[CRITIQUE] : Happyend
Réalisateur : Neo Sora
Avec : Hayato Kurihara, Yukito Hidaka, Ayumu Nakajima, Makiko Watanabe,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Japonais, Américain.
Durée : 1h53min
Synopsis :
Tokyo, dans un futur proche où plane la menace constante d'un séisme ravageur. Yuta et Kou, deux amis inséparables s’amusent à perturber l’ordre établi de leur lycée. Après un mauvais coup de trop, la direction du lycée déclenche des représailles et met l'établissement sous le contrôle d’une IA de surveillance. Dans un climat de suspicion généralisé, la relation entre les deux amis est mise à l'épreuve : l’un choisit l’indifférence, l’autre la révolte.
Si l'on n'a pas eu la chance de découvrir cet été, son documentaire/film-concert à la gloire de Ryūichi Sakamoto (immense compositeur de cinéma - mais pas que -, qui a aligner les collaborations prestigieuses au fil de sa brillante carrière, de Bernardo Bertolucci à Pedro Almodóvar, en passant par Brian De Palma, Alejandro González Iñárritu, Takashi Miike ou encore Luca Guadagnino et Alice Winocour), Opus, à la distribution pas franchement heureuse, difficile en revanche de passer à côté du premier long-métrage de fiction du wannabe cinéaste américain Neo Sora (également derrière le scénario, pour ne pour ne gâcher), la petite bête de festivals Happyend, qui vendait gentiment du pâté sur le papier.
Sorte cocktail dystopique entre le récit initiatique à forte tendance sociologique dans l'ombre du vénéré Shinji Sōmai, et le récit d'anticipation aussi furieusement pessimiste que d'actualité, flanqué dans un pays du soleil levant un poil futuriste, à la fois menacé par l'arrivée imminente d'un tremblement de terre catastrophique et au bord d'une dictature technologique, où l'intelligence artificielle surveille/flique la population à chaque coin de rue tout autant que la jeunesse au cœur des établissements scolaires, tout en n'hésitant pas à punir tout comportement jugé hors des convenances.
Sacrée ambition donc, sachant qu'en prime le cinéaste en herbe arbore minutieusement le terrain sinueux du seishun eiga, tout en se refusant à renier la légèreté/insouciance inhérente à la vision plus occidentale du teen movie, cloué aux basques de deux meilleurs amis un peu trop farceur, Yuta et Kou qui, à la suite de la blague de trop envers le directeur de leur lycée, oblige la direction de leur établissement à adopter un système de sécurité profondément intrusif qui privera les élèves de leur liberté, tout en éveillant - involontairement - la conscience politique de certains d'entre eux.
Usant de la SF comme d'un miroir pour sonder les travers du Japon d'aujourd'hui (l'ultraconservatisme du gouvernement, les manipulations/soumissions institutionnelles, une xénophobie totalement décomplexée qu'il sonde ici à travers les difficultés quotidiennes des minorités,...), tout comme pour nourrir les racines de son portrait d'une jeunesse ambitieuse et avertie qui se confronte brutalement à la liturgie contemporaine; Neo Sora détonne par la fraîcheur de son exposé angoissé d'un futur (déjà là, au fond) sous le joug de l'autoritarisme numérique, quand bien même il se prend parfois un poil la caméra dans le tapis d'un rythme beaucoup trop lancinant pour son bien.
Si la structure et le tempo ne sont pas encore assurés, la mise en scène comme le propos eux, sont déjà gentiment affûtés, autant dire donc qu'on attend la suite de la carrière du bonhomme avec une certaine impatience.
Jonathan Chevrier
Avec : Hayato Kurihara, Yukito Hidaka, Ayumu Nakajima, Makiko Watanabe,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Japonais, Américain.
Durée : 1h53min
Synopsis :
Tokyo, dans un futur proche où plane la menace constante d'un séisme ravageur. Yuta et Kou, deux amis inséparables s’amusent à perturber l’ordre établi de leur lycée. Après un mauvais coup de trop, la direction du lycée déclenche des représailles et met l'établissement sous le contrôle d’une IA de surveillance. Dans un climat de suspicion généralisé, la relation entre les deux amis est mise à l'épreuve : l’un choisit l’indifférence, l’autre la révolte.
Si l'on n'a pas eu la chance de découvrir cet été, son documentaire/film-concert à la gloire de Ryūichi Sakamoto (immense compositeur de cinéma - mais pas que -, qui a aligner les collaborations prestigieuses au fil de sa brillante carrière, de Bernardo Bertolucci à Pedro Almodóvar, en passant par Brian De Palma, Alejandro González Iñárritu, Takashi Miike ou encore Luca Guadagnino et Alice Winocour), Opus, à la distribution pas franchement heureuse, difficile en revanche de passer à côté du premier long-métrage de fiction du wannabe cinéaste américain Neo Sora (également derrière le scénario, pour ne pour ne gâcher), la petite bête de festivals Happyend, qui vendait gentiment du pâté sur le papier.
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Copyright Eurozoom |
Sorte cocktail dystopique entre le récit initiatique à forte tendance sociologique dans l'ombre du vénéré Shinji Sōmai, et le récit d'anticipation aussi furieusement pessimiste que d'actualité, flanqué dans un pays du soleil levant un poil futuriste, à la fois menacé par l'arrivée imminente d'un tremblement de terre catastrophique et au bord d'une dictature technologique, où l'intelligence artificielle surveille/flique la population à chaque coin de rue tout autant que la jeunesse au cœur des établissements scolaires, tout en n'hésitant pas à punir tout comportement jugé hors des convenances.
Sacrée ambition donc, sachant qu'en prime le cinéaste en herbe arbore minutieusement le terrain sinueux du seishun eiga, tout en se refusant à renier la légèreté/insouciance inhérente à la vision plus occidentale du teen movie, cloué aux basques de deux meilleurs amis un peu trop farceur, Yuta et Kou qui, à la suite de la blague de trop envers le directeur de leur lycée, oblige la direction de leur établissement à adopter un système de sécurité profondément intrusif qui privera les élèves de leur liberté, tout en éveillant - involontairement - la conscience politique de certains d'entre eux.
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Usant de la SF comme d'un miroir pour sonder les travers du Japon d'aujourd'hui (l'ultraconservatisme du gouvernement, les manipulations/soumissions institutionnelles, une xénophobie totalement décomplexée qu'il sonde ici à travers les difficultés quotidiennes des minorités,...), tout comme pour nourrir les racines de son portrait d'une jeunesse ambitieuse et avertie qui se confronte brutalement à la liturgie contemporaine; Neo Sora détonne par la fraîcheur de son exposé angoissé d'un futur (déjà là, au fond) sous le joug de l'autoritarisme numérique, quand bien même il se prend parfois un poil la caméra dans le tapis d'un rythme beaucoup trop lancinant pour son bien.
Si la structure et le tempo ne sont pas encore assurés, la mise en scène comme le propos eux, sont déjà gentiment affûtés, autant dire donc qu'on attend la suite de la carrière du bonhomme avec une certaine impatience.
Jonathan Chevrier