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[CRITIQUE] : La mort n'existe pas


Réalisateur : Félix Dufour-Laperrière
Avec les voix de : Zeneb Blanchet, Karelle Tremblay, Mattis Savard-Verhoeven,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Canadien, Français.
Durée : 1h12min

Synopsis :
Lors d'un attentat contre de riches propriétaires, Hélène abandonne ses compagnons et s'enfuit dans la forêt. Manon, son amie et complice lors de l'attaque, revient la hanter, pour lui offrir une seconde chance. Ensemble, elles affrontent le choix impossible entre violence et inaction. Si c'était à refaire, jusqu'où Hélène ira-t-elle cette fois au nom de ses idéaux ?




Gageons que passé un premier long-métrage aussi formellement ambitieux que profondément mélancolique, Ville Neuve, puis un essai documentaire qui en était la parfaite continuité dans son animation furieusement minimaliste, Archipel; le cinéaste québécois Félix Dufour-Laperrière a su se forger une filmographie jusqu'ici profondément singulière dans sa volonté de lier allégoriquement et philosophiquement le réel à une liberté artistique censer tout transcender, de mêler physique et imaginaire, politique et histoire dans une sorte d'harmonie à la fois riche et - volontairement - désordonnée.

Totalement le type de faiseurs de rêves encore beaucoup trop méconnu (même s'il squatte déjà gentiment les festivals les plus prestigieux, notamment notre chère réunion cannoise), dont il est difficile de passer à côté, et qui titille méchamment notre intérêt à chaque nouvelle œuvre.

Copyright UFO Distribution

Merveilleusement expérimental et riche en textures plurielles, il entraîne une fois de plus, et peut-être encore plus crûment, le spectateur au cœur de son univers magico-réaliste avec son troisième effort, La Mort n'existe pas, conte baroque où il enlace symbolisme et subjectivisme, beauté et brutalité au détour des aternoiements d'une jeune femme qui, passé un attentat particulièrement brutal envers de riches propriétaires qu'elle a organisé avec ses compagnons (des activistes qui, tout comme elle, cherchaient à apporter un vrai bouleversement social) s'enfuit dans la forêt.

Territoire parfait pour que Dufour-Laperrière compose une quête initiatique à la fois onirique et surréaliste au cœur d'un purgatoire aux couleurs incroyablement intenses qui tranchent à la froideur de ses précédents efforts mais point avec leur violence comme les émotions qu'elles portent, le cinéaste s'avérant bien plus habile avec son animation pour exprimer le conflit intérieur comme les problèmes existentielles de son héroïne, qu'avec une plume qui s'embourbe un brin dans un propos flou et redondant, quand elle n'enchaîne pas les dialogues étrangement abstraits (et qui ne brillait pas non plus par sa caractérisation un poil famélique, tant ses personnages ont tout de véritables coquilles vides).

Copyright UFO Distribution

D'une expressivité visuelle bien plus puissante que son pendant narratif (qui tendait à questionner frontalement les notions d'engagements et de rébellion, tout en embrassant pleinement ses aspirations Fantastiques et métaphoriques), La Mort n'existe pas, fort en images envoûtantes et hypnotiques (faites au crayon et à l'aquarelle), qui tranche sévère avec le statu quo du cinéma d'animation grand public actuel, mais décemment plus maladroit dans son fond, n'en reste pas moins une œuvre fascinante tant Dufour-Laperrière pense l'animation comme un vrai acte politique, un véritable outil de réflexion artistique sur le passé comme le présent.

Perfectible donc mais impressionnant.


Jonathan Chevrier