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[CRITIQUE] : Hell in Paradise


Réalisatrice : Leïla Sy
Acteurs : Nora Arnezeder, Maria Bello, Alyy Khan, Shubham Saraf,...
Distributeur : Program Store
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Dans l’espoir d’une vie meilleure, Nina quitte Marseille pour un job de réceptionniste dans un luxueux hôtel dans l’océan Indien. Mais lorsqu'une tragédie frappe l'hôtel, Nina est propulsée dans une spirale cauchemardesque de mensonges et de manipulations. Accusée à tort et risquant la prison à vie, elle va devoir se battre et déjouer les pièges pour échapper à ce paradis devenu un enfer…





Quand bien même le concept pourrait en faire tiquer plus d'un (sans doute les trois du fond à ne pas réellement s'intéresser, ni même avoir tout simplement conscience, de ce qui sort chaque mercredi, mais qui dégueule pourtant sur tout ce qui a un label bio bien de chez nous, tatoué sur la pellicule), il n'y a finalement rien de plus sain que de mesurer la bonne santé d'une production cinématographique, à travers la qualité des premiers efforts (au-delà des comédies à forte tendance régressive, bien évidemment, qui ne sont pas forcément pensées ni conçues pour briller ni par leur mise en scène, ni totalement par leur écriture) de toute la galerie de jeunes cinéastes cherchant sensiblement à faire leur trou tout autant qu'à démontrer la richesse et l'éclectisme de notre production, qui ne demande qu'à être soutenu - surtout en salles.

En ce sens, le cinéma hexagonal se porte particulièrement bien, pour peu que l'on s'arrête avec un minimum d'intérêt et sans la moindre démagogie putassière, sur ce qu'elle s'échine à proposer - et souvent avec une certaine audace - aux cinéphiles comme aux spectateurs moins avertis.
À l'image du premier passage en solo d'une Leïla Sy loin de la firme au Toudoum et de la - future - trilogie Banlieusards (co-signée avec Kery James), et encore plus éloignée même du pas si indéfendable Yo Mama (co-réalisé avec Amadou Mariko) : Hell in Paradise, thriller psychologique frappé par la tagline sentencieuse et, souvent, déceptive du " inspiré de faits réels ".

Loin de péter dans la soie de l'originalité (tout est dégainé dans le pitch) mais assumant tout du long ses familiarités évidentes, Sy se concentre moins sur sa mise en scène - sobre même si plutôt conventionnelle - ni sur sa narration (nouée autour de la spirale infernale vécue par une jeune femme particulièrement résiliente, pensant se délester d'une existence douloureuse et tout en culpabilité de l'autre côté du globe, avant de découvrir malgré elle la réalité glaçante d'un paradis à la violence sourde et à la politique arbitraire, dont elle ne pourra s'échapper indemne), que sur une tension pour le coup gentiment viscérale et anxiogène, qu'elle fait grimper crescendo pour totalement ensevelir une Nora Arnezeder isolée et douloureusement acculée, à la partition sobre et nuancée.

Un parti pris louable, pas toujours maintenu avec justesse (sa mise en scène comme dit plus haut, mais aussi et surtout sa bande originale), mais qui donne un peu de corps à une modeste bisserie à la subtilité absente (dans ses nombreux clichés faciles comme dans ses thématiques effleurées au marteau-pillon) mais in fine assez prenante, dont on n'attendait pas grand chose sur le papier.


Jonathan Chevrier