Breaking News

[CRITIQUE] : Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]


Réalisateur : Alexandre Astier
Acteurs : Alexandre Astier, Anne Girouard, Lionnel Astier, Jean-Christophe Hembert, Joëlle Sevilla, Thomas Cousseau, Alain Chabat, Christian Clavier,....
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h19min.

Synopsis :
Les Dieux sont en colère contre Arthur ! Après la destruction de Kaamelott, son refus obstiné de tuer Lancelot précipite le Royaume de Logres à sa perte. Il réunit ses Chevaliers, novices téméraires et vétérans désabusés, autour de la Nouvelle Table Ronde et les envoie prouver leur valeur aux quatre coins du Monde, des Marais Orcaniens aux terres glacées du Dragon Opalescent.




C'était le souci de toute arlesienne savamment cultivé par le cruel temps qui passe : annoncée depuis toujours - ou pas loin -, la suite sur grand écran de la (quasi) sacro sainte Kaamelott cristallisait tellement d'attentes auprès des fans (d'autant que son matraquage télévisé sur le groupe M6, avec ses multiples rediffusions faisant l'overdose, n'ont fait qu'amplifier cette popote de l'enfer), qu'il était presque impossible pour Alexandre Astier d'y répondre et ce, même avec la meilleure volonté du monde d'un faiseur de rêves voulant rendre le plus parfait possible, l'ultime virage de la création d'une vie.

Cherchant à éviter l'écueil de la jurisprudence " Caméra Café " (soit un minimum tenir la distance sur grand écran, sans faire dans sa pellicule dès le virage de la première demie-heure) tout en étant le fruit d'une détermination sans faille de son auteur (qui aura attendu le temps pour faire le moins de concession possible), Kaamelott - Premier Volet, qui aurait très bien pu s'intituler " Le Retour du Roi " dans un monde cinématographique sans Terre du milieu (mais quel triste monde cela aurait été cela dit), se revendiquait de tout son (très) long comme une aventure de ré-introduction accessible à l'univers du show, ne laissant de côté ni les aficionados, ni les néophytes - même s'il ne fallait pas trop l'être non plus.

Copyright SND

Résultat, en convoquant plutôt gentiment l'aura d'une heroïc fantasy imposante perdu au coeur des 80s (qui n'a jamais vraiment eu d'héritier à Excalibur et Conan le Barbare, et Astier tout comme David Lowery avec son The Green Knight, appellaient sensiblement cette parenté) tout autant qu'une pluie de clins d'œil à la franchise Star Wars (dans le bon comme dans le mauvais), sans pour autant se départir d'un héritage télévisuel beaucoup trop imposant pour lui (d'une mise en scène manquant cruellement d'ampleur et de vie, à un decoupage aux fraises, en passant par un ton n'arrivant pas à trouver un équilibre entre la légèreté comique des débuts et la gravité dramatique des dernières saisons); ce Premier Volet accouchait d'un bébé particulièrement malade au rythme décousu et à la narration à trous cruellement frustrante, laissant la sale impression d'un retour à la case départ même après deux bonnes heures bavardes.

Une légère plantade (et " on en avait gros " de dire ça), malgré la joie et la nostalgie évidente qu'il provoquait à sa vision, pur objet hybride où la moindre des ambitions était soit tuée dans l'oeuf par des choix pas toujours heureux (ce souci de contextualiser ce qui, manque de moyen oblige, était hors champ dans la série, se retournelait souvent contre lui), soit par une volonté - louable, il est vrai - de dégainer généreusement la carte du fan-service (au point d'être parfois plus hermétique qu'il ne le voudrait).
Et si l'on attendait, sans surprise, son " Empire contre-attaque " (toute propension gardée, calmes-toi cher lecteur) pour que tout rentre un minimum dans l'ordre, il y a une nouvelle couille dans le pâté de ce Deuxième Volet [Partie 1], pour que l'on soit à la fête.

Réussissant la prouesse irritante de ne retenir aucune des erreurs du précédent effort, cette seconde fournée remet le couvert avec un énième récit ambitieusement bordélique et fragmenté, tentant vainement de fuir vers l'avant comme pour mieux dessiner le mirage d'une cohérence future à laquelle on ne semble plus véritablement croire (on en a gros, qu'on vous dit).
Mais c'est du surplace frustrant, encore une fois, qu'il propose avec une histoire rythmée à la truelle et qui, à l'image de son Arthur toujours autant détestablement indécis, ne sait pas ce qu'elle veut ni véritablement où aller, instaurant de nouveaux personnages (parce qu'ils n'étaient déjà pas assez à réclamer un chouïa de temps d'écran...) et enjeux comme de nouvelles pistes pour mieux masquer sa vacuité (une accumulation de sous-intrigues à la juxtaposition maladroites as hell, sorte de sketchs rallongés certes drôles mais souvent plus dispensables et vains qu'autre chose) et son incapacité à ne faire autre chose qu'à continuellement revenir au même point de départ : Arthur est toujours aussi dépressif et replante même excalibur, là où Lancelot ronge son frein entre deux, trois errances métaphysiques, refermez le Livre IV... V... bon, VI.

Copyright SND

Second symbole cinématographique douloureux d'une vérité que personne ne semble vouloir admettre (et si, au fond, Alexandre Astier ne savait pas réellement comme finir son histoire et pire, qu'il se forçait à le faire en ayant parfaitement conscient de cela), à la mise en scène cela dit nettement plus aboutie (où, tout du moins, moins bouffé par la dialectique redondante du champs/contre-champs qui caractérisait le premier film), comme ses VFX (pour le coup vraiment impressionnants); cette Deuxième Volet [Partie 1] nous prépare une seconde fois à l'aventure sans nous laisser de billets et en nous en enfermant volontairement dans une boucle temporelle bouffée par la nostalgie et l'indécision.

Pas évident que d'avoir envie de revenir, d'autant plus si c'est pour avoir droit au sous-chapitre 1/petit 2/alinéa 36 d'une [Partie 2] qui n'en serait finalement plus réellement une, après s'être auto-rebootée en arrivant dans les salles obscures...


Jonathan Chevrier