[CRITIQUE] : Marche ou Crève
Réalisateur : Francis Lawrence
Avec : Cooper Hoffman, David Jonsson, Garrett Wareing, Tut Nyuot,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min
Synopsis :
Le jeune Garraty va concourir pour " La Longue Marche ", une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi…
Une adaptation du roman de Stephen King, Marche ou Crève.
En dehors des adaptations passionnées d'un Flanagan aussi inspiré aussi bien sur grand écran (Life of Chuck, qui ne volera pas sa place dans les Tops de fin d'année de beaucoup d'entre-nous) que du côté de la firme au Toudoum Netflix, gageons que ce bon vieux Stephen King n'a pas franchement été gâté dans les transpositions récentes de son œuvre, des films - où séries - qui n'étaient pas tant des appropriation à part entières, qu'une jolie accumulation de productions opportunistes as hell, du simili-fan made de cinéastes se plaignant que chaque pièce du catalogue du maître de l'horreur n'ait pas été adaptée à sa juste valeur.
Dire donc que l'on attendait beaucoup de Marche où Crève, adaptation de la dystopie éponyme du King par un Francis Lawrence peu coutumier des lignes du bonhomme, mais plutôt rompu aux sociétés fracturées comme aux allégories effrayantes sur un pouvoir oppressif, le tout matiné de survival (coucou la saga Hunger Games), était un doux euphémisme : c'était, sur le papier, la séance la plus alléchante d'une spooky s'est particulièrement riche - avec Black Phone 2 de Scott Derrickson.
Bonne nouvelle, Lawrence ne s'est pas écroulé sous le poids de la tâche (le roman est, sans aucun doute, l'une des œuvres les plus sombres du papa de Cujo), et accouche d'une solide adaptation à l'actualité férocement opportune, une marche brutale et glaçante à travers les routes pavées d'horreur du fascisme et de la masculinité toxique (une glorification de la ténacité, de la résilience et de la domination de l'autre, comme des attributs inhérents à la virilité), où le dernier espoir d'une humanité déclinante est dans l'idée d'une connexion et d'une compassion envers l'autre, vulnérabilité punie dans une société oppressante où un système prédateur et autoritaire nous pousse à être cruel les uns envers les autres.
Dans cette société/Amérique dystopique - mais pas trop - imaginée par King, " La Longue Marche " est en apparence une compétition volontaire où une centaine d'hommes marchent jusqu'à ce qu'un seul reste debout; en réalité, c'est un événement barbare à la violence ritualisée et déguisée en un divertissement populaire où chaque participant attirés par le gain final - pour diverses raisons -, troque sa liberté comme sa vie pour l'illusion d'une chance de réussir dans un piège aux dès pippés d'avance.
Où comment vendre l'oppression, la violence et la souffrance comme des notions d'opportunités, à l'image d'une société contemporaine où l'exploitation et la déshumanisation - pas uniquement dans le monde du travail -, sont synonymes d'ambition, voire même de dévotion à l'effort patriotique; d'une société où le pouvoir dominant arrive à convaincre la population de s'entretuer pour des miettes, plutôt que de remettre en question sa domination.
Une violence psychologique sensiblement palpable, plus forte encore que celle qui abîme - où éteint, littéralement - les corps, tant elle décompose et brise toutes les valeurs même de l'humanité, comme l'âme de chacun des marcheurs.
Suscitant brillamment chez le spectateur une sorte de terreur par empathie (tout en le renvoyant à son propre voyeurisme, complicité évidente et symptomatique d'une société consumériste où tout peut divertir, surtout la mort et la douleur d'autrui), par son souci de ne jamais se perdre dans une horreur gratuite/putassière et sanglante, tout en s'appuyant sur la partition investie de l'excellent tandem David Jonsson/ Cooper Hoffman (leur alchimie folle est le cœur émotionnel puissant du film); Marche ou Crève réussit tout autant le pari d'être une excellente adaptation (même si nettement moins nihiliste, certes) que d'incarner une allégorie puissante et mordante, un vrai bout de cinéma tendu, épuré et à la franchise brute, à la fois désespérée et pleine d'espoir dans sa mise en images de la résistance face à la barbarie.
Même après l'excellent Hunger Games : La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur, on n'attendait pas forcément un Francis Lawrence aussi inspiré.
C'est dire si le mois d'Halloween débute très, très bien...
Jonathan Chevrier
Avec : Cooper Hoffman, David Jonsson, Garrett Wareing, Tut Nyuot,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min
Synopsis :
Le jeune Garraty va concourir pour " La Longue Marche ", une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi…
Une adaptation du roman de Stephen King, Marche ou Crève.
En dehors des adaptations passionnées d'un Flanagan aussi inspiré aussi bien sur grand écran (Life of Chuck, qui ne volera pas sa place dans les Tops de fin d'année de beaucoup d'entre-nous) que du côté de la firme au Toudoum Netflix, gageons que ce bon vieux Stephen King n'a pas franchement été gâté dans les transpositions récentes de son œuvre, des films - où séries - qui n'étaient pas tant des appropriation à part entières, qu'une jolie accumulation de productions opportunistes as hell, du simili-fan made de cinéastes se plaignant que chaque pièce du catalogue du maître de l'horreur n'ait pas été adaptée à sa juste valeur.
Dire donc que l'on attendait beaucoup de Marche où Crève, adaptation de la dystopie éponyme du King par un Francis Lawrence peu coutumier des lignes du bonhomme, mais plutôt rompu aux sociétés fracturées comme aux allégories effrayantes sur un pouvoir oppressif, le tout matiné de survival (coucou la saga Hunger Games), était un doux euphémisme : c'était, sur le papier, la séance la plus alléchante d'une spooky s'est particulièrement riche - avec Black Phone 2 de Scott Derrickson.
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Copyright Lionsgate |
Bonne nouvelle, Lawrence ne s'est pas écroulé sous le poids de la tâche (le roman est, sans aucun doute, l'une des œuvres les plus sombres du papa de Cujo), et accouche d'une solide adaptation à l'actualité férocement opportune, une marche brutale et glaçante à travers les routes pavées d'horreur du fascisme et de la masculinité toxique (une glorification de la ténacité, de la résilience et de la domination de l'autre, comme des attributs inhérents à la virilité), où le dernier espoir d'une humanité déclinante est dans l'idée d'une connexion et d'une compassion envers l'autre, vulnérabilité punie dans une société oppressante où un système prédateur et autoritaire nous pousse à être cruel les uns envers les autres.
Dans cette société/Amérique dystopique - mais pas trop - imaginée par King, " La Longue Marche " est en apparence une compétition volontaire où une centaine d'hommes marchent jusqu'à ce qu'un seul reste debout; en réalité, c'est un événement barbare à la violence ritualisée et déguisée en un divertissement populaire où chaque participant attirés par le gain final - pour diverses raisons -, troque sa liberté comme sa vie pour l'illusion d'une chance de réussir dans un piège aux dès pippés d'avance.
Où comment vendre l'oppression, la violence et la souffrance comme des notions d'opportunités, à l'image d'une société contemporaine où l'exploitation et la déshumanisation - pas uniquement dans le monde du travail -, sont synonymes d'ambition, voire même de dévotion à l'effort patriotique; d'une société où le pouvoir dominant arrive à convaincre la population de s'entretuer pour des miettes, plutôt que de remettre en question sa domination.
Une violence psychologique sensiblement palpable, plus forte encore que celle qui abîme - où éteint, littéralement - les corps, tant elle décompose et brise toutes les valeurs même de l'humanité, comme l'âme de chacun des marcheurs.
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Copyright Lionsgate |
Suscitant brillamment chez le spectateur une sorte de terreur par empathie (tout en le renvoyant à son propre voyeurisme, complicité évidente et symptomatique d'une société consumériste où tout peut divertir, surtout la mort et la douleur d'autrui), par son souci de ne jamais se perdre dans une horreur gratuite/putassière et sanglante, tout en s'appuyant sur la partition investie de l'excellent tandem David Jonsson/ Cooper Hoffman (leur alchimie folle est le cœur émotionnel puissant du film); Marche ou Crève réussit tout autant le pari d'être une excellente adaptation (même si nettement moins nihiliste, certes) que d'incarner une allégorie puissante et mordante, un vrai bout de cinéma tendu, épuré et à la franchise brute, à la fois désespérée et pleine d'espoir dans sa mise en images de la résistance face à la barbarie.
Même après l'excellent Hunger Games : La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur, on n'attendait pas forcément un Francis Lawrence aussi inspiré.
C'est dire si le mois d'Halloween débute très, très bien...
Jonathan Chevrier