[CRITIQUE] : Honeymoon
Réalisatrice : Zhanna Ozirna
Avec : Ira Nirsha et Roman Lutskyi.
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Ukrainien.
Durée : 1h24min
Synopsis :
Février 2022. Olya et Taras sont heureux de passer leur première nuit dans leur nouvel appartement. À l’aube, ils sont réveillés par une série d’explosions. L’invasion russe a commencé et le jeune couple se retrouve piégé chez lui, entouré de soldats ennemis. Ils vont découvrir des sentiments contraires : la peur mais aussi, l'amour et l'espoir. Ils vont alors apprendre à survivre…
Quand bien même elle n'occupe plus forcément la une des médias (où alors, par l'intermédiaire des jeux politiques l'entourant), qui ne se concentrent finalement que sur l'immédiateté (tout du moins, celle qui les arrange et leur permet de faire vendre et/où de faire de l'audimat), la guerre en Ukraine continue de battre son plein, premier conflit d'envergure à une ère du numérique ou tout est filmé et peut être suivi - avec toute la perversité et la tragédie que se la comporte -, d'une manière inimaginablement plus glaciale : rien de moins qu'en direct.
Il n'est pas si étonnant dès lors, qu'une poignée de cinéastes s'engouffrent dans cette brèche pour y raconter leur histoire où même, plus simplement, celles de ceux pour qui le quotidien est de lutter pour survivre, alors même que l'acte de tourner un film de fiction (le documentaire lui, demande une logistique logiquement plus épurée), entre les attaques incessantes, les coupures d'électricité et autres joyeusetés, relève purement et simplement du miracle (comme toute création artistique dans un contexte de dommages matériels et humains proprement apocalyptique).
Des petits miracles tels que le premier long-métrage de la wannabe cinéaste et ancienne journaliste Zhanna Ozirna, Honeymoon, tourné à Kiev et inspiré de la vraie histoire d'un couple d'amis, qui s'attache aux conséquences comme à la complexité qui se nichent derrière le choix d'un jeune couple ordinaire justement, Taras et Olja, qui a récemment emménagé dans un appartement flambant neuf au cœur d'un quartier résidentiel, et qui s'est décidé à ne pas le quitter au moment des premiers bombardements - ni quand l'armée russe a fait de leur immeuble, leur nouveau QG -, décidé à s'accrocher à leurs « biens » dans une nation sous occupation.
C'est le calvaire d'un quotidien à la tragédie comme à la contrition douloureusement redondante (ou ce qui devait être le foyer d'un nouveau départ plein de promesse, se transforme en une prison domestique ou chacun est contraint de d'affronter la réalité et toutes ses implications infernales, mais aussi la vérité même de la vie de couple et ses questionnements universels), qui sert de terreau fertile à un huis clos jonglant plus ou moins adroitement entre le thriller paranoïaque, le drame domestique et le film de sensibilisation presque obligé mais où l'horreur de l'invasion est tempérée - voire poétiquement contournée -, dont les défauts narratifs (quelques incohérences assez marquées, des thématiques/éléments essentiels - comme la logistique de leur survie - insuffisamment développés) sont en grande partie, à mettre au crédit d'un tournage dans l'urgence.
Chronique de l'enthousiasme d'une jeune vie de couple totalement bouffée par la dure réalité (mais pas dénué d'espoir, car tant qu'il y a de l'amour, il reste de l'espoir), formellement minimaliste (évidemment) mais portée par un vrai travail sonore et une solide direction d'acteurs (joli tandem Ira Nirsha/Roman Lutskyi), Honeymoon incarne une œuvre toute aussi modeste que radicale, qui démontre avec force qu'il est impossible d'échapper aux affres et à la violence de la guerre, même dans le cocon supposé être réconfortant de son propre foyer.
Jonathan Chevrier
Avec : Ira Nirsha et Roman Lutskyi.
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Ukrainien.
Durée : 1h24min
Synopsis :
Février 2022. Olya et Taras sont heureux de passer leur première nuit dans leur nouvel appartement. À l’aube, ils sont réveillés par une série d’explosions. L’invasion russe a commencé et le jeune couple se retrouve piégé chez lui, entouré de soldats ennemis. Ils vont découvrir des sentiments contraires : la peur mais aussi, l'amour et l'espoir. Ils vont alors apprendre à survivre…
Quand bien même elle n'occupe plus forcément la une des médias (où alors, par l'intermédiaire des jeux politiques l'entourant), qui ne se concentrent finalement que sur l'immédiateté (tout du moins, celle qui les arrange et leur permet de faire vendre et/où de faire de l'audimat), la guerre en Ukraine continue de battre son plein, premier conflit d'envergure à une ère du numérique ou tout est filmé et peut être suivi - avec toute la perversité et la tragédie que se la comporte -, d'une manière inimaginablement plus glaciale : rien de moins qu'en direct.
Il n'est pas si étonnant dès lors, qu'une poignée de cinéastes s'engouffrent dans cette brèche pour y raconter leur histoire où même, plus simplement, celles de ceux pour qui le quotidien est de lutter pour survivre, alors même que l'acte de tourner un film de fiction (le documentaire lui, demande une logistique logiquement plus épurée), entre les attaques incessantes, les coupures d'électricité et autres joyeusetés, relève purement et simplement du miracle (comme toute création artistique dans un contexte de dommages matériels et humains proprement apocalyptique).
Des petits miracles tels que le premier long-métrage de la wannabe cinéaste et ancienne journaliste Zhanna Ozirna, Honeymoon, tourné à Kiev et inspiré de la vraie histoire d'un couple d'amis, qui s'attache aux conséquences comme à la complexité qui se nichent derrière le choix d'un jeune couple ordinaire justement, Taras et Olja, qui a récemment emménagé dans un appartement flambant neuf au cœur d'un quartier résidentiel, et qui s'est décidé à ne pas le quitter au moment des premiers bombardements - ni quand l'armée russe a fait de leur immeuble, leur nouveau QG -, décidé à s'accrocher à leurs « biens » dans une nation sous occupation.
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2024 Toy Cinema / Destiny Films. Tous droits réservés // via Le Figaro |
C'est le calvaire d'un quotidien à la tragédie comme à la contrition douloureusement redondante (ou ce qui devait être le foyer d'un nouveau départ plein de promesse, se transforme en une prison domestique ou chacun est contraint de d'affronter la réalité et toutes ses implications infernales, mais aussi la vérité même de la vie de couple et ses questionnements universels), qui sert de terreau fertile à un huis clos jonglant plus ou moins adroitement entre le thriller paranoïaque, le drame domestique et le film de sensibilisation presque obligé mais où l'horreur de l'invasion est tempérée - voire poétiquement contournée -, dont les défauts narratifs (quelques incohérences assez marquées, des thématiques/éléments essentiels - comme la logistique de leur survie - insuffisamment développés) sont en grande partie, à mettre au crédit d'un tournage dans l'urgence.
Chronique de l'enthousiasme d'une jeune vie de couple totalement bouffée par la dure réalité (mais pas dénué d'espoir, car tant qu'il y a de l'amour, il reste de l'espoir), formellement minimaliste (évidemment) mais portée par un vrai travail sonore et une solide direction d'acteurs (joli tandem Ira Nirsha/Roman Lutskyi), Honeymoon incarne une œuvre toute aussi modeste que radicale, qui démontre avec force qu'il est impossible d'échapper aux affres et à la violence de la guerre, même dans le cocon supposé être réconfortant de son propre foyer.
Jonathan Chevrier