[CRITIQUE] : Queerpanorama

Réalisateur : Jun Li
Acteurs : Jayden Cheung, Erfan Shekarriz, Sebastian Mahito Soukup, Arm Anatphikorn,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Hongkongais.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
Un homme se glisse dans la peau de chacun de ses amants, s’appropriant leur personnalité au gré de ses rencontres. Ce n’est qu’en devenant un autre qu’il parvient à être pleinement lui-même.

S'il y a bien une chose qu'il est impossible de reprocher au cinéaste chinois Jun Li (dont les deux premiers efforts, Tracey et Zuk seoi piu lau, ont tout simplement été exemptés de sortie dans l'hexagone) et, peut-être plus encore à son troisième passage derriere la caméra, Queerpanorama (meilleur titre de la semaine), c'est sa nature profondément atypique, qu'il assume avec une décontraction à toute épreuve particulièrement rafraîchissante.

Embaumé dans un noir et blanc cotonneux qui rappelle instinctivement le cinéma de Jim Jarmusch (une filiation qui ne se limite pas qu'à un simple point de vue formel), le film se veut comme une exploration singulière et tout en saynètes/sketchs, des expériences romantiques et sexuelles d'un jeune homosexuel Hongkongais fermement ancré dans la vingtaine (voire même à l'aube de la trentaine) et qui enchaîne les rencontres sans lendemain; dites pérégrinations qui seraient fortement inspirées par les propres aventures personnelles de son cineaste.

La particularité de cette odyssée intime et insolite ?
Le dit protagoniste, anonyme et pleinement en quête de lui-même, s'approprie plusieurs éléments de l'identité de sa dernière conquête (qui sont toutes d’âge, de condition sociale et même d'origines différents) pour les faire passer pour siens auprès de sa rencontre suivante...

Tout du long logé dans une dynamique entre le documentaire et la fiction, aperçu brut et au naturel saisissant de la vie queer à Hong Kong (tout en invitant à ne jamais juger vulgairement, la culture contemporaine, puisque motivé par les diverses applis de rencontres, des aventures sans lendemain), qui aborde - et filme - crûment la sexualité tout autant qu'il se perd parfois un chouïa dans la linéarité de sa structure (voire même dans ses élans onirico-évasifs), Queerpanorama s'affirme comme une chronique initiatique à la fois didactique et elliptique dont le caractère aléatoire des situations, épouse totalement la difficulté d'un jeune homme à se définir autrement qu'à travers ces identités empruntées; la quête d'authenticité biaisée d'une âme ne s'exprimant que dans l'artificialité de la rencontre entre l'affirmation de soi et la performance.

Un drame sobre et poignant donc, totalement vissé sur la performance intense d'un Jayden Cheung particulièrement attachant.

Jonathan Chevrier