[CRITIQUE] : Pet Shop Days
Réalisateur : Olmo Schnabel
Acteurs : Dario Yazbek Bernal, Jack Irv, Camille Rowe, Emmanuelle Seigner, Willem Dafoe,...
Distributeur : Les Films du Camélia
Budget : -
Genre : Romance, Thriller.
Nationalité : Italien, Britannique, Mexicain.
Durée : 1h50min.
Synopsis :
Poussé par le désespoir, Alejandro, le fils rebelle d’une famille mexicaine, décide de tout quitter pour échapper à l’emprise de son père. À New York, il rencontre Jack, un jeune employé d’animalerie à l’univers tout aussi cabossé. Entre eux, l’attirance est immédiate, et leur histoire d’amour les entraîne dans une spirale envoûtante au cœur des bas-fonds de Manhattan, entre excès, drogues et perte de repères…
Qu'ils soient d'une flamboyante réussite ou proprement insipides, les premières réalisations sont toujours plus ou moins frappées par le sceau rafraîchissant de la nouveauté (mais pas forcément de l'originalité, une nuance loin d'être anodine), de cette petite excitation face à la possibilité de découvrir une nouvelle voix singulière voire, dans le meilleur des cas, l'un des potentiels grands cinéastes de demain (et, quoiqu'on en dise, le cinéma français en compte déjà une jolie petite liste).
En ce sens, le baptême du feu du wannabe faiseur de rêve Olmo Schnabel, rejeton du peintre néo-expressionniste et réalisateur ricain Julian Schnabel (et passé par la case Orizzonti à la Mostra cuvée 2024), avait tout pour ne pas passer inaperçu et gentiment titiller notre intérêt, ne serait-ce que pour (curiosité perverse, certes) établir si oui où non, le talent comme l'audace (souvent à double tranchant) de son paternel lui avait été offert en héritage.
Spoilers alert : pas réellement, quand bien même il faut toujours faire preuve d'indulgence avec un premier long-métrage et ses scories évidents, notamment une pluie de références loin d'être savamment digérées (ça cite sans complexe Abel Ferrara, Gus Van Sant où même Jim Jarmusch).
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Escapade romantico-criminalo-queer (co-écrite avec Jack Irv, présent au casting vedette) dans les méandres de la jungle glauque et urbaine d'une Grosse Pomme nocturne et désenchantée, au pitch volontairement ramassé (un jeune mexicain fils de criminel, fuit à New-York et se lie très vite, émotionnellement comme physiquement, avec jeune homme de son âge, lui aussi rejeton d'une famille aisée et bossant dans une animalerie), cloué aux basques de l'ivresse nourissant l'union deux beaux gosses blessés et avide des plaisirs de la chair, lancés dans une " vida loca " tout en passion torride et en énergie/naïveté juvénile; Pet Shop Days ne manque pas d'audace ni de qualité, comme dans sa peinture crue d'une NY à la fois toxique et intemporelle (embaumé dans la superbe photographie de Hunter Zimny), mais il se fait trop vite bouffé sa frénésie chaotique, de son rythme décousu qui vampirise une narration déjà méchamment elliptique (et dont les intrigues secondaires sont totalement bazardées sans ménagement), à ses personnages difficile à pleinement cerner (ses jeunes héros/amants comme ses figures parentales, croqués un brin à la truelle), en passant par un montage sensiblement aux fraises.
Mais il y a véritablement du coeur, un peu de sang et des larmes qui se dégage de ce premier essai, laissant à penser que le jeune Olmo, s'il muscle un peu son jeu comme Robert Pires (référence de boomer... et on assume totalement), pourrait peut-être accoucher d'un second effort réellement intéressant.
Wait and see donc.
Jonathan Chevrier