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[CRITIQUE] : Moi qui t'aimais


Réalisatrice : Diane Kurys
Avec : Marina Foïs, Roschdy Zem, Thierry de Peretti, Vincent Colombe,...
Distributeur : Pan Distribution
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Elle l’aimait plus que tout, il l’aimait plus que toutes les autres. Simone Signoret et Yves Montand étaient le couple le plus célèbre de leur temps.  Hantée par la liaison de son mari avec Marilyn Monroe et meurtrie par toutes celles qui ont suivi, Signoret a toujours refusé le rôle de victime.  Ce qu’ils savaient, c’est qu’ils ne se quitteraient jamais.





Figure populaire et à la fois insaisissable du septième art hexagonal, Marina Foïs n'en reste pas moins l'une des actrices les plus talentueuses de sa génération, elle dont le parcours exceptionnel né sur le câble puis chaîne cryptée - Les Robins des Bois - à une époque où l'humour singulier avait encore sa place (et n'avait pas peur d'être censuré à la moindre étincelle anticonformiste).

Une comédienne capable de se fondre à la fois dans la distribution d'une bonne grosse comédie populaire bien de chez nous comme dans celle d'une romance intimiste, dans la distribution d'un drame poignant voire même dans celle d'un thriller rural ou même d'une petite satire qui sent bon le sang et le bidoche (Barbaque Forever), toujours avec la même aisance qui nous ferait presque dire, sans aucune exagération, qu'elle est capable si ce n'est de tout jouer (rien ne vient affirmer le contraire cela dit), au moins de jouer dans tout - ce qui n'est pas le cas de tout le monde.

Copyright David Koskas/New Light Films

Passé le film catastrophe à la française Magma de Cyprien Vial, résolument plus politique, social et réaliste qu'apocalyptique, mais également le drame socialo-procédural Je le jure de Samuel Theis, c'est dans ce souci de s'essayer à tout, même l'improbable, qu'elle brigue le rôle titre aux côtés de Roschdy Zem, du dernier long-métrage particulièrement hasardeux de la cinéaste Diane Kurys, Moi qui t'aimais; biopic ciblé façon mélodrame gentiment académique à la reconstitution glamour, qui a le bon ton de totalement assumer son artificialité dès son introduction, vissé qu'il est sur les douze dernières années de la vie tumultueuse du couple Yves Montand/Simone Signoret, à l'amour aussi fasciné et fascinant que gentiment sinistre et cruelle.

Définitivement plus proche de sa figure féminine que masculine (même si elle n'est dépeinte, malheureusement, parti pris du film oblige, qu'à travers le prisme de son mariage), dont la souffrance est particulièrement palpable, victime autant des affres du temps que d'un amour à la toxicité douloureusement acceptée, où chaque infidélité d'un mari volage, pathétique et manipulateur qui revient pourtant inéluctablement au bercail, est vécu comme un coup de poignard dans un cœur résigné et bardé de cicatrices, qui préférait être malheureux que totalement délaissée.

Copyright David Koskas/New Light Films

Itinéraire d'une « mater dolorosa » qui s'oublie pour son monstre sacré de mari, qui s'enferme mignon dans sa structure poussive et redondante tout en engueulades et en réconciliations (pas aidé non plus par une mise en scène impersonnelle et sans ampleur), mais qui a le bon ton de laisser totalement s'exprimer ses comédiens (si Zem arrive parfois à faire oublier son mimétisme forcé, à l'image de celui de Tahar Rahim pour Monsieur Aznavour, Marina Foïs elle, en impose méchamment), tout en ne se perdant pas dans les méandres de l'hagiographie Wikipedia-esque facile et irritante; Moi qui t'aimais porte ses défauts sur sa pellicule nostalgique et maladroite, mais n'en reste pas moins une œuvre intéressante voire même étonnamment poignante.


Jonathan Chevrier