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[CRITIQUE] : Love Me


Réalisateurs : Andy et Sam Zuchero
Acteurs : Kristen Stewart et Steven Yeun.
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Romance, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Longtemps après l'extinction de l'humanité, une bouée et un satellite se rencontrent en ligne et tombent amoureux.





Force est d'admettre que comme tout bon film à concept un tant soit peu original, Love Me du tandem Andy et Sam Zuchero, au-delà de la prouesse d'avoir su attirer dans ses filets deux comédiens/comédiennes aussi demandés que talentueux tels que Kristen Stewart et Steven Yeun (même si plutôt habitués aux projets singuliers sortant sensiblement des sentiers battus, certes), titillait gentiment notre intérêt pour la promesse assez folle qu'il incarnait : conceptualiser à l'écran l'amour entre deux objets, à savoir la romance entre un satellite et une bouée, dans une sorte de rencontre entre Pixar et le cinéma de Spike Jonze, qui théoriserait plus où moins franchement sur les travers de notre société contemporaine.

Autant dire que sur le papier, la popote avait de quoi trancher mignon avec les propositions algorithmiques récentes des plateformes de streaming, qui n'ont pas peur d'enchaîner quelques strabismes un poil trop forcés dans leur volonté de peser sur un marché de la comédie romantique plus lessivée que jamais.

Copyright Scythia Films

Après vision en revanche, la limonade a un sacré goût de rance, tant elle a tout d'un mauvais remake en prise de vues réelles de Wall-e (le ton calque - en moins bien - la même tristesse à la fois tendre et mélancolique, qui servait de quotidien au petit robot coincé sur une planète Terre à l'abandon), flanqué dans un futur post-apocalyptique et tentant de donner vie sans envie, à l'union numérisée de deux des derniers vestiges d'une civilisation humaine perdue : une bouée qui cherche à attirer l'attention d'un satellite chargé de communiquer sur notre existence comme notre extinction, et qui enchaîne la diffusion de vidéos YouTube, dont celle d'une influenceuse et de son compagnon (Stewart et Yeun), union un poil artificielle qui devient le modèle distancé de la romance entre les deux machines... et c'est tout.

Pensée ni comme une romance sincère et touchante, ni comme une satire intelligente qui ne se montre d'ailleurs que redondante, la narration des Zuchero est tout du long sévèrement plombée par des divagations philosophiques manquant cruellement de profondeur, dans ce qui ressemble au final à une étude cynique et peu inspirée des nuances d'un amour authentique capturé par l'artifice des réseaux sociaux, à travers la perspective d'une romance analogique décemment moins humble et encore plus artificielle dans ces intentions.

Copyright Scythia Films

Pire, l'exposé vire littéralement à la catastrophe tant le duo ne vise qu'à nous asséner avec un moralisme pachydermique, que l'omniprésence des réseaux sociaux dans nos insignifiantes vies 2.0, entrave furieusement les relations humaines plutôt que de les favoriser/conforter.
No shit Sherlock, pas étonnant que ses personnages robotiques peinent à saisir les vérités complexes et nuancées de l'âme et des sentiments humains, si les cinéastes eux-mêmes s'embourbent à le faire en à peine quatre-vingt-dix minutes...


Jonathan Chevrier