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[CRITIQUE] : Panopticon


Réalisateur : George Sikharulidze
Acteurs : Malkhaz Abuladze, Data Chachua, Salome GelenidzeMaia Gelovani,...
Distributeur : Les Alchimistes
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Georgien, Français, Italien, Roumain.
Durée : 1h35min

Synopsis :
Lorsque le père de Sandro décide de devenir moine orthodoxe, l'adolescent introverti se retrouve livré à lui-même. Il se débat au quotidien pour faire coexister son devoir envers Dieu, son besoin d'amour et son idée de la virilité... Mais comment trouver sa place quand on est sans repère dans une Georgie post-soviétique à la fois si turbulente et si pieuse ?





On ne peut pas vraiment dire que le cinéma georgien soit le plus prolifique qui soit (ni celui à l'avenir le plus serein, mais c'est un tout autre débat résolument plus complexe, qui n'a pas forcément sa place au cœur d'une modeste critique), ni qu'il trouve avec aisance son chemin dans nos salles obscures, le dernier exemple qui nous revient était la comédie dramatique aux doux accents Jarmuschien Brighton 4th de Levan Koguashvili, vrai beau film aussi sensible que caustique sur l'importance de la famille, la solidarité et l'esprit de communauté.

Tout aussi familier sur le papier se fait Panopticon, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste George Sikharulidze (qui s'inspire ici, de sa propre adolescence), coming of age dans la plus stricte définition du genre (et avec une révérence assumée au 400 Coups de Truffaut), sous couvert d'une exploration de la vulnérabilité et de la résilience adolescente, à travers le prisme de l'isolement religieux et d'une virilité abusive.

Soit l'introverti Sandro (excellent Data Chachua), gamin solitaire et pas franchement empathique, livre à lui-même et aux propres contradictions de son quotidien (entre sa nécessité de faire coexister son devoir envers Dieu - sous la pression paternelle -, son besoin d'acceptation et d'amour - pas uniquement physique et charnel -, mais aussi son idée biaisée de la masculinité avec une virilité profondément toxique), alors que son paternel, seule figure adulte d'une famille où la mère est absente, se lance pour objectif de devenir un moine orthodoxe.

Pérégrinations d'un jeune homme troublé et immature aux intentions lubriques, dans une Georgie post-soviétique au nationalisme et à la xénophobie exacerbée (un canevas peu reluisant mais authentique de sa nation), le film se fait une observation à la fois complexe et austère d'une jeunesse aux prises avec leur corps et leurs désirs dans une société qui leur refuse toute introspection, et qui cherche à s'affirmer comme à s'émanciper coûte que coûte.


Un solide premier effort donc, singulier, fascinant et résolument prometteur.


Jonathan Chevrier