[CRITIQUE] : Regarde

Réalisateur : Emmanuel Poulain-Arnaud
Acteurs : Audrey Fleurot, Dany Boon, Ewan Bourdelles, Nicolas Marié,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min.

Synopsis :
Chris et Antoine ont bien du mal à s’entendre depuis leur divorce. Mais, lorsqu’on leur annonce que leur fils de 16 ans est atteint d’une maladie rare, qui va lui faire perdre la vue, ils s’efforcent de mettre leurs rancœurs de côté. Les ex-conjoints embarquent leur fils pour des vacances inoubliables, bien décidés à lui offrir ses plus beaux souvenirs.





Certes, c'est une façon assez simpliste de voir les choses mais à une époque où originalité et créativité au coeur d'une campagne promotionnelle, font rarement bon ménage, elle est peut-être la plus pertinente qui soit : oui, les affiches de films (pas uniquement françaises, soyons honnêtes) sont souvent furieusement évocatrices quant à la qualité fragile du contenu qu'elles sont censées si ce n'est promouvoir (où tout du moins titiller l'intérêt du spectateur d'une manière moins agressive et/où plus maligne que pourrait le faire une bande annonce parfois encore plus générique), au minimum soutenir avec un tant soit peu d'illusion.

En ce sens, celle de la comédie familialo-dramatique Regarde signé Emmanuel Poulain-Arnaud, dont l'annonce du duo vedette Dany Boon/Audrey Fleurot suffisait déjà à incarner un red flag plus puissant encore qu'une tagline " réalisé par Fabien Onteniente ", annonçait sensiblement la couleur : une comédie populaire pantouflarde made in France, matinée d'une bonne couche de pathos (trop) riche en glucose.

Copyright Julien Panié

En ce sens, difficile de ne pas admettre qu'après vision, le film ne contredit pas totalement cette vérité tant il ne prend absolument aucun risque en calquant sa formule sur celle éculée de plusieurs de ses " glorieux " aînés shootés aux bons sentiments (coucou La Famille Bélier,...), où Boon reprend sans effort son costume de Mr. Magoo romantico-candide (qui lui va bien, certes), papa attachant et divorcé d'un gamin atteint d’une maladie rare appelée à lui faire perdre la vue, et qui va tout faire avec son ex pour mettre leurs rancœurs de côté, pour offrir des ultimes vacances inoubliables à leur rejeton, avant que ses yeux ne se perdent inéluctablement dans l'obscurité.

Du velours côtelé donc et pourtant, la mayonnaise prend plutôt bien, que ce soit dans la tendresse jamais feinte que peut avoir Poulain-Arnaud pour des personnages comme pour son histoire, mais aussi sa propension à ne pas trop se laisser aller à un sentimentalisme putassier, jouant la carte d'une sobriété salutaire qui va de pair avec une distribution qui suit scrupuleusement le même tempo - dont un étonnant Ewan Bourdelles.
Un sympathique moment de cinéma donc qui ne quitte jamais la route balisée de la comédie mélodramatique douce et attachante cousue de fil blanc, mais qui s'avère nettement moins anecdotique qu'elle le laissant présager de prime abord.


Jonathan Chevrier