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[CRITIQUE] : Imago


Réalisateur : Déni Oumar Pitsaev
Acteurs : -
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Déni est le nouveau propriétaire d’un petit lopin de terre dans une vallée isolée en Géorgie, à la frontière de la Tchétchénie dont il est exilé depuis l’enfance. Il débarque là-bas et projette d’y construire une maison qui tranche drôlement avec les coutumes locales. Un fantasme qui ravive ses souvenirs et ceux de son clan déraciné qui pourtant ne rêve que d'une chose, le marier !





Quand bien même il n'est pas toujours invité dans le grand bain d'une Compétition où il devrait, pourtant, y être un habitué des mieux servis, le film documentaire arrive néanmoins à se tailler une jolie place au coeur des sections annexes du festival de Cannes, sensiblement moins prompt à le laisser, comme Bebe, dans un coin (t'en à marre des références pourries ? Tant mieux, pas nous).

Pour preuve Imago du wannabe cinéaste tchétchène Déni Oumar Pitsaev, passé par la case Semaine de la Critique lors de la dernière Croisette, et qui est reparti sans coup de soleil de la Côte d'Azur mais avec deux prix - le Prix French Touch du Jury et l'Œil d'or Prix du documentaire -, fantastique documentaire à la frontière de l'intime et du politique où son auteur s'en va croquer non sans malice, une étude psychologique du déracinement et du trouble identitaire au détour d'un autoportrait aussi juste que délicat, vissé sur son retour à la maison.

Copyright Triptyque Films

En partant d'un postulat qui pourrait décemment servir de terreau fertile à toute bonne comédie familiale qui se respecte (fraîchement propriétaire grâce a sa mère, d’un petit lopin de terre dans une vallée isolée en Géorgie, Pankisi, à la frontière de la Tchétchénie où les membres de sa famille ont trouvé refuge entre deux guerres - et dont il est exilé depuis l’enfance -, Déni, qui vivait jusqu'ici en France, débarque sur place et projette d’y construire une maison à l'image de son rêve d'enfance, appelée à férocement trancher avec les coutumes locales),  Pitsaev disséque aussi bien les divergence entre son identité et ses racines (où ses ambitions individuelles et son desir d'appartenance communautaire sont instinctivement liés à une quête de liberté et de bonheur conditionnée par les contraintes de la vie à Pankisi), qu'il se confronte aux propres traumatismes de son passé (sa relation avec son propre père, remarié et père de deux fils depuis son départ, dont la distance qui les sépare semble irréparable).

En résulte un documentaire aussi dense qu'il est d'une honnêteté et d'une simplicité désarmante, un beau et captivant récit initiatique d'un homme qui, en renouant avec un passé oublié, réalise que son désir d'appartenance à sa communauté et à sa famille est une part essentielle dans son propre combat pour son acceptation de lui-même.
La (très) belle découverte du moment.


Jonathan Chevrier