[CRITIQUE] : Egoist
Réalisateur : Daishi Matsunaga
Acteurs : Hio Miyazawa, Ryohei Suzuki, Yûko Nakamura, Iori Wada,...
Budget : -
Distributeur : Art House
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h00min
Synopsis :
Kōsuke travaille pour un magazine de mode. Très soucieux de son apparence, il embauche Ryūta comme coach sportif. Au fil des entraînements, une romance s’installe entre les deux hommes. Mais Ryūta décide de mettre brusquement fin à leur relation et disparaît…
Romance dont le titre apparaît sensiblement sentencieux, tant il suggère avec une certaine brutalité que l'amour ne peut exister sans égoïsme (une question que le film abordera heureusement sans détour, mais surtout sans jamais chercher une réponse facile et superficiel), Egoist, nouveau long-métrage de Daishi Matsunaga qui adapte ici un roman semi-autobiographique de Makoto Takayama, a pourtant tout d'une belle histoire sentimentale dans la même veine que celles concoctées avec une simplicité rare par Ray Yeung, qui tire sa force autant dans la délicatesse des portraits qu'il brosse, que dans la justesse des émotions qu'il fait résonner avec subtilité et une force joliment brute.
Matsunaga conte son histoire avec franchise (jusque dans sa volonté de pointer les limites d'un Japon furieusement conservateur, dont les droits comme la tolérance envers la communauté LGBT+ sont loin d'être aussi pluriels que dans les autres pays membres du G7), à l'image même du naturel qui caractérise comme unit ses deux personnages titres, Kosuke et Ryuta, créant instinctivement une intimité palpable avec eux par son parti pris de mise en scène (le film est entièrement tourné caméra à l'épaule, une petite rareté au cœur de la production nippone), lui dont les gros plans semblent flotter à leur côté pour capturer sans artifice putassier et avec tendresse, la profondeur de leur moindre geste fugace et concis, met en valeur leur humanité comme leurs sentiments.
Simple donc, tant ce n'est pas par la familiarité évidente de son histoire, qui s'offre néanmoins quelques virages surprenants (des retournements que le cinéaste gère avec plus où moins d'habileté, sans pour autant tomber dans le sensationnalisme) que Matsunaga impressionne, mais bien par son refus d'épouser les tics codifiés du cinéma romantique à forte tendance américano-anglo-saxon, en créant sa propre légèreté au plus près des corps et des cœurs, par sa volonté d'accueillir avec authenticité la complexité comme l'immédiateté de ses personnages (où ce n'est pas tant l'amour et le désir qui se font égoïste, mais bien l'angoisse d'entrevoir de trop près les douleurs comme la fragilité de la vie), tout en les laissant gentiment respirer.
Une mise à nu totale où presque, où tout est exprimé (les émotions comme les scènes plus charnels) de manière réaliste, pure et touchante - comme offert au spectateur -, où tout symbolisme apporte joliment de la nuance à des portraits au demeurant joliment denses et empathiques.
Alors certes, si l'écriture n'est jamais réellement à la hauteur de la mise en scène comme de la solide direction d'acteurs de Matsunaga (Ryohei Suzuki et Hio Miyazawa sont excellents), difficile de réellement bouder son plaisir devant Egoist qui, pour un effort de cinéma romanesque, est définitivement loin de l'être.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Hio Miyazawa, Ryohei Suzuki, Yûko Nakamura, Iori Wada,...
Budget : -
Distributeur : Art House
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h00min
Synopsis :
Kōsuke travaille pour un magazine de mode. Très soucieux de son apparence, il embauche Ryūta comme coach sportif. Au fil des entraînements, une romance s’installe entre les deux hommes. Mais Ryūta décide de mettre brusquement fin à leur relation et disparaît…
Romance dont le titre apparaît sensiblement sentencieux, tant il suggère avec une certaine brutalité que l'amour ne peut exister sans égoïsme (une question que le film abordera heureusement sans détour, mais surtout sans jamais chercher une réponse facile et superficiel), Egoist, nouveau long-métrage de Daishi Matsunaga qui adapte ici un roman semi-autobiographique de Makoto Takayama, a pourtant tout d'une belle histoire sentimentale dans la même veine que celles concoctées avec une simplicité rare par Ray Yeung, qui tire sa force autant dans la délicatesse des portraits qu'il brosse, que dans la justesse des émotions qu'il fait résonner avec subtilité et une force joliment brute.
Matsunaga conte son histoire avec franchise (jusque dans sa volonté de pointer les limites d'un Japon furieusement conservateur, dont les droits comme la tolérance envers la communauté LGBT+ sont loin d'être aussi pluriels que dans les autres pays membres du G7), à l'image même du naturel qui caractérise comme unit ses deux personnages titres, Kosuke et Ryuta, créant instinctivement une intimité palpable avec eux par son parti pris de mise en scène (le film est entièrement tourné caméra à l'épaule, une petite rareté au cœur de la production nippone), lui dont les gros plans semblent flotter à leur côté pour capturer sans artifice putassier et avec tendresse, la profondeur de leur moindre geste fugace et concis, met en valeur leur humanité comme leurs sentiments.
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Simple donc, tant ce n'est pas par la familiarité évidente de son histoire, qui s'offre néanmoins quelques virages surprenants (des retournements que le cinéaste gère avec plus où moins d'habileté, sans pour autant tomber dans le sensationnalisme) que Matsunaga impressionne, mais bien par son refus d'épouser les tics codifiés du cinéma romantique à forte tendance américano-anglo-saxon, en créant sa propre légèreté au plus près des corps et des cœurs, par sa volonté d'accueillir avec authenticité la complexité comme l'immédiateté de ses personnages (où ce n'est pas tant l'amour et le désir qui se font égoïste, mais bien l'angoisse d'entrevoir de trop près les douleurs comme la fragilité de la vie), tout en les laissant gentiment respirer.
Une mise à nu totale où presque, où tout est exprimé (les émotions comme les scènes plus charnels) de manière réaliste, pure et touchante - comme offert au spectateur -, où tout symbolisme apporte joliment de la nuance à des portraits au demeurant joliment denses et empathiques.
Alors certes, si l'écriture n'est jamais réellement à la hauteur de la mise en scène comme de la solide direction d'acteurs de Matsunaga (Ryohei Suzuki et Hio Miyazawa sont excellents), difficile de réellement bouder son plaisir devant Egoist qui, pour un effort de cinéma romanesque, est définitivement loin de l'être.
Jonathan Chevrier