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[CRITIQUE] : A Big Bold Beautiful Journey


Réalisateur : Kogonada
Avec : Margot Robbie, Colin Farrell, Kevin Kline, Phoebe Waller-Bridge, Jennifer Grant, Lily Rabe, Hamish Linklater,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min

Synopsis :
Imaginez pouvoir ouvrir une porte et la franchir pour revivre un moment décisif de votre passé. Sarah et David, deux inconnus célibataires, se rencontrent lors du mariage d'un ami commun et, par un incroyable coup du sort, se lancent ensemble dans une aventure grandiose - drôle, fantastique et pleine d'émotions - où ils revivent des instants marquants de leurs vies respectives. Ces souvenirs retracent leurs parcours et pourraient bien leur offrir une chance de transformer leur avenir.





Rien que de l'écrire est quelque chose de profondément déchirant, tant les attentes entourant le dernier long-métrage de Kogonada, pas aidé par une bande annonce particulièrement charmante et entraînante, étaient conséquentes (monstrueuses même de notre côté, quand bien même nous sommes totalement conscient que c'est toujours une mauvaise chose d'en avoir), mais A Big Bold Beautiful Journey est typiquement le type de film que l'on aimerait aimer, que l'on aimerait être à la hauteur de nos espérances mais qui, inexplicablement, ne se donne jamais les moyens d'y arriver malgré des qualités évidentes.

Le septième art peut être cruel parfois, même dans son infini beauté.

Copyright 2025 CTMG, Inc. All Rights Reserved. / Photo by Matt Kennedy

Pourtant, tous les éléments où presque étaient présents dans la casserole du cinéaste américain, pour composer une popote plus ou moins héritière au merveilleux Eternal sunshine of the spotless mind du tandem Gondry/Kaufman : une sorte de conte pour enfants/adolescents transposé à l'âge adulte, avec sa porte fantastique tout droit sortie de Suzume, logé entre le drame intime et la romance délicate sous fond de deuil et de peur de l'engagement - le tout avec une bonne grosse dose d'aventure mélancolique et nostalgique.

Une route pavée de velours donc, mais dont la fantaisie forcée (même si touchante, aussi paradoxal que cela puisse paraître) explose à la face de son auditoire avant même le virage de la première demi-heure, cloué aux basques de deux âmes qui se refusent à l'amour, David et Sarah, lancés dans une odyssée fantastique par la force du GPS énigmatique de la voiture louée par le premier; un grand et beau voyage à travers le temps et l'espace où chacun renoue avec des moments charnières de leur passé (dont quelques-uns assez déchirants, que ce soit la rencontre de David avec son propre père anxieux, où la soirée précieuse que revit Sarah avec sa mère malade), dans une sorte de soumission à la fois naturelle mais avant tout et surtout sensiblement thérapeutique.

Copyright 2025 CTMG, Inc. All Rights Reserved. / Photo by Matt Kennedy

Mais aussi poignant soit-il dans ses beaux moments, jamais l'émotion que suscite la mise en scène de Kogonada comme l'interprétation impliquée de son joli duo Margot Robbie/Colin Farrell, ne vient supplanter les limites comme la prévisibilité laborieuse du scénario de Seth Reiss.
S'il est acquis, comme toute bonne romance qui se respecte (ce qui n'est donc pas un défaut en soi), que David et Sarah sont faits l'un pour l'autre et qu'ils surmonteront ensemble leur phobie de l'engagement, c'est dans la dynamique même de cette prévisibilité que la mécanique s'enraye, la faute à des dialogues redondants et pachydermiques comme la caractérisation catastrophique de ses personnages (avant tout et surtout celui de Sarah)

Même les aspirations philosophiques et les aspirations élégantes de la mise en scène de Kogonada, ne peuvent faire des miracles et empêcher A Big Bold Beautiful Journey d'être moins une ouverture vers un ailleurs charmant et cotonneux, qu'une porte ouverte vers la frustration.
Assurément, l'une de nos plus grosses déceptions de l'année.


Jonathan Chevrier