et Leto semblant qui plus est, être littéralement au-dessus du lot dans leurs catégories respectives...


Jonathan Chevrier


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