[CRITIQUE] : Stups
Réalisateur•trice : Alice Odiot et Jean-Robert Viallet
Acteurs : -
Budget : -
Distributeur : JHR Films
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Une grande porte en métal qui coulisse pour laisser entrer les fourgons de la Police. Des hommes en sortent, avec leurs histoires. Des murs, des geôles, des escaliers en pierre, des salles d’audience, des coulisses, des larmes, des cris, des regards. Le tribunal de Marseille est débordé par les affaires de stupéfiants. Ceux qui sont jugés là sont les gérants d’une économie du chaos. Ce sont aussi les petits travailleurs du shit, des enfants qui ont grandi seuls. En contrebas, le port, au loin, les quartiers périphériques, la ville bouillante, remplie de ses blessures. De ses beautés aussi.
Il y a un petit esprit (toute propension gardée, évidemment, calmes-toi cher lecteur) à la Raymond Depardon (cela tombe bien, une rétrospective maousse costaud de son cinéma, absolument essentiel, va s'installer en plusieurs parties dans nos salles obscures entre octobre et avril prochain, à l'initiative des Films du Losange), qui se dégage du documentaire Stups, chapeauté par le tandem Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, plongée à la fois frontale et immersive au cœur de la vérité brute du tribunal de Marseille et de ses comparutions immédiates pour affaires de stupéfiants, où les profils incriminés sont tout aussi divers que variés, symptomatique d'une économie de l'ombre tentaculaire et savamment implantée dans notre contemporanéité.
Loin de plonger tête la première dans la surenchère outrancière et où le sensationnalisme putassier des magazines nationaux du type Enquêtes Exclusives, le documentaire incarne un regard réaliste, pudique et humain sur une poignée de jeunes âmes ayant chacune sa propre histoire, souvent meurtrie et victimes de la précarité et de la misère sociale, des êtres jugés presque à la chaîne (un jugement ne va jamais au-delà des vingt minutes d'attention), qu'ils soient multi-récidivistes où non, et pour qui toute idée de réinsertion (ou de simple perspective d'avenir) hors de l'illégalité est quasiment impossible, aussi vantée soit-elle par une société dont les gouvernants sont impunis pour des crimes sensiblement plus imposants (même si l'actualité récente commence, enfin, à nous donner tort).
De ce portrait de l'injustice derrière la Justice, véritable ouroboros qui n'a de cesse de se mordre la queue, se dégage également, dans le même mouvement, le portrait d'un magistrat - le juge Vincent Clergerie - débordé face à l'ampleur d'une tâche qui apparaît presque sans fin.
Un solide morceau de cinéma du réel, prenant et pertinent.
Jonathan Chevrier
Acteurs : -
Budget : -
Distributeur : JHR Films
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Une grande porte en métal qui coulisse pour laisser entrer les fourgons de la Police. Des hommes en sortent, avec leurs histoires. Des murs, des geôles, des escaliers en pierre, des salles d’audience, des coulisses, des larmes, des cris, des regards. Le tribunal de Marseille est débordé par les affaires de stupéfiants. Ceux qui sont jugés là sont les gérants d’une économie du chaos. Ce sont aussi les petits travailleurs du shit, des enfants qui ont grandi seuls. En contrebas, le port, au loin, les quartiers périphériques, la ville bouillante, remplie de ses blessures. De ses beautés aussi.
Il y a un petit esprit (toute propension gardée, évidemment, calmes-toi cher lecteur) à la Raymond Depardon (cela tombe bien, une rétrospective maousse costaud de son cinéma, absolument essentiel, va s'installer en plusieurs parties dans nos salles obscures entre octobre et avril prochain, à l'initiative des Films du Losange), qui se dégage du documentaire Stups, chapeauté par le tandem Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, plongée à la fois frontale et immersive au cœur de la vérité brute du tribunal de Marseille et de ses comparutions immédiates pour affaires de stupéfiants, où les profils incriminés sont tout aussi divers que variés, symptomatique d'une économie de l'ombre tentaculaire et savamment implantée dans notre contemporanéité.
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Copyright JHR Films |
Loin de plonger tête la première dans la surenchère outrancière et où le sensationnalisme putassier des magazines nationaux du type Enquêtes Exclusives, le documentaire incarne un regard réaliste, pudique et humain sur une poignée de jeunes âmes ayant chacune sa propre histoire, souvent meurtrie et victimes de la précarité et de la misère sociale, des êtres jugés presque à la chaîne (un jugement ne va jamais au-delà des vingt minutes d'attention), qu'ils soient multi-récidivistes où non, et pour qui toute idée de réinsertion (ou de simple perspective d'avenir) hors de l'illégalité est quasiment impossible, aussi vantée soit-elle par une société dont les gouvernants sont impunis pour des crimes sensiblement plus imposants (même si l'actualité récente commence, enfin, à nous donner tort).
De ce portrait de l'injustice derrière la Justice, véritable ouroboros qui n'a de cesse de se mordre la queue, se dégage également, dans le même mouvement, le portrait d'un magistrat - le juge Vincent Clergerie - débordé face à l'ampleur d'une tâche qui apparaît presque sans fin.
Un solide morceau de cinéma du réel, prenant et pertinent.
Jonathan Chevrier