[CRITIQUE] : TKT
Réalisatrice : Solange Cicurel
Acteurs : Lanna de Palmaert, Emilie Dequenne, Stéphane De Groodt, Lily Dupont,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge.
Durée : 1h22min
Synopsis :
Alors qu'Emma, 16 ans, une jeune fille heureuse dans sa vie, est admise dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital, ses parents Meredith et Fred attendent anxieusement des nouvelles du médecin. Désemparés, ils prennent conscience que malgré tous les "T'inquiète" de leur fille, ils auraient dû s'inquiéter. Que lui est-il arrivé ? Entre amitiés toxiques, isolement, messages, moqueries et humiliation, la vie d'Emma a rapidement basculé dans une spirale infernale.
À une heure du tout connecté où les réseaux sociaux et leur dépendance accrue sont rois (et pas uniquement sur la frange la plus jeune de la population), il faut vraiment (très) peu de chose pour qu'une jeune existence déraille et vire au cauchemar (et encore plus dans une immédiateté contemporaine où la violence est de plus en plus banalisée), pour que la frontière entre la mauvaise blague - toujours cruelle, même si elle ne mène pas au pire - et le harcèlement se confondent, pour que la perte de confiance conduise à une perte d'envie de tout, même de vivre.
Cette fine frontière, parfois pointer avec une humanité comme une crudité bouleversante, est au cœur de jolis et importants efforts cinématographiques ayant poppés dans les salles obscures ces derniers mois, de L'affaire Abel Trem du talentueux cinéaste hongrois Gábor Reisz au puissant Excursion de la réalisatrice bosniaque Una Gunjak, en passant par le touchant Ollie du frenchy Antoine Besse.
Acteurs : Lanna de Palmaert, Emilie Dequenne, Stéphane De Groodt, Lily Dupont,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge.
Durée : 1h22min
Synopsis :
Alors qu'Emma, 16 ans, une jeune fille heureuse dans sa vie, est admise dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital, ses parents Meredith et Fred attendent anxieusement des nouvelles du médecin. Désemparés, ils prennent conscience que malgré tous les "T'inquiète" de leur fille, ils auraient dû s'inquiéter. Que lui est-il arrivé ? Entre amitiés toxiques, isolement, messages, moqueries et humiliation, la vie d'Emma a rapidement basculé dans une spirale infernale.
À une heure du tout connecté où les réseaux sociaux et leur dépendance accrue sont rois (et pas uniquement sur la frange la plus jeune de la population), il faut vraiment (très) peu de chose pour qu'une jeune existence déraille et vire au cauchemar (et encore plus dans une immédiateté contemporaine où la violence est de plus en plus banalisée), pour que la frontière entre la mauvaise blague - toujours cruelle, même si elle ne mène pas au pire - et le harcèlement se confondent, pour que la perte de confiance conduise à une perte d'envie de tout, même de vivre.
Cette fine frontière, parfois pointer avec une humanité comme une crudité bouleversante, est au cœur de jolis et importants efforts cinématographiques ayant poppés dans les salles obscures ces derniers mois, de L'affaire Abel Trem du talentueux cinéaste hongrois Gábor Reisz au puissant Excursion de la réalisatrice bosniaque Una Gunjak, en passant par le touchant Ollie du frenchy Antoine Besse.
Et c'est dans cette belle lignée que cherche à s'inscrir le tout frais et plus riche en clichetons TKT (T'inquiète) de Solange Cicurel qui, un chouïa malgré lui, subit de plein fouet le jeu des comparaisons certes pas toujours pertinent, mais qui s'avère ici un tant soit peu légitime.
Loin du réalisme viscéral et complexe du cinéma des frères Dardenne (d'ailleurs, impossible de ne pas être touché par la présence ici de feu Émilie Dequenne, pour ce qui marque son ultime rôle à l'écran), et encore plus d'une vision aussi socialement et politiquement affirmée que les exemples cités plus haut, Cicurel privilégie une approche rappelant sous certains traits le méconnu (mais pas forcément mémorable) Invisible de David S. Goyer, à savoir une narration à rebours auprès du fantôme de son héroïne, Emma, victime d'un harcèlement scolaire profondément violent et sexiste, qui l'amènera à tragiquement s'ôter la vie à la suite d'une prise importante de somnifères.
De ce parti pris particulièrement immersif sur le papier (une dissociation qui, bien charpentée, pouvait sensiblement matcher, même dans sa manière un poil outrancière de susciter l'émotion), la cinéaste déroule malheureusement un exposé maladroit - voire pachydermique - dans son désir de sensibiliser coûte que coûte son auditoire, accouchant d'un film de prévention mi-moralisateur, mi-affreusement linéaire à l'exécution rudimentaire, qui a le mauvais ton d'enchaîner les dialogues désincarnés (assénés par une distribution qui l'est tout autant) tout en s'expurgeant méticuleusement d'une authenticité qui lui était pourtant essentielle.
Non, les bonnes (et importantes) intentions ne font pas toujours de bons films...
Jonathan Chevrier
Loin du réalisme viscéral et complexe du cinéma des frères Dardenne (d'ailleurs, impossible de ne pas être touché par la présence ici de feu Émilie Dequenne, pour ce qui marque son ultime rôle à l'écran), et encore plus d'une vision aussi socialement et politiquement affirmée que les exemples cités plus haut, Cicurel privilégie une approche rappelant sous certains traits le méconnu (mais pas forcément mémorable) Invisible de David S. Goyer, à savoir une narration à rebours auprès du fantôme de son héroïne, Emma, victime d'un harcèlement scolaire profondément violent et sexiste, qui l'amènera à tragiquement s'ôter la vie à la suite d'une prise importante de somnifères.
De ce parti pris particulièrement immersif sur le papier (une dissociation qui, bien charpentée, pouvait sensiblement matcher, même dans sa manière un poil outrancière de susciter l'émotion), la cinéaste déroule malheureusement un exposé maladroit - voire pachydermique - dans son désir de sensibiliser coûte que coûte son auditoire, accouchant d'un film de prévention mi-moralisateur, mi-affreusement linéaire à l'exécution rudimentaire, qui a le mauvais ton d'enchaîner les dialogues désincarnés (assénés par une distribution qui l'est tout autant) tout en s'expurgeant méticuleusement d'une authenticité qui lui était pourtant essentielle.
Non, les bonnes (et importantes) intentions ne font pas toujours de bons films...
Jonathan Chevrier